Aux frontières de nos rêves est un évènement discographique qui réunit trois des plus grands artistes canadiens, soient l’Orchestre du Centre national des Arts (OCNA) et son chef Alexander Shelley, le pianiste Alain Lefèvre et le compositeur Walter Boudreau. Les œuvres réunies sur cet enregistrement racontent des histoires en musique, évoquant de façon saisissante les personnages, les lieux et les époques qu’elles dépeignent.

Une de ces œuvres, enregistrée en première mondiale, est Le Concerto de l’asile qui est né d’une valse de cinq minutes que Walter Boudreau a écrite pour une production scénique de L’Asile de la pureté de Claude Gauvreau. C’est à la requête d’Alain Lefèvre que Walter Boudreau a composé initialement une version pour piano de cette valse et, par la suite, un concerto basé sur la valse originale.

« Ma rencontre avec Walter Boudreau fut l’une des plus marquantes de ma carrière. Pour avoir travaillé avec de grands compositeurs tels John Corigliano et Henri Dutilleux, dès les premières mesures de son Concerto de l’asile, j’ai su que j’étais devant une œuvre magistrale qui marquera l’histoire de la musique contemporaine. Inspirée de la pièce de théâtre L’Asile de la pureté de Claude Gauvreau, sublime allégorie des tourments d’une âme perdue, celle-ci atteint ici des sommets musicaux à la fois rêveurs et dantesques », dit Alain Lefèvre.
Alexander Shelley, directeur musical de l’OCNA, ajoute : « Cette pièce a été écrite pour le soliste Alain Lefèvre qui, par le truchement de la partie de piano aux exigences techniques vertigineuses, personnifie le poète québécois, véritable phénomène littéraire qui trouve finalement sa rédemption dans la mort qui le transfigure. »
Pour le compositeur, ce concerto est un hommage au dramaturge et poète montréalais Claude Gauvreau (1925-1971), lui qui a pris part à la rédaction du manifeste Le refus global, publié il y a 70 ans cette année (duquel s’inspire le titre de cet album : « Les frontières de nos rêves ne sont plus les mêmes »).
Walter Boudreau précise : « Ce concerto relate en quelque sorte le porte-à-faux entre l’univers poétique visionnaire de Gauvreau (le piano) et la société obscurantiste de l’époque, incarnée par l’orchestre. Devant cette incompréhension et possiblement, selon le poète, l’échec de toute véritable communication, ce dernier a développé une poésie « sonore », sorte de langage onomatopéique qu’il décrivait comme exploréen. »
« Les titres des mouvements 1 (Les oranges sont vertes) et 3 (La charge de l’orignal épormyable) font référence à des œuvres de Gauvreau destinées au théâtre, tandis que celui du 2e mouvement (St-Jean-de-Dieu) rappelle l’asile pour aliénés mentaux où il a été interné à quelques reprises et qui s’est transformé depuis en l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, situé dans l’est de la ville », ajoute-t-il.
« Le 3e mouvement voit non seulement le poète revenir à lui-même (prépondérance du piano solo) mais en force, suite à une valse folle (Valse de l’asile), redonnant peu à peu vie aux icônes fébriles du 1er mouvement, « écrasant » l’orchestre et malgré une mort précoce, (Cortège Funèbre) finalement triompher et ressusciter dans un flamboyant tutti posthume », conclue le compositeur.

Derrière cet hommage posthume à Claude Gauvreau, se profile, selon Walter Boudreau, celui beaucoup plus concret du compositeur largement inspiré par le génie de cet immense pianiste qu’est Alain Lefèvre, dont la virtuosité, la sensibilité et l’intelligence musicales ont « guidé » sans relâche les différentes étapes de composition de ce concerto jusqu’à son aboutissement final.

