Une nouvelle étude montre qu’en matière de bien-être financier, le ciel est bleu, mais des tempêtes sont à prévoir. Les Canadiens manquent de discipline dans la gestion de leurs dettes et comptent augmenter leurs dépenses avec la reprise économique.

Malgré les défis économiques entraînés par la COVID-19, la pandémie semble avoir été une aubaine financière pour des millions de travailleurs canadiens qui sont restés salariés depuis mars 2020, mais ces gains pourraient être menacés.

Les travailleurs à domicile ont pu éviter des dépenses importantes. Les déplacements au travail, la garde des enfants et les nombreuses dépenses discrétionnaires, comme les sorties au cinéma, les événements sportifs ou les repas au restaurant, ont pratiquement disparu. Résultat : Beaucoup d’entre eux sont en meilleure posture financière qu’avant. D’ailleurs, selon le sondage annuel de l’Association canadienne de la paie auprès des travailleurs canadiensi en 2021, 53 % d’entre eux ont pu épargner davantage que l’an dernier et ils sont moins nombreux (36 %) à vivre d’un chèque de paie à l’autre qu’à n’importe quel moment au cours des 13 dernières années. C’est particulièrement vrai pour les Québécois, qui sont les moins susceptibles (27 %) de vivre d’un chèque de paie à l’autre comparativement aux habitants des autres provinces.

Aujourd’hui, alors que les bureaux s’apprêtent à rouvrir et que les règles qui nous ont permis de réduire nos dépenses discrétionnaires commencent à s’assouplir, la question est de savoir si les gains réalisés pendant la pandémie vont céder la place à une « nouvelle normalité », synonyme de retour aux dépenses excessives et de surutilisation du crédit.
« Pour les Canadiens, ce moment entre la « réalité COVID » et la « nouvelle normalité » est un tournant critique en matière de bien-être financier, déclare Peter Tzanetakis, président de l’Association canadienne de la paie. Si certains des comportements qui nous ont été imposés pendant le confinement ne sont pas transformés en habitudes – et notre sondage montre que pour beaucoup, cela ne sera pas le cas -, les travailleurs canadiens pourraient de nouveau se heurter au stress d’un endettement croissant et du fait de vivre d’un chèque de paie à l’autre. »

UN PRÉSENT RADIEUX : AMÉLIORATION DE LA SITUATION FINANCIÈRE POUR BEAUCOUP
L’un des facteurs contribuant à l’amélioration apparente de la situation financière des travailleurs canadiens est une diminution marquée des dépenses. Ainsi, 71 % des travailleurs canadiens ont indiqué dépenser actuellement moins que leur salaire net au cours d’une période de paie habituelle, un sommet historique et une augmentation de 11 % depuis 2019. Cette proportion s’élève à 79 % chez les travailleurs québécois, soit 8 % de plus que la moyenne nationale. Il s’agit du pourcentage le plus élevé par rapport aux autres provinces.
Cette baisse des dépenses a permis aux travailleurs canadiens d’épargner davantage et d’accroître leur résilience financière. Plus de 40 % ont indiqué qu’ils consacraient plus de 10 % à l’épargne, contre 34 % en 2019. Cette proportion s’élève à 45 % dans le cas des travailleurs québécois.
De même, 79 % indiquent disposer d’une somme de 2 000 $ en cas d’urgence, (75 % pour les travailleurs québécois) et 48 % déclarent pouvoir faire face à une dépense imprévue allant jusqu’à 20 000 $ (42 % pour les travailleurs québécois).
Bien que ces signes soient encourageants, il est important de noter que la pandémie a permis aux Canadiens d’augmenter leur épargne. Lorsqu’on leur a demandé comment ils ont réussi à épargner davantage cette année, 51 % d’entre eux ont affirmé que la réduction des dépenses liées au travail avait contribué à ce résultat, et 72 % ont mentionné la réduction des dépenses discrétionnaires comme un facteur clé.

