À l’approche de l’échéance électorale, le gouvernement Couillard termine le cycle de l’austérité en grand avec son budget 2018-2019. Après avoir coupé inutilement dans les services à la population au début de son mandat et après avoir offert des baisses d’impôts l’automne dernier, le ministre des Finances Carlos Leitão poursuit aujourd’hui en annonçant davantage de baisses d’impôts et distribue des sommes d’argent à gauche et à droite.
Les dépenses sociales contenues dans le budget ne sont pas aussi grandes que ce que prétendent les ministres du gouvernement. Plus de 50 % des nouvelles dépenses dans les services publics (916 M$) en 2018-2019 sont en fait consacrées à la réforme de la taxe scolaire (499 M$). À cela, ajoutons que les deux tiers de l’aide fiscale aux familles sont dédiés aux rénovations (129M$) et que les deux tiers du soutien aux « familles et aux communautés » concernent en fait la « modernisation du système de justice » (47,5M$) et à la « mobilité durable » (90,8M$).
« Ces dépenses ne sont pas mauvaises en soi, mais elles montrent une fois de plus que la générosité pré-électorale du gouvernement ne servira pas à réparer les dommages infligés par le gouvernement aux services à la population. L’État sert de moins en moins à protéger les plus vulnérables et de plus en plus à stimuler une économie qui ne sert pas les intérêts de la collectivité », affirme Guillaume Hébert, chercheur à l’IRIS.
À la suite des annonces de crédits d’impôts aux familles l’automne dernier, ce sont maintenant les PME qu’on vise. Le nouveau budget prévoit la réduction de moitié de l’impôt sur leur revenu, passant de 8 % à 4 % pour tous les secteurs d’activité. « C’est au tour des PME de remporter le gros lot, avec cette baisse d’impôt qui donne l’impression qu’on cherche à terme à abolir l’impôt des entreprises comme on l’a fait avec la taxe sur le capital. Combien aux réductions des cotisations au Fonds de service de santé, les baisses représentent plus de deux milliards de dollars de moins pour les services publics », constate M. Hébert.
Par ailleurs, le gouvernement fait grand cas de sa promesse de rembourser la dette en utilisant le Fonds des générations. « C’est bien beau tout ça, mais il évite de parler des véritables problèmes : le Fonds nous coûte très cher parce que c’est le budget courant qui paie les intérêts sur les emprunts qu’on doit faire pour compenser les versements. Et en plus, pour balancer le budget malgré ce qu’on met dans le Fonds et ce qu’on promet aujourd’hui, on va être obligés de piger dans le fonds de stabilisation, le tout en période de croissance, » ajoute Eve-Lyne Couturier, chercheure à l’IRIS.