La diffusion du dernier long-métrage « À mon âge, je me cache encore pour fumer » de la réalisatrice Rayhana Obermeyer lors du 34ème Festival International de cinéma Vues d’Afrique n’aura pas laissé indifférent les spectateurs que ce soit par le fond du sujet qui est traité ainsi que par sa forme.
En effet, l’histoire se déroule à Alger en 1995. Le pays traverse une période charnière de son histoire post indépendance qui sera connu comme étant la décennie noire en raison de la violence terroriste. Près de deux cent-cinquante mille personnes sont mortes et ce traumatisme national inspire Rayhana Obermeyer pour aborder la condition des femmes dans le pays. Le sujet est important et c’est l’occasion pour la cinéaste de soulever des sujets qui sont considérés comme des tabous dans la société. Ceci résume en quelque sorte la question du fond.
Au niveau de la forme, le scénario est parfois trop cru et les scènes de nudité dans le hammam dérangent parfois le spectateur au point d’en perdre le contenu du message. L’audace dans le traitement du sujet qui se déroule dans le hammam nous rappelle certaines scènes du film tunisien « Halfaouine, l’enfant des terrasses » de Férid Boughedir réalisé 30 ans plus tôt. Cependant, il est regrettable que ce film dont le sujet aborde différents points de vue concernant la période des années quatre-vingt-dix risque de trouver portes closes dans les cinémas Algériens en raison de sa forme d’autant que le parlé dans le texte s’adresse à ce public qui a besoin d’évacuer les traumatismes de la décennie noire.
Ceci étant, le film reste intéressant et drôle à certains moments, notamment avec la participation de Biyouna qui est bien connu du public pour son franc parlé et sa poigne.
À noter que les scènes extérieures du film ont été tournées en Algérie, alors que les scènes de hammam l’ont été en Grèce avec la participation de femmes figurantes Grecques ayant acceptées de se dénuder pour le film. Les actrices Algériennes sont quant à elles pour la plupart des Franco-Algériennes vivant en France et qui ont pris le risque de dévoiler leurs corps.
À mon âge, je me cache encore pour fumer est en fait une adaptation de la pièce théâtrale qu’a réalisée Rayhana Obermeyer deux ans plus tôt et qui a reçu de bons échos des critiques en France. Avec cette réadaptation pour le grand écran, la réalisatrice livre sans prétention une œuvre cinématographique qui ne laissera personne indifférent.
France, Grèce, Algérie | V.O. Arabe, Français | S.T. Anglais | 2016 | 90min | Couleur | Fiction | Fiction Internationale
Réda Benkoula