Le Bureau Politique de Talaie El Hourriyet a tenu sa réunion mensuelle ordinaire le Samedi 2 Décembre 2017, au siège du Parti, sous la présidence de M. Ali Benflis, Président du Parti.
1-Le Bureau Politique a procédé à l’évaluation de la situation politique, économique et sociale prévalant dans le pays, à la lumière des évènements marquants du mois de novembre 2017, notamment, les élections locales, l’adoption de la Loi de finances 2018, le rétrécissement de la liberté d’expression à travers le harcèlement de la presse indépendante et des réseaux sociaux et la répression des syndicats autonomes, ainsi que l’amplification du phénomène de l’émigration clandestine (harga).
1-1-Les élections locales
Après avoir débattu des élections locales du 23 novembre 2017, le Bureau politique a tiré les conclusions suivantes :
-Le scrutin du 23 novembre 2017 est semblable aux précédents. Il est vrai que les élections en Algérie ne sont pas un instrument au service de l’alternance au pouvoir. Organisées et conduites par un appareil politico-administratif aux ordres, bien rodé dans la mission du maintien du statu quo, les élections locales ont permis au pouvoir en place de consolider son emprise sur les institutions du pays en détournant la volonté populaire ,et de dessiner le paysage politique qui lui convient en vue des prochaines échéances électorales.
-Les élections locales du 23 novembre n’ont pas dérogé au binôme: abstention et fraude
Une fois de plus, la grande majorité des électeurs a boudé les urnes .Le taux de participation annoncé, au demeurant contestable, indique que plus de la moitié des électeurs ne se sont pas rendus aux bureaux de vote ; un taux de participation davantage relativisé par l’importance du vote blanc des électeurs qui se sont abstenus à leur manière.
Ni le chantage à la stabilité et à la sécurité, ni l’effet mobilisateur supposé, s’agissant d’élections “de proximité”, ni les pressions exercées par l’administration sur les électeurs, ni les moyens colossaux mobilisés par le gouvernement, n’ont pu avoir raison de l’abstention.
Une abstention dont les causes sont à rechercher dans la fraude et le sentiment de l’inutilité du vote, dans l’absence de confiance et la défiance envers le pouvoir en place qui a perdu tout crédit auprès de la grande majorité des algériens, dans l’absence de perspective pour la jeunesse qui a massivement boudé les urnes, dans l’argent dont le rôle en politique et ,notamment, en période électorale a pris une ampleur sans précédent .
Les élections locales du 23 novembre n’ont été ni régulières, ni sereines. Elles ont été entachées de fraude, d’irrégularités, de dépassements et de dérapages, de faits avérés de bourrage d’urnes et de falsifications de procès-verbaux, de manipulation du taux de participation, d’affrontements ,y compris entre des cercles du pouvoir ,en concurrence dans l’optique de l’échéance présidentielle.
La quasi-totalité des partis politiques qui ont pris part au scrutin du 23 novembre a dénoncé la fraude et les conditions dans lesquelles se sont déroulées ces élections.
L’abstention massive enregistrée et les conditions dans lesquelles se sont tenues les élections ont entamé la légitimité des assemblées locales.
A travers ce scrutin, le pouvoir en place a montré, une fois de plus, qu’il n’est pas prêt à céder la moindre parcelle de son hégémonie sur toutes les institutions du pays, y compris au niveau local, hégémonie construite sur des coups de force.
Le Bureau politique est conforté dans sa conviction que seule une refonte totale de notre système électoral, en amont et en aval, avec la mise en place d’une commission réellement indépendante en charge de l’organisation et de la supervision des élections, pourra garantir des scrutins propres et transparents dans notre pays.
1-2-La loi de finances 2018
Le Bureau Politique a relevé avec une extrême préoccupation que l’économie nationale continue à se détériorer alors que les gouvernements qui se sont succédés, ces trois dernières années, incapables d’élaborer des politiques pour faire face à la crise économique et financière ont, l’un après l’autre, tenté des formules qui ont toutes échoué : « Nouveau Modèle de Croissance », bancarisation de l’informel, emprunt obligataire national, limitation des importations et ,aujourd’hui, le recours à la planche à billets et la finance islamique.
Ayant examiné la Loi de Finances pour 2018, le Bureau Politique a noté avec préoccupation :
-qu’elle s’inscrit dans une perspective politique, celle de l’échéance 2019,
-qu’elle est fondée sur une approche comptable, et qu’elle fait fi de tous les dysfonctionnements structurels de l’économie algérienne,
-qu’elle consacre l’abandon du « Nouveau Modèle de Croissance » sans explication et sans aucune évaluation préalable.
-qu’elle autorise le recours au financement monétaire du déficit du Trésor, sans limite et sans contrôle crédible, une démarche susceptible d’affecter négativement et gravement les perspectives de croissance de l’économie algérienne au cours des prochaines années, avec une pression inflationniste considérable ,une détérioration de la monnaie nationale et un effet dévastateur sur le pouvoir d’achat des Algériens.
-que les réformes structurelles, bien qu’annoncées, ne sont pas à l’ordre du jour .Le gouvernement fait montre d’une absence de volonté politique d’engager des réformes structurelles au risque de déstabiliser son système clientéliste de redistribution de la rente. Le renvoi, à plus tard, des réformes structurelles est une entrave sérieuse à la diversification économique.
