Allocution de M. Ali Benflis, Président de Talaie El Houriyet, à l’occasion de la clôture de la troisième session du Comité Central du Parti.
Zéralda, le 7 Janvier 2017
Mesdames et Messieurs les membres du Bureau Politique ;
Mesdames et Messieurs les membres du Secrétariat National ;
Mesdames et Messieurs les membres du Comité Central.
Mesdames et Messieurs les représentants des médias nationaux et internationaux.
Il n’y a pas meilleure manière pour moi de clôturer cette session qu’en rendant hommage à Mesdames et Messieurs les membres du Comité Central pour leur présence et la qualité de leur participation aux travaux de ces importantes assises qui sont appelées à constituer une date marquante dans l’Histoire de Talaie El Hourriyet.
Nos débats ont été riches et féconds. Ils ont été francs et ouverts. Ils ont porté la marque profonde de la rigueur, de la sérénité et de la lucidité.
Vous ne vous êtes pas laissé entrainer dans des débats périphériques, dans des querelles subalternes ou dans des polémiques dérisoires.
Le régime politique en place a voulu nous mettre hors sujet par tous les moyens et, par tous les moyens, il a voulu nous entrainer vers son terrain de préférence, le terrain de la diversion. Vous lui avez signifié de la manière la plus nette et la plus claire que vous ne succombiez pas à la diversion et que vous refusiez d’être mis hors sujet. Et quel est ce sujet ? C’est l’impasse politique qui s’aggrave en dépit des dénégations du régime politique en place ; c’est la grande crise économique qui demeure sans prise en charge et sans traitement. C’est l’inquiétante montée des tensions sociales dont nul ne peut prédire les répercussions.
Le jour où ces véritables sujets seront posés sur la table nous serons les premiers à répondre présents. Le jour où se réalisera le sursaut national exigé par la prise en charge et le traitement de ces sujets nous serons aux premiers rangs de ce sursaut collectif. Et le jour où la prise en charge et le traitement de ces véritables sujets exigeront les efforts et les sacrifices de tous, nous serons à l’avant garde pour consentir les nôtres.
Hélas, le régime politique en place se complait dans le déni des réalités et refuse obstinément de reconnaitre que l’Algérie est dans une impasse politique totale et que cette impasse politique totale est le produit d’une crise de régime manifeste. Hélas, aussi, le régime politique en place donne l’illusion qu’il maitrise la crise économique et qu’il est le seul à pouvoir la résoudre alors même qu’il en assume la responsabilité directe et qu’il est dépassé par sa complexité et par son ampleur. Hélas, enfin, le régime politique en place n’a rien trouvé de mieux pour conjurer la montée des tensions sociales que les complots extérieurs et la main de l’étranger.
Le régime politique en place s’exonère de ses responsabilités directes quand il le veut et comme il l’entend parce que nul ne peut mettre en cause sa responsabilité, parce qu’aucun contrôle ne s’exerce sur lui ; et parce qu’il n’a de compte à rendre à personne.
Dans mon allocution à l’ouverture de vos travaux, j’ai souligné devant vous que le régime politique en place n’avait qu’un seul et unique but- sa survie- et qu’au service de la réalisation de cet objectif, il avait mis la stratégie qu’il maitrise le mieux celle du gain de temps, de la fuite en avant et de la diversion.
Souvenez-vous avec moi.
Lors des dernières élections présidentielles, le régime politique en place a prétendu qu’avec sa reconduction, l’Algérie allait vivre l’apothéose de la stabilité, de la prospérité et du progrès. Chacun d’entre nous peut constater ce qu’il est advenu de cette promesse au vu de la situation tragique dans laquelle se trouve notre pays ; un pays devenu source d’inquiétude et d’angoisse à l’intérieur et source de dérision ou de commisération à l’extérieur.
Puis est venu le tour de la révision constitutionnelle de nous être présentée comme la trouvaille miraculeuse par laquelle notre pays deviendrait une démocratie exemplaire et un modèle admiré de l’Etat de droit. Là, également, chacun d’entre nous peut constater ce qu’il est advenu de cette autre promesse au vu de la régression démocratique qui continue et du non droit qui gagne en ampleur.
Aujourd’hui, ce sont les élections législatives qui nous sont présentés comme une opération normale devant se dérouler dans un pays normal alors même qu’il n’y a rien de normal dans cette opération comme il n’y a rien de normal dans la situation que connait notre pays.