NUAGES SOMBRES : AUGMENTATION DES DÉPENSES ET PLAFONNEMENT IMMINENT DE LA DETTE
En dépit de la situation actuelle, il y a de sérieuses raisons de s’inquiéter, surtout en raison de l’empressement des travailleurs canadiens à augmenter considérablement leurs dépenses discrétionnaires et de leur capacité à gérer leurs dettes.
Pour ce qui est des dépenses au moment de la reprise de l’économie, les résultats du sondage sont clairs : 68 % d’entre eux ont déclaré vouloir augmenter leurs frais de déplacement pour atteindre les niveaux prépandémiques, et 57 % comptent dépenser au même niveau qu’avant la pandémie pour les activités sociales. Cela peut être particulièrement préoccupant pour les travailleurs québécois, qui comptent dépenser davantage pour des activités sociales dans une proportion de 61 %, soit le pourcentage le plus élevé par rapport aux travailleurs des autres provinces. En outre, 37 % des travailleurs canadiens estiment que la possibilité de maintenir leurs habitudes d’épargne après la COVID est peu probable.
« La reprise économique repose sur une augmentation des dépenses, alors dépenser n’est pas une mauvaise chose, explique M. Tzanetakis. Le risque, en termes de bien-être financier des travailleurs canadiens, est que les gens dépensent au-delà de leurs moyens. Si dépenser signifie abandonner complètement l’épargne ou accumuler des dettes à long terme ou à taux d’intérêt élevé, les gains réalisés pourraient rapidement être annulés. »
De nombreux travailleurs canadiens admettent être toujours aux prises avec l’endettement. Par exemple, une personne sur dix ayant une dette de carte de crédit déclare qu’il lui faudra plus de cinq ans pour la rembourser, et 35 % pensent qu’il leur faudra entre un et cinq ans. Cette lutte pour rembourser leurs dettes a un effet direct sur leur capacité à améliorer leur situation financière par l’épargne. À l’heure actuelle, 43 % admettent que le fait d’effectuer le paiement minimum de leurs dettes les empêche d’économiser. Le même pourcentage de participants affirme se sentir « submergés par les dettes ».
Des signes inquiétants relatifs à l’inflation et aux frais d’habitation sont étroitement liés à la menace du plafond de la dette. Les frais d’habitation (56 %) et l’augmentation des intérêts sur les prêts hypothécaires (55 %) sont deux des trois principales préoccupations économiques des Canadiens. Ces chiffres sont plus bas chez les travailleurs québécois, qui s’inquiètent des frais d’habitation et de l’augmentation des taux hypothécaires dans une proportion de 39 % et 43 %, respectivement. Néanmoins, comme plus d’un travailleur canadien sur cinq admet consacrer plus de 50 % de son revenu au logement, il sera important de garder à l’esprit les hausses inévitables des taux d’intérêt à l’avenir.

LA PRÉVENTION DU STRESS FINANCIER EST UN IMPÉRATIF POUR LES ENTREPRISES
Au-delà des impacts personnels, le sondage de l’Association canadienne de la paie révèle que les travailleurs soumis à un stress financier sont distraits, moins productifs et plus susceptibles de quitter leur emploi. Même si les finances personnelles se sont améliorées pour un grand nombre d’entre eux en 2020 et 2021, 30 % des participants indiquant subir un stress financier ont déclaré que ce stress diminuait leur motivation au travail, et 16 % ont déclaré avoir été poussés à chercher un nouvel emploi.
La bonne nouvelle est qu’il existe des mesures concrètes permettant aux entreprises d’améliorer et de préserver le bien-être financier de leurs employés. La première chose à faire est de mettre en place un programme Payez-vous d’abord qui permet aux employés de demander à leur service de paie de verser automatiquement une partie de leur salaire dans un compte d’épargne.
De plus, les chefs d’entreprise peuvent favoriser le bien-être financier en renforçant la confiance des employés dans leur service de paie, leurs processus et leurs systèmes. Des services de paie dotés de professionnels qualifiés qui assurent le versement des salaires avec exactitude et régularité permettent aux employés de planifier efficacement et de respecter leurs obligations financières.

Source : paie.ca
_______________________ i Le 13e sondage annuel de l’Association canadienne de la paie auprès des travailleurs canadiens a été mené en ligne du 27 mai au 18 juin 2021 auprès de 5 389 travailleurs canadiens (dont 90 % d’employés à temps plein) issus du bassin de répondants de Framework Analytics. Le sondage comporte une marge d’erreur de plus ou moins 1,4 %, 19 fois sur 20, sans toutefois que la méthodologie non probabiliste utilisée permette d’établir une marge d’erreur définitive.
SOURCE Association canadienne de la paie

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