« Bonjour, je m’appelle Bashir Lazhar. Je remplace votre professeur Martine Lachance, qui, comme on vous l’a appris, sera désormais absente. Bonjour, ça va bien? Je suis votre remplaçant et je m’appelle Bashir Lazhar. Vous pouvez m’appeler monsieur Lazhar. Martine Lachance ne rentrera pas aujourd’hui…». C’est ainsi que commence la pièce de théâtre de Bashir Lazhar, un réfugier d’origine Algérienne, qui assure la suppléance du cours de français dans une classe au Québec, après le suicide de Martine Lachance au sein même de cette école primaire.

Une adaptation réussie
Pour porter ce rôle sur scène, le comédien Rabah Aït Ouyahia confie s’être bien préparé, car c’était sa première expérience théâtrale qui pour le moins que l’on puisse dire est teintée d’émotion et de force dans ce rôle qui est celui de Bashir Lazhar.
Rabah Aït Ouyahia est magistral sur la scène du Centre du Théâtre D’Aujourd’hui, qui produit cette pièce du 19 septembre au 14 octobre 2017.

Il faut dire que ce n’est pas la première adaptation sur scène du monologue d’Evelyne De la Chenelière, qui rappelons-le avait fait l’objet d’une adaptation cinématographique en 2011 par Philippe Falardeau avec Mohamed Fellag pour interpréter le rôle de Monsieur Lazhar.

Rabah Aït Ouyahia qui est d’origine Algérienne confie avoir vu le film avant d’avoir été retenu pour interpréter le rôle de Bashir lui aussi d’origine Algérienne : « En lisant la pièce de théâtre, j’ai compris qu’elle n’avait rien à voir avec le film ».
L’artiste ajoute d’ailleurs que : « le personnage de Bashir Lazhar de la pièce de théâtre est plus combattif et combattant que celui du film, où on a voulu en faire un personnage cool, sympathique et que tout le monde va aimer. Par contre je ressens plus dans la pièce de théâtre une forme de combat, d’engagement et de message qui sont beaucoup plus puissants à transmettre comparativement au film ».

Après quatre semaines de représentations Rabah Aït Ouyahia se sent plus à l’aise dans ce rôle à travers la réaction du public qui l’ovationnait le soir de sa prestation, dont la mise en scène a été assurée par Sylvain Bélanger.

Un texte universel
Le texte d’Evelyne De la Chenelière est universel et c’est pour cette raison que l’histoire de Bashir Lazhar est touchante, car c’est une parmi les nombreuses histoires de réfugiés avec leurs lots de douleurs et de chagrins. C’est l’histoire d’un homme qui a perdu sa femme et ses trois enfants et qui veut aller de l’avant. Il aime la vie. Il respecte la femme, lui qui a perdu la sienne et il affronte tant bien que mal les préjugés.

Bashir Lazhar veut se faire adopter par ses élèves et il veut leur faire aimer la vie à travers la richesse de la langue. Il enseigne le français de manière non conventionnelle et souhaite aider les enfants à affronter la vie avec courage devant un monde injuste.

Tout au long de la représentation, des flash-back nous permettent de nous mettre en situation pour comprendre que ce professeur veut sauver à sa manière ses élèves du traumatisme de la perte de leur professeur.
Il veut les sauver, tout en sachant qu’il n’a pas pu sauver sa famille. L’image est forte et le symbole est poignant d’autant qu’il se heurte à la force d’un système.
Au-delà des difficultés, Bashir Lazhar est surtout une histoire de courage pour écrire une nouvelle page dans les chapitres d’une vie.

Texte Evelyne de la Chenelière | Mise en scène Sylvain Bélanger | Interprétation Rabah Aït Ouyahia | Assistance à la mise en scène et régie Julien Veronneau | Scénographie Julie Vallée-Léger | Conception lumière Cédric Delorme-Bouchard | Costumes Marc Senécal | Musique originale Guido Del Fabbro | Maquillages Angelo Barsetti.

Réda Benkoula

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