Le milieu journalistique est scandalisé, avec raison, par les récentes révélations concernant la surveillance dont il fait l’objet. Pourtant, pour quiconque conteste le statu quo politique actuel, cela n’est guère une surprise.
Dans la foulée de ces récentes révélations, nous apprenions aussi que la mise sur pied de l’escouade GAMMA – Guet des activités des mouvements marginaux et anarchistes –, dont nous avions dénoncé la création en 2011, a été approuvée par les plus hauts échelons du SPVM, sur la base de rapports affichant un profilage politique évident [1]. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le SPVM est forcé de reconnaître s’être attaqué à des personnes sur la base de leurs opinions politiques [2].
Ce scandale ne se limite pas au SPVM ; il touche autant la SQ, qui espionne elle aussi des journalistes [3], que la GRC, qui faisait la même chose plus tôt cette année sans autorisation [4], que les tribunaux qui accordent des mandats de surveillance douteux [5], ou les procureurs, qui abandonnent des poursuites quand elles touchent des multimillionnaires [6]. Il s’agit du même système qui accorde des mandats de surveillance contre des journalistes qui recherchent la vérité et des absolutions aux riches princes de la finance qui ont intérêt à la cacher [7].
Nous ne sommes pas dupes. La tempête médiatique actuelle se résume à un jeu de pouvoir contre un chef de police impopulaire auprès de sa base. Cette tempête ne changera pas la nature du SPVM, qui a une tradition de profilage politique, social et racial. Peu importe qui se retrouvera au-dessus du panier de crabes du 1441 St-Urbain, la culture de l’omerta policière et de pratiques qui violent les droits et libertés va continuer.
Dans ce contexte, nous tenons à dénoncer :
· la surveillance de plus en plus invasive des journalistes, de la communauté militante et de la population;
· le rôle politique du SPVM et des autres corps policiers;
· la stigmatisation et la criminalisation de la dissidence;
· toute forme de profilage politique, social et racial.
Nous réclamons que la commission d’enquête publique qui sera mise sur pied soit véritablement indépendante, et que son mandat soit élargi aux pratiques de surveillance et de profilage politique du SPVM et de la SQ à l’encontre de militants sociaux, sur la base de leurs idées politiques. Nous exigeons également la mise sur pied d’un organisme permanent et indépendant de surveillance des pratiques policières, doté d’un pouvoir coercitif, qui mette fin à leur culture du secret et à des pratiques visant à criminaliser les groupes sociaux trop dérangeants.
Nous ne nous faisons pas d’illusions et connaissons bien les limites, déjà démontrées, de tels mécanismes de surveillance de la police. L’existence du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité (CSARS) n’a pas empêché le SCRS de conserver illégalement des milliers de données sur la population, malgré la publication d’un rapport officiel contenant des recommandations très claires [8]. Et que dire du nouveau Bureau d’enquête indépendant (BEI), dont l’indépendance est déjà contestée et qui, selon les informations dont nous disposons, refile pratiquement tous les dossiers qu’il reçoit au SPVM ? Mais nous croyons que cela aurait au moins le mérite de lever le voile sur l’existence d’une police politique qui, dans cette démocratie de façade, se donne comme mandat de surveiller et de faire taire la dissidence, et ce, au bénéfice de la classe dirigeante.
Convergence des luttes anticapitalistes – CLAC-Montréal
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