Récipiendaire de sept prix et renommée pour son précédent court métrage intitulé : cherche femme forte, la réalisatrice, Marilyn Cooke, nous revient en force avec un troisième court métrage abordant le sujet de la mort. Plusieurs la perçoivent comme étant un sujet délicat et triste. Aux yeux de notre scénariste, elle est tout sauf cela! La cinéaste a réussi l’exploit de naviguer dans cet univers en employant un ton humoristique. Étant préoccupée par l’idée qu’un corps puisse toujours habiter un défunt, celle-ci s’est entretenue avec un intervenant de la morgue. Ce dernier l’a rassuré en lui nommant qu’il prendrait soin et veillerait sur cet être qui vient de rendre l’âme. C’est de là qu’a pris naissance son film.

Pas de fantôme à la morgue raconte l’histoire de Keity Richardson, une étudiante en médecine, souhaitant marcher sur les traces de sa mère et de sa grand-mère et devenir chirurgienne.

Après avoir vécu le décès d’un patient au bloc opératoire comme étant un échec, notre protagoniste se voit donc contrainte d’accepter un stage à la morgue afin de faciliter son entrée à l’école de médecine. Cet apprentissage ne sera pas de tout repos! Les échanges avec sa collègue atypique ne faisaient qu’empirer la situation. Dès sa première journée, Keity a eu un sentiment de déjà-vu, a voulu abandonner et s’est demandé si la pathologie, cette branche de la médecine, était réellement faite pour elle. À travers les scènes familiales, plus précisément dans celle où elle échange avec sa mère, nous pouvions ressentir qu’une dualité l’habitait et l’hésitation dans le timbre de sa voix. Arrivera-t-elle au bout de ses peines?

Cette manière innovatrice d’humaniser la mort et de faire des liens avec les relations familiales lui a valu une présentation au Toronto International Film Festival en septembre dernier et nous a permis de le voir au grand écran dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma. Tout comme le signe de l’infini symbolisant l’extrémité sans fin, il est primordial de célébrer nos êtres chers et d’honorer la mémoire des personnes qui nous ont marqué et qui ont laissé leur empreinte. Sur ces civières, sont allongé des êtres humains dont l’existence mérite d’être soulignée. Avoir la chance de mourir en dignité est l’un des plus beaux cadeaux que nous pouvons offrir. Voilà tout l’importance de revoir notre rapport avec cette dernière. Elle est un passage d’un monde à l’autre et une étape du cycle de la vie. Le personnage principal a été en mesure de se soumettre à cet exercice à la fin du court métrage lorsque cette dernière a rêvé de sa grand-mère et lui a souligné qu’elle devait dorénavant suivre son chemin. Cela s’est avéré être l’élan d’espoir dont elle avait besoin pour se faire confiance et lui permettre de donner un tout nouveau sens à la mort. Keity a finalement trouvé sa place. Cette séquence se termine avec l’esquisse d’un sourire. La nuit porte réellement conseil.

Comme l’a si bien dit Dr Rouleau au début du film, « ça arrive que des étudiants changent de spécialité après quelques semaines. » Il n’avait pas tort après tout! Cela nous rappelle qu’il n’est jamais trop tard pour suivre sa voix après l’avoir trouvé. La scénariste est sur son X et n’a pas dit son dernier mot!

Mélissa Jean-Baptiste

Read previous post:
Italia, le feu, la cendre, le film de Céline Gailleurd et Olivier Bohler pose un nouveau regard sur le cinéma muet italien

En première nord-américaine à la 51e édition du Festival du Nouveau Cinéma de Montréal, le long métrage documentaire des réalisateurs...

Close