Fernando Pessoa est un écrivain, critique portugais. Il est né le 13 juin 1888 et meurt le 30 novembre 1935. Il répétait à qui voulait l’entendre : « La littérature n’est-elle pas la preuve que la vie ne suffit pas ? » Autour de cette vision le pigiste Simao Cerdeira va sur ses traces en se chargeant de sa nécrologie. Le dessinateur Nicolas Barral, sous forme d’une bande dessinée retrace la vie de cet écrivain qui vacillait entre alcoolisme, écriture et errance.

Malgré l’ubiquité qui peut faire partie du quotidien d’un auteur, vient un moment où les générations qui suivent s’intéressent à cette bribe de vie.

La bande dessinée L’intranquille Monsieur Pessoa[1] reflète les rues du Portugal, rejoint le souvenir d’un paquebot dans la tempête au large du cap de Bonne- Espérance en 1896 puis la maladie qui a frappé l’écrivain. Les images qui y sont happent lecteur, reflets d’une fidélité au réel. A travers l’alliance entre les phylactères et les dessins se révèle une vie parsemée de mystères et d’intrigues. A la question : « Pourquoi ce mystère des fameux hétéronymes si bien incarnés que Pessoa leur parle ? » Nicolas Barral répond : « On a besoin de témoins à son existence, pour lui donner un sens. Alors que faire quand on n’a pas d’amis ? On les invente. Combien ? Autant que nécessaire, le ciel est la limite ».

Saluer le soleil

Lors des cours reçus pendant son enfance à Durban, en Afrique du Sud, Fernando Pessoa exprime cette pensée : « I know not what tomorrow will bring » ce qui veut dire : « Je ne sais pas ce que demain me réserve. » En effet, c’est cette incertitude qui accompagne l’écrivain. Dans sa vie de bohême, il fait valser son imagination. Il écrit le 29 novembre 1935 : « C’est peut-être le dernier jour de ma vie, j’ai salué le soleil, en levant la main droite, mais je ne l’ai pas salué pour lui dire adieu, j’ai fait signe que j’aimais bien le voir encore : rien d’autre ».

Le besoin de s’attribuer plusieurs personnalités s’explique comme suit : « M’étant vu saboter toute amitié prometteuse, tout amour naissant, je me suis mis en retrait du monde…Dans cet exil volontaire, l’alcool aura été ma consolation et ma perte…Car mieux valait pour moi écrire que risquer de vivre ».

Nicolas Barral confirme qu’un événement de quelle nature puisse-t-il être mérite de voir le projecteur s’allumer sur lui. Cette bande dessinée L’intranquille Monsieur Pessoa qui prend une envergure historique rend hommage à un homme qui s’attribuait des hétéronymes pour échapper à la solitude.

Lamia Bereksi Meddahi

[1] Barral, L’intranquille Monsieur Pessoa, Ed/ Dargaud, 2024. 136 pages.

By Lamia Bereksi Meddahi

Lamia Bereksi Meddahi est l’auteure de la première thèse de doctorat sur le dramaturge algérien Abdelkader Alloula. Elle a publié La famille disséminée, Ed/marsa, 2008, une pièce de théâtre Dialogues de sourds, Ed/L’harmattan, 2014. Elle enseigne à l’université Paris XII et se consacre à la littérature maghrébine ainsi que le théâtre dans le monde arabe. Depuis 2014, Lamia est membre de l’équipe éditoriale au journal L'initiative.

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