Lors du colloque international organisé au Maroc par la Faculté Ibn Zohr d’Agadir du 15 au 17 mars 2017, Lamia Bereksi Meddahi a présenté sa communication intitulée : La notion du portrait dans le tableau de Femmes d’Alger dans leur appartement de Delacroix et la nouvelle d’Assia Djebar. Elle a parcouru le tableau de Delacroix dans son aspect pictural et scriptural.

Elle considère : « Qu’il soit cinéaste, artiste peintre musicien ou écrivain, l’être humain reproduit ce qui le fascine en fonction de l’outil dont il dispose et selon le degré de sa sensibilité. En effet le peintre Eugène Delacroix après un séjour d’un mois au Maroc où il accompagne le comte de Mornay, envoyé spécial de Louis Philippe auprès du sultan Moulay Abd el-Rahman, il fit une escale à Alger le 25 juin 1832.

Ce voyage fut, bien que court, la source d’une inspiration et une véritable révélation picturale. Il en rapporte des livrets de croquis et d’aquarelles qu’il exploite longtemps pour donner naissance à des portraits rassemblés dans : Femmes d’Alger dans leur appartement. Elle définit le portrait comme la fusion entre un instant vécu et un sentiment intense, exprimés par une image. Idée convergeant vers ce qu’a confié Picasso à Zervos[1] : « (…) L’artiste est un réceptacle d’émotions venues de n’importe où, du ciel, de la terre, d’un morceau de papier, d’une figue qui passe, d’une toile d’araignée ».

La sensibilité qui a permis de mettre en exergue des portraits de femmes, a fait l’objet d’une analyse par Assia Djebar dans Femmes d’Alger dans leur appartement, œuvre écrite en 1980. L’Elue à l’académie française en 2005, a toujours eu une attention particulière envers les femmes. Elle raconte leurs quotidiens, leurs peines, leurs soumissions, leurs silences imposés. C’est dans cet esprit que l’œuvre Femmes d’Alger dans leur appartement est écrite. Elle comprend une nouvelle intitulée : La nuit du récit de Fatima et deux chapitres formulés en deux temps. Dans le chapitre Aujourd’hui se trouve Femmes d’Alger dans leur appartement de la page 61 à la page 138.

Le deuxième Hier comprend quatre nouvelles : Il n’y a pas d’exil, Les morts parlent, Jour de ramadhan, Nostalgie de la horde. Dans la postface, se trouve la lecture du tableau de Delacroix intitulée : Regard interdit, son coupé. C’est sur ce regard que Lamia Bereksi Meddahi a appuyé son analyse en faisant la projection des tableaux de Delacroix selon la version de 1834 et celle de 1849 puis suivie par la version de Picasso. Pour étayer ses propos, Assia Djebar avait cité à la page 254[2], le général Daumas tiré de La femme arabe.

Livre écrit peu avant la mort de l’auteur en 1871 et publié en 1912 : « Dès l’enfance, on apprend à la fillette « le culte du silence qui est une des plus grandes puissances de la société arabe »[3]. En croisant la sensibilité d’un peintre et d’une écrivaine Femmes d’Alger dans leur appartement peut être perçu comme un continuel rappel à l’histoire quant à l’œuvre de Delacroix et une concentration sur la situation de la femme à la lumière de ce qu’a développé Assia Djebar.

 

[1]Christian Zervos, né le 1ᵉʳ janvier 1889 à Argostóli sur l’île de Céphalonie en Grèce et mort le 12 septembre 1970 à Paris, est un critique d’art et éditeur français d’origine grecque, fondateur de la revue Cahiers d’art en février 1926.

[2] Assia Djebar, Femmes d’Alger dans leur appartement, Ed/ Albin Michel, 2002, p. 254

[3] Id.

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