Vous pouvez scruter cette échéance législative de tous les côtés, vous ne lui trouverez aucun sens.
Cette échéance législative aurait pu avoir un sens si elle s’était inscrite dans une démarche plus large visant à sortir le pays de l’impasse politique dans laquelle il se débat, à apporter une solution à la crise de régime dont il paye des coûts politiques, économiques et sociaux exorbitants et à le mettre, enfin, sur la voie de la modernisation du système politique national.
Cette échéance législative aurait eu un sens si elle avait été conçue comme un pas vers le rassemblement de toutes les forces vives du pays autour de cet objectif qui prime sur tous les autres, celui du règlement des crises politiques, économiques et sociales que le régime politique en place ne pourra pas résoudre seul quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse.
Cette échéance législative aurait eu un sens si elle avait été un pas – même un petit pas- en direction d’un régime d’équilibre des pouvoirs et une brèche –même une petite brèche- dans ce régime de concentration des pouvoirs réfractaire à tout contrôle, à toute reddition des comptes et à toute sanction.
Cette échéance législative aurait eu un sens, si une institution légitime allait succéder à une institution en déficit notoire de légitimité. La légitimité étant le dernier souci de nos gouvernants, l’appareil politico- administratif fera la décision ; la politique des quotas électoraux sévira une fois de plus ; et une nouvelle institution législative aux ordres émergera dont l’opposition s’échinera à perturber – sans trop d’illusion- son alignement sur les mêmes donneurs d’ordre.
Cette échéance législative aurait eu un sens, si une nouvelle institution performante allait prendre la place d’une institution dont la non performance est décriée de toutes parts. Comme ses devancières, la nouvelle institution marchera au pas ; elle obéira aux ordres ; et elle se signalera par l’indigence du nombre de lois adoptées, par l’absence de propositions de lois et par la peur d’initier quelque commission d’enquête que ce soit par crainte de déplaire à ceux qui ont fait d’elle ce qu’elle est.
Enfin, cette échéance législative aurait eu un sens si elle avait eu pour but de remettre le peuple algérien au centre de la compétition politique dont il serait le seul juge. Malheureusement cela ne sera pas le cas. Notre peuple sait parfaitement qu’il n’a pas voix à ce chapitre là, que d’autres s’arrogeront ce droit qui n’appartient qu’à lui et qu’à sa place ils prononceront un jugement qui ne revient qu’à lui.
Vous venez de décider, Mesdames et Messieurs les membres du Comité Central, la non participation de Talaie El Hourriyet, à cette échéance législative. Pourquoi ? Parce que tout simplement la grande majorité d’entre vous a été convaincue que de tous ces sens et de toutes ces significations qu’elle aurait pu avoir, la prochaine échéance législative n’en avait aucun.
Notre Parti ne témoignera donc pas que cette échéance électorale est une échéance normale dans un pays normal. Il ne témoignera pas que le respect formel et routinier, de cette échéance est plus important que l’impasse politique dont le régime politique en place veut détourner notre attention, plus important que la crise économique qu’il ne sait ni comment prendre en charge ni comment traiter et plus important que la périlleuse instabilité sociale contre laquelle, il ne sait comment prémunir le pays. Notre Parti ne témoignera pas, enfin, que le ravalement et l’embellissement de la devanture du régime politique en place par des élections faussées est un exercice démocratique, et qu’ils suffisent pour nous faire prendre pour un système démocratique un système qui n’en a que le nom et pour nous faire prendre un Etat de non droit pour un Etat de droit qui n’existe pas.
Notre parti ne participera pas à la prochaine échéance législative mais il ne restera pas les bras croisés. Nous n’assisterons pas en spectateurs au déroulement d’une feuille de route que le régime politique en place a conçu pour gagner du temps et qui fait perdre le sien au pays. Nous ne prendrons pas un congé politique et nous continuerons à investir le champ politique avec la même force et la même détermination.
Et que ferons-nous ?
Nous continuerons à dire à notre peuple une première vérité et cette première vérité est que les élections à venir ne résoudront en rien l’impasse politique actuelle qui menace l’Etat national dans son intégrité et dans sa pérennité.
Nous continuerons à dire à notre peuple une seconde vérité et cette seconde vérité est que les élections à venir ne seront d’aucun apport au règlement de la crise économique d’où pourront venir, à Dieu ne plaise, les atteintes les plus graves à l’indépendance et à la souveraineté de la Nation.