-qu’elle conforte la stagnation économique. On n’y trouve aucune décision importante pour entamer le redressement de l’économie sur une base durable. Il s’agit d’une gestion à vue de l’économie qui occulte les visions stratégiques à moyen et long termes.
-que les couches populaires sont fortement sollicitées pour assumer les conséquences de la crise financière. spacerLa loi de Finances 2018 comporte des augmentations de taxes qui auront des répercutions sur le pouvoir d’achat du citoyen alors que l’impôt sur la fortune, qui figurait dans le projet de loi, a été finalement abandonné. Le gouvernement a évité d’aller chercher l’argent là où il est, notamment, dans l’informel, l’évasion fiscale, le recouvrement de prêts bancaires et celui des impôts impayés.
-que le train de vie de l’Etat est maintenu à un niveau élevé et que l’Exécutif fait comme si toute contrainte financière avait subitement disparu avec le recours à la planche à billets!
-que les Comptes spéciaux du Trésor ont été pour la plupart reconduits et d’autres créés, malgré toutes les critiques de la Cour des comptes sur la gestion de ces comptes, caractérisée par de nombreuses insuffisances et de graves irrégularités.
Le Bureau politique se déclare, particulièrement, préoccupé par la chute continue du pouvoir d’achat des Algériens sous l’effet conjugué de la hausse vertigineuse généralisée des prix, de la dépréciation du dinar qui atteint des niveaux historiques, des salaires dérisoires par rapport au coût de la vie, du chômage, de la pression fiscale induite par les lois de finances 2016, 2017, et celle de 2018, attendue avec appréhension.
1-3-Les atteintes aux droits et libertés
Le Bureau Politique constate, avec regret, le rétrécissement du champ des droits et libertés dans notre pays, notamment, le recul de la liberté de la presse et du droit à l’information. Il s’élève contre le harcèlement financier et judiciaire , les pressions intolérables, l’intimidation, le chantage quant dans la distribution de la publicité, et menaces qui s’exercent sur les organes et les journalistes des médias de la presse indépendante (presse écrite, audiovisuelle et électronique), coupables de ne pas faire acte d’allégeance au régime en place et de refuser de s’inscrire dans les limites qu’il pose à la liberté d’expression. Les atteintes à la liberté de la presse mettent à nue la prétendue ouverture du champ audiovisuel dans notre pays qui sert de vitrine à un régime politique qui vise à imposer son hégémonie à tous les segments de la vie politique, médiatique, économique et sociale et à étouffer toutes les voix divergentes. Le Bureau Politique réitère, à ce titre, son «attachement à la liberté de la presse et au droit à l’information et reste convaincu que la liberté de la presse est une des aunes auxquelles se mesure l’existence d’un ordre démocratique et d’un Etat de droit. Il salue le courage des journalistes qui continuent à exercer le métier d’informer avec dignité dans un environnement médiatique difficile.
-Violation de la liberté syndicale
Le Bureau Politique note avec indignation que des rassemblements, marches pacifiques et sit-in de citoyens, revendiquant leurs droits légitimes, continuent à être violemment réprimés.
Le Bureau politique dénonce, à cet égard, la répression dont ont été victimes les militants et dirigeants de l’intersyndicale qui se proposaient de tenir un rassemblement à Alger, le 25 novembre dernier, pour exprimer pacifiquement, leur mécontentement contre la loi sur la retraite, le code du travail, défendre le pouvoir d’achat et le droit syndical. Il s’indigne du fait que des enseignants, des médecins, des fonctionnaires, des imams et des représentants syndicaux d’autres secteurs d’activité aient été interpelés, sans ménagement ,et empêchés de rejoindre le lieu du rassemblement. Ces dépassements intolérables des autorités publiques constituent tout à la fois une violation de la liberté syndicale, de la liberté d’expression et de la liberté de rassemblement, consacrées par la Constitution. La répression des activités des syndicats autonomes est un déni flagrant du principe constitutionnel du pluralisme syndical. Talaie el Hourriyet réaffirme sa solidarité et son soutien à la lutte pacifique des syndicats autonomes pour leur reconnaissance comme partenaires sociaux, par les pouvoirs publics, et la satisfaction de leurs revendications socio-professionnelles légitimes.
1-4-L’émigration clandestine (harga)
Le Bureau Politique , profondément préoccupé par l’ampleur prise par les départs de citoyens, toutes catégories confondues, qui tentent de quitter le pays sur des embarcations de fortune au péril de leur vie, s’étonne que cette situation n’ait pas interpellé, outre mesure, les autorités et qu’aucune initiative d’envergure n’ait été prise pour juguler cet exode, l’approche répressive ayant montré ses limites. Talaie El Hourriyet qui considère que ces citoyens ont droit à la dignité ,exprime à cette occasion sa solidarité avec les familles des victimes de ce fléau et soutient leur droit à solliciter des autorités nationales davantage de diligence pour faire la lumière sur les cas de leurs proches qui ont tenté l’aventure et dont ils sont sans nouvelles.
2-Le Bureau Politique a procédé, enfin, à une évaluation préliminaire de la participation du Parti aux élections locales du 23 novembre dernier. Il a relevé la qualité de l’accueil réservé au Président du Parti lors de ses déplacements à travers le pays, durant la campagne électorale, et l’importance de l’affluence aux meetings qu’il a animés. Le Bureau Politique a, en outre chargé le Secrétariat National de préparer une évaluation plus approfondie de la participation du Parti aux élections locales.