Avec une formation artistique qui se compose de dix-sept membres, le groupe Gypsy Kumbia Orchestra ne passe pas inaperçu lorsqu’il monte sur scène ou lorsqu’il déambule dans les rues lors des festivals.
De l’aveu même de Carmen Ruiz, en charge de la gestion du groupe, Gypsy Kumbia Orchestra reflète l’esprit et le mélange que l’on retrouve à Montréal, puisqu’on y trouve des Colombiens, des artistes venus d’un peu partout du Canada, de l’ile de la réunion et du Mexique. Tout ce beau monde chante en « frangnol », en « franglais », en Créole et en québécois lorsqu’il envahi la scène avec les danseurs, des violonistes, des percussionnistes, des trompettistes, un accordéoniste et un clarinettiste.
Le 19 juillet prochain, le groupe se produira au parterre du quartier des spectacles dans le cadre de la 29ème édition des Nuits d’Afrique. L’occasion pour nous de rencontrer Carmen Ruiz, l’une des fondatrices du groupe qui nous en dit un peu plus sur l’origine du projet et du programme qui sera concocté à l’occasion du Festival.
L’initiative : Comment vous est venu l’idée de créer le groupe?
Carmen Ruiz : Le groupe est né il y a trois ans de notre expérience à moi et Sebastian Mejia. Sebastian est percussionniste, quant à moi, j’ai commencé à titre de chorégraphe et de danseuse dans le groupe. Nous avions une vie un peu nomade et nous avions fait une recherche artistique à partir de nos racines colombiennes…on se faisait appeler les latinos gitans, parce que nous avions notre collectif de travail de percussion et de danse. On faisait de la pédagogie populaire. Nous aimions beaucoup la musique de l’Europe de l’Est en particulier et on s’est dit que ce serait le fun de faire une recherche pour voir comment ces deux musiques et ces deux univers fusionneraient avec la culture des noirs de l’Amérique latine, des Roms et de partout à travers le monde. Ces deux cultures sont passées par une histoire difficile…culturellement elles sont très fortes à travers leur musique et à travers leur danse. On s’est dit que ce serait intéressant et ça correspondrait à nos valeurs…puis nous avons commencé à développer l’idée…nous voulions faire une recherche musicale et écrire une pièce de danse. L’idée a attiré beaucoup de monde jusqu’à avoir un grand groupe. Cela fait déjà trois ans que l’on continue à approfondir cette recherche où nous développons et de créer cette idée d’un art interdisciplinaire et interculturel.
D’où puisez-vous vos influences musicales?
Il y a des reprises que l’on adapte telles que les musiques traditionnelles colombiennes et roumaines que l’on fusionne avec des influences des autres cultures. Il y a aussi d’autres chansons que nous avons apprises et décortiquées et nous avons mis des morceaux des autres chansons avec des arrangements très différents en ajoutant des paroles très originales.
Vous utilisez de nombreux instruments de musique?
Il y a tout le coté mélodique avec la clarinette, le violon et l’accordéon…il y a tout l’ensemble traditionnel colombien de percussion. Il y a aussi les trois tambours, les maracas et nous faisons des mélanges avec un peu de Gaita, une flute traditionnelle qui a une d’origine autochtone des caraïbes colombienne et que l’on utilise avec les tambours qui font partie de la musique cumbia…c’est comme le rythme des caraïbes colombiennes. C’est très riche et c’est très varié parce que c’est comme si l’on met ensemble quatre orchestres avec de la danse (sourire).
Comment arrivez-vous à organiser les emplois du temps des dix-sept membres du groupe?
On se demande la même chose (éclat de rire). Disons que d’un côté c’est grâce aux artistes…il y a une volonté énorme pour être là et soutenir le projet…nous avons beaucoup grandit en trois ans par rapport à la manière de travailler ensemble au niveau logistique et au niveau de la communication. Il y a une volonté énorme de la part des artistes qui offrent leur talent et le temps au projet. On a trouvé des formules pour pouvoir mener le projet à bien et c’est grace à la volonté de tous, car nous grandissons tous dans le projet au niveau humain et artistique. Ce que nous essayons de faire nourrit le public et ça nous revient à travers l’énergie du public.
Votre musique nous fait penser parfois à celle de Goran Bregović
En effet, Goran Bregović, le No Smoking Orchestra avec Emir Kusturica et le film Underground ont popularisé la musique gitane de l’Europe de l’Est. Goran Bregović a créé un univers qui était très visuel et nous a inspiré…cet univers visuel très chaotique est très lié à la musique…si on s’inspire de tout cela, c’est pour faire ressortir la musique sur scène en direct live…il y a des thèmes que nous avons repris…dans notre nouveau spectacle, il y a de la musique originale et de la musique traditionnelle que l’on reprend, parce que cela fait partie de la démarche du projet de reprendre des musique traditionnelles et de les mélanger.
Pouvez nous parler des moments forts qui vous ont marqué durant vos tournées?
Nous avons fait plusieurs spectacles qui déambulatoires. Notre première tournée était en Colombie à partir de 2013…c’était important de voyager…nous avons passé un mois à voyager avec 30 personnes dans un autobus. C’était vraiment très cinématographique…d’ailleurs, un film est préparation pour faire sortir toute cette espèce de folie que nous avons vécu…c’était important pour nous d’aller en Colombie et d’amener les artistes là-bas pour savoir d’où on venait pour connaitre la culture avec laquelle nous étions en train de travailler…en tant que Colombiens exilés, c’était une façon de ramener dans notre pays d’origine notre expérience et partager ce que nous étions en train de faire ici. Nous venons aussi de revenir de deux semaines en France qui ont été géniales…c’était un échange culturel avec d’autres fanfares qui travaillent dans la région centrale de la France et nous avons participé au festival Bol d’Airs.
Quel est votre regard en participant à la 29ème édition des Nuits d’Afrique?
C’est un festival qui grandit et nous sommes fiers d’y participer…nous sommes content d’en faire partie d’autant que c’est la première fois où nous serons dans le quartier des spectacles…je pense que ce sera un beau cadeau de rencontrer les gens qui nous connaissent et ceux qui ne nous connaissent pas dans cette scène extérieure.
Quel est le menu du spectacle du 19 juillet?
Comme toujours, ce sera une belle surprise…nous voulons inviter le public à danser et à se rejoindre…nous voulons vraiment faire des rencontres.
À quand votre premier album?
Nous sommes dans une phase de création artistique et le nouvel album que nous prévoyons lancer pour la rentrée contiendra des chansons originales et des chansons de diverses inspirations. Le lancement est prévu pour le 12 septembre au Club Soda.
Événement (GRATUIT): Gypsy Kumbia Orchestra. 19 Juillet, 2015 – 18:40, Scène Loto-Québec – Parterre du Quartier des Spectacles