Nous continuerons à dire à notre peuple une troisième vérité et cette troisième vérité est que les élections à venir ne pourront en rien aider à conjurer la montée des tensions sociales qui conduiront notre pays vers un saut dans l’inconnu.
Chaque jour, le régime politique en place expose devant nos yeux incrédules une facette de son incapacité à prendre en charge ces crises politique, économique et sociale.
Dès lors, et pour s’exonérer de ses responsabilités directes dans ces crises qui perdurent et s’aggravent, le régime politique en place désigne comme un bouc émissaire commode des complots extérieurs et la main de l’étranger. Laissez-moi vous dire que les complots extérieurs et la main de l’étranger sont un thermomètre et ce thermomètre là prend la mesure de la fièvre de l’impuissance, de la panique et du désarroi lorsque des régimes autoritaires en sont atteints.
Lorsque le régime politique en place veut nous faire croire qu’il y a un complot extérieur ou une main de l’étranger derrière chaque problème qu’il n’arrive pas à résoudre, il ne mesure pas la gravité et le caractère inconsidéré et irresponsable de ses propos. En effet, si des complots extérieurs sont ourdis sur notre sol et si la main étrangère pouvait nous créer des problèmes politiques, économiques et sociaux à sa guise cela signifierait que les défenses immunitaires du pays ont cédé et que le mur protecteur de notre sécurité nationale n’est pas si étanche.
De tels propos sont contraires à la vérité. L’Armée Nationale Populaire et toutes les autres forces de sécurité sont les gardiens vigilants des défenses immunitaires du pays.
Aucun complot extérieur et aucune main étrangère n’a fait vaciller ces boucliers de la République. Nos forces armées et nos forces de sécurité s’acquittent de leurs missions nationales de manière admirable. Nous n’apprécierons jamais assez tous les sacrifices sans limites que ces forces consentent pour sécuriser nos frontières orientales et méridionales et pour déjouer toutes les menaces terroristes qui sévissent encore sur notre sol.
Notre Armée n’est pas une armée comme une autre à nos yeux. Nous ne pouvons pas porter sur elle un regard dépourvu de reconnaissance et de gratitude. Elle tient une place dans nos cœurs car nous ne cesserons jamais de voir en elle la digne héritière de la glorieuse ALN.
Notre Armée est l’armée du peuple dont elle émane directement. Elle est l’Armée de la République et elle est le premier garant de son indépendance et de sa souveraineté. Et cette Armée n’est pas forte seulement de par les capacités matérielles dont elle dispose, de par sa maitrise technologique ou de par son professionnalisme à toute épreuve. Elle est essentiellement forte du consensus national dont elle sait qu’elle bénéficie au sein de notre peuple.
Face à la menace sécuritaire, notre armée et nos forces de sécurité font leur devoir avec courage, confiance et résolution. Mais il reste toutes les autres menaces politiques, économiques et sociales qui pèsent sur notre pays. Ces menaces ne viennent pas de l’extérieur, elles existent à l’intérieur de nos frontières et c’est d’elles que notre pays a le plus à craindre.
Un pays en situation d’impasse politique totale et dont l’Etat et les institutions sont affaiblis est un pays menacé. Un pays en situation de grande vulnérabilité économique est un pays menacé. Et un pays où les tensions sociales montent à une cadence irrefrenée est un pays menacé.
C’est une introspection sage et lucide qui nous commande impérativement de reconnaitre que ces menaces intérieures sont les plus dangereuses et les plus graves pour notre pays.
Inversons la thèse et sachons reconnaitre aussi qu’un pays qui se met dans un tel état de vulnérabilité est précisément le pays qui se livre pied et poing liés à l’ingérence ou à l’interférence extérieures.
Sachons reconnaitre enfin que jamais notre pays n’a connu un tel état de faiblesse et de vulnérabilité depuis son indépendance ; qu’il n’a jamais été confrontés à des défis aussi sensibles et aussi déterminants ; et qu’il n’a jamais connu semblable situation d’irrésolution et de manque de réactivité face à ces défis.
Si notre pays passe par des moments dont la gravité n’échappe à personne, il dispose de capacités et de ressources certaines pour les surmonter avec succès et repartir de l’avant.
Pour cela, il ne nous faut pas avoir peur du changement et du renouveau. Il nous faut savoir refuser toutes les tentatives d’intimidation et d’infantilisation qui consistent à nous faire croire que le renouveau est toujours périlleux, que la réforme est synonyme d’anarchie et que le changement s’effectue toujours vers le pire et jamais vers le meilleur.
