Edgar P. Jacobs (1947-1990) n’aurait pu s’imaginer que des auteurs, des dessinateurs et des fans auraient adoptés au fil des ans le terme « jacobsien » en référence à son patronyme.
Il faut dire que l’auteur de bande dessinée belge a construit une œuvre solide notamment autour de deux personnages marquants de la bande dessinée. À travers Blake et Mortimer, Jacobs a imaginé les aventures d’un ancien pilote de la Royal Air Force devenu directeur du MI5 et de son ami, un spécialiste en physique nucléaire. Pour le reste, il a conçu des récits avec des uchronies autour de faits historiques sur fond d’enjeux divers, qui ont fait rêver des générations de lectrices et de lecteurs.
La relève n’a d’ailleurs pas tardé à suivre étant donné que des scénaristes de renoms tels que Jean Van Hamme, Didier Convard, Yves Sente, Jean Dufaux et François Rivière se sont appropriés l’univers de Jacobs aux côtés de dessinateurs de talents pour nous faire vivre de nouvelles aventures des deux serviteurs de « Sa Majesté ».
José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental sont deux scénaristes bien connus de la bande dessinée qui viennent agrandir les rangs des dignes héritiers de Jacobs en publiant un 29e épisode qui s’intitule Huit heures à Berlin[1].
Tous deux ont pour mission de creuser la piste de l’espionnage comme le confiait Fromental. À partir de là, ils ont pu rédiger en quelques lignes le pitch de l’histoire, puis un synopsis, suivi d’un développement séquence par séquence avant de terminer par le découpage et le dialogue de chaque planche. Pour Bocquet cette méthode de travail permettait de rassurer tout le monde : l’éditeur, le dessinateur… et les scénaristes !
On se rend compte d’ailleurs de tout le travail de recherche qui est mis en place en amont de la part des scénaristes pour nous plonger dans cette aventure de Blake et Mortimer qui se déroule en pleine Guerre Froide. Bien entendu, il faut compter sur tout le travail artistique d’Antoine Aubin, qui ne néglige aucun détail pour nous faire visiter le Berlin d’antan jusqu’aux sommets de l’Oural. Il faut préciser que le dessinateur n’est pas un novice de la série, puisqu’il a déjà à son actif La Malédiction des trente deniers (2010) et L’Onde Septimus (2013).
Le résultat est au rendez-vous comme on peut s’y attendre dans cette aventure de Blake et Mortimer.
Les dés sont jetés
Nous sommes au printemps de 1963. Un homme est abattu par les soldats est-allemands alors qu’il tente de franchir le mur de Berlin. Quelques jours plus tard, le professeur Philip Mortimer se rend dans l’Oural en URSS à l’invitation de son amie archéologue Olga Mandelstam. Sur place, ils exhument sept cadavres dont les peaux ont été arrachées. Mortimer découvre qu’il y a un lien avec les expériences de Julius Kranz, le médecin allemand.
Pendant ce temps, le capitaine Francis Blake qui participe à l’organisation de l’opération « Prince » aux côtés des alliés échappe miraculeusement à un attentat alors qu’il est en route avec son collègue ouest-allemand.
À des milliers de kilomètres l’un de l’autre, les questionnements que se posent Blake et Mortimer les feront converger vers une seule vérité.
Réda Benkoula
[1] Blake & Mortimer – Tome 29 – Huit heures à Berlin | Jean-Luc Fromental (Scénario) Bocquet José-Louis (Scénario) Antoine Aubin (Dessin) | Hors Collection Blake & Mortimer | 2022 | 64 pages