Entre risques démographiques et opportunités technologiques, le Québec doit se préparer à des changements majeurs.

Un million de travailleurs auront pris leur retraite entre 2015 et 2024 au Québec. En 2030, il y aura 140 000 travailleurs de moins et 630 000 retraités de plus. L’accélération de notre inévitable défi démographique se vivra en parallèle à la montée de l’automatisation, de la robotisation et des nouveaux modèles d’affaires. Ces changements pourraient s’avérer un véritable choc pour notre société. On pourrait assister à l’élimination, à la réduction et à la réaffectation partielle ou totale de 1,4 M de postes au Québec d’ici 2030. L’Institut du Québec (IdQ) dévoile aujourd’hui un rapport réalisé par le géo-économiste et prospectiviste Éric Noël qui se penche sur ces questions déterminantes pour l’avenir du Québec.

« Malgré les incertitudes à l’égard de la progression et du succès des technologies en milieu de travail et bien que l’intelligence artificielle et les robots connaîtront des ratés, l’effet inéluctable qu’aura les changements technologiques sur l’employabilité des Québécois et sur la compétitivité de leurs organisations à long terme sera important et se ressentira partout, a déclaré le chercheur Éric Noël, auteur de l’étude. On parle ici des PME, des agences gouvernementales en passant par les syndicats et les professionnels hautement scolarisés. Personne ne sera à l’abri des conséquences des technologies dites « intelligentes », et le secteur des services et tout métier routinier deviendront rapidement « préoccupants. »

En effet, toutes les tâches qui concernent un certain niveau de répétitions, que ce soit dans le secteur manufacturier ou des services, risquent de disparaître ou d’être profondément modifiées par la robotisation et l’automatisation. Résultat : ce sont des centaines de milliers d’emplois qui risquent d’être touchés au Québec.

« Si une partie de la réponse à la pénurie de main-d’œuvre à venir résidera dans les nouveaux outils numériques, ces changements ne se feront toutefois pas sans friction, prévient Jean-Guy Côté, directeur associé de l’IdQ. Il y aura inévitablement des perdants et, comme le soutient l’auteur, le débat du futur ne se fera plus entre les nantis et les moins nantis, mais plutôt entre ceux qui peuvent travailler et ceux qui ne peuvent pas travailler. »

Les métiers nécessitant un travail cognitif non-routinier seront un peu plus à l’abri des robots et des logiciels intelligents. Ce genre de tâches et d’aptitudes sont déjà fort présentes dans 30% des emplois au Québec. Il est difficile de prévoir correctement les répercussions positives que l’automatisation, la robotisation et l’intelligence artificielle auront sur le monde du travail, y compris la création de nouveaux métiers, l’amélioration de la qualité et de la productivité du travail (générant richesse et emplois), ou des assouplissements des conditions de travail.

« Ces nouveaux emplois ne remplaceront pas parfaitement les emplois détruits, notamment au niveau de la stabilité ou de la rémunération totale, par exemple, affirme M. Noël. Ils exigeront des personnes aux compétences différentes, donc des enseignements différents, ils offriront des salaires différents et seront même parfois dans des villes différentes. ».

Quelques pistes d’action

Dans ce rapport, l’auteur et l’IdQ proposent des pistes d’actions et des politiques publiques qui pourraient favoriser une meilleure transition vers cette nouvelle économie au Québec:

*             Pour les travailleurs à risque de chômage technologique, on pourrait envisager une hausse des cotisations au régime d’assurance-emploi pour permettre des périodes de prestations prolongées favorisant le recyclage professionnel;

*             Accroître le niveau de participation aux études universitaires des jeunes Québécois dans des domaines qui misent sur l’économie numérique, tout en informant les candidats des progrès des automates et même contingenter les formations dans les secteurs à risque de « non-employabilité future »;

*             Colliger plus de données sur les apprentissages en milieu de travail et sur les dépenses en formation afin de mieux comprendre et stimuler l’investissement en capital humain;

*             Envisager la formation continue des adultes grâce à des comptes individuels permanents dans lesquels les personnes pourraient cumuler et afficher toute leur vie leurs acquis de formation, épargner pour leurs études et recevoir du soutien financier à cette fin à tout âge;

*             Créer au sein des organisations une banque de temps cumulé par employé à des fins de formation continue ou de recyclage professionnel;

*             Les collèges, universités et autres fournisseurs de formation pourraient proposer des programmes plus courts, plus fréquents et à distance ciblant les compétences nouvelles qu’exige la révolution numérique;

*             Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur et les ordres professionnels devraient reconnaître ces nouveaux apprentissages et leurs équivalences.

Le rapport Automatisation, nouveaux modèles d’affaires et emploi : une prospective québécoise est disponible sur le site www.institutduquebec.ca .

SOURCE : Institut du Québec

 

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