Nous voulons le changement, nous voulons le renouveau et nous voulons la réforme pour notre pays. Nous voulons tout cela pour notre pays pour une seule raison et cette raison est que son intérêt vital le commande impérativement. Nous continuerons de toutes nos forces et avec la dernière énergie à agir dans ce sens. Ce changement, ce renouveau et cette réforme nous les voulons ordonnés, consensuels, graduels et apaisés.
C’est ce changement là que le pays attend et que le régime politique en place refuse en mettant fébrileusement en avant l’épouvantail du printemps arabe.
A ce propos, voilà ce que j’ai affirmé à une agence de presse arabe qui m’interrogeait à ce sujet il y a de cela deux semaines « ce que l’on a appelé le printemps arabe, ai-je déclaré, nous a administré beaucoup de leçons ; et parmi ces leçons dont chacun d’entre nous devrait s’instruire, il y en a une, la plus importante à mes yeux, que je résume en une seule question : que resterait-il à la réforme, au changement et au renouveau si la violence emporte le pays, qu’elle le réduit à un champ de ruines et de désolation, qu’elle occasionne des hécatombes et fait des hommes des refugiés à l’extérieur ou sur leur propre terre et qu’elle aboutit à l’effondrement du pays tout entier, à l’effritement de la même Nation et aux déchirements dans une même société ».
Oui notre société a assurément besoin du changement et du renouveau dans l’exercice du pouvoir, dans la conception de la relation entre les gouvernants et les gouvernés et dans la réhabilitation de la citoyenneté véritable. Le but de tout cela, néanmoins n’est pas de casser mais de bâtir ; il est de corriger les dysfonctionnements et non de les faires dégénérer ; et il est d’avancer et non de reculer.
Ce sont ces raisons qui sont à la source de notre attachement à un changement démocratique qui s’effectue à travers le rassemblement de toutes les forces, de toutes les capacités et de toutes les ressources de la Nation : un changement démocratique qui se réalise par le dialogue et dans l’entente ; et un changement qui ne saurait être que graduel, apaisé et sans les ruptures violentes ou brutales dont notre peuple ne veut pas parce qu’il en a longuement souffert jusqu’à un passé récent.
Le remplacement d’un système politique défaillant par la terre brûlée ne sera jamais notre choix. Le règlement des problèmes politiques par des moyens autres que pacifiques n’est pas dans nos méthodes. La logique du vainqueur et du vaincu nous est totalement étrangère car nous sommes les enfants d’une seule et même Nation, d’une seule et même société et d’un seul et même Etat national que nous n’acceptons pas de voir vulnérable et affaibli et pour lequel nous avons les ambitions les plus élevées et les rêves les plus grands.
Nous devons remettre l’unité nationale au cœur de la riposte de notre pays à toutes les crises qui l’assaillent et le fragilisent de jour en jour. Nous ne pourrons pas venir à bout de tous les défis que ces crises induisent en rangs dispersés.
Nous ne pourrons pas relever ces défis si chacun d’entre nous opte pour le repli sur soi et pense que ces défis ne sont pas son affaire mais seulement l’affaire des autres. Nous ne pourrons pas relever ces défis si chacun d’entre nous se donne pour première priorité de défendre ses intérêts propres même au prix de la mise en péril de l’intérêt général.
Et dans la même perspective nous ne pourrons pas aider l’Etat national à se relever sans regarder en face les causes profondes de son affaiblissement qui ne se trouvent nulle part ailleurs que dans un système politique à bout de souffle. Nous ne pourrons pas aider notre Nation à retrouver son unité et sa cohésion sans un traitement courageux et résolu de tous les facteurs de division que ce même système politique a générés son sein.
Nous ne pourrons pas aider notre société à retrouver sa vitalité et à sortir de sa désespérance sans lui donner de nouvelles ambitions et de nouveaux motifs d’espoir.
Ces nouvelles ambitions, nous ne pourrons les concevoir et les réaliser ensemble que dans l’unité nationale préservée. Ces nouveaux motifs d’espoir nous ne pourrons les faire revivre en nous que dans l’unité nationale raffermie.
La grandeur d’une Nation comme la nôtre se révèle face aux grands défis et la résilience d’un grand peuple comme le nôtre se révèle en les surmontant.
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