Deux œuvres importantes complètent le programme de cet album. Dans un premier temps, il y a l’épique suite symphonique Shéhérazade du compositeur russe Nikolaï Rimski-Korsakov, dans laquelle on se doit de souligner la qualité exceptionnelle du jeu du violon solo Yosuke Kawasaki. La deuxième est Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel, une sublime miniature musicale, la vision parfaite et immuable d’une belle jeune princesse dont la danse se répercute à travers les âges. Ravel et Rimski-Korsakov étaient tous deux des ‘peintres’ musicaux consommés qui ont su mettre en relief la virtuosité, la puissance et l’intimité de l’orchestre symphonique.

Aux frontières de nos rêves est le sixième album de l’OCNA à paraître chez Analekta au cours des trois dernières années et le quatrième sous la direction d’Alexander Shelley. Il fait suite à Réflexions sur la vie (duquel la pièce My Name Is Amanda Todd de Jocelyn Morlock a remporté le prix Juno pour Meilleure composition classique de l’année en 2018), Rencontr3s et Nouveaux mondes qui ont tous mis de l’avant de grands artistes et compositeurs contemporains canadiens. Notre collaboration avec l’OCNA est, pour nous, une source de grande fierté.
À propos de l’Orchestre du Centre national des Arts Créé en 1969 lorsque le Centre national des Arts du Canada a ouvert ses portes, l’Orchestre du CNA donne plus de 100 concerts par année avec le concours d’artistes de renommée mondiale. L’ensemble se distingue par la passion et la clarté de ses interprétations sur scène comme sur disque, par ses programmes innovateurs d’enseignement et de médiation artistique, et par son apport à l’expression de la créativité canadienne. Alexander Shelley a pris en 2015 la direction musicale de l’Orchestre du CNA, succédant à Pinchas Zukerman, qui a été aux commandes de l’ensemble pendant 16 saisons. En plus de proposer chaque saison une série complète de concerts d’abonnement au Centre national des Arts, l’Orchestre effectue des tournées partout au Canada et dans le monde entier. L’Orchestre du CNA a plus de 40 enregistrements commerciaux à son actif, dont le révolutionnaire Réflexions sur la vie, qui inclut My Name is Amanda Todd de Jocelyn Morlock, récipiendaire du JUNO 2018 de la « Composition classique de l’année », et un album avec Angela Hewitt, couronné aux JUNO 2015, réunissant des concertos pour piano de Mozart. Les mélomanes ont aussi accès gratuitement à une foule d’enregistrements de concerts de l’ensemble à partir de la Boîte à musique d’Artsvivants.ca, le site Web éducatif du CNA sur les arts de la scène. Parmi ces enregistrements figurent bon nombre des quelque 80 oeuvres commandées – pour la plupart à des compositeurs canadiens – par l’Orchestre du CNA depuis sa fondation.
À propos d’Alexander Shelley Alexander Shelley a pris la direction musicale de l’Orchestre du CNA en septembre 2015. Il est également premier chef associé du Royal Philharmonic Orchestra, et a été premier chef de l’Orchestre symphonique de Nuremberg de 2009 à 2017. Depuis son Premier prix au Concours de direction d’orchestre de Leeds (2005), le maestro a été appelé à diriger des orchestres dans le monde entier, dont le Philharmonia, l’Orchestre philharmonique de Rotterdam, l’Orchestre du Mozarteum de Salzbourg, le DSO Berlin, l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, l’Orchestre philharmonique tchèque, l’Orchestre de la Suisse Romande, l’Orchestra Svizzera Italiana, les orchestres philharmoniques de Stockholm et d’Oslo, l’Orchestre Simón Bolívar, et les orchestres symphoniques de Seattle et de Houston. Il se produit aussi régulièrement comme chef invité des plus grands ensembles d’Asie et d’Australasie. Cet enregistrement est le quatrième qu’il réalise avec l’Orchestre du Centre national des Arts, après Réflexions sur la vie, RENCONTR3S et Nouveaux Mondes.

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