Que révèlent le silence sur les pensionnats autochtones dans les manuels d’histoire et les clichés sur les « Indiens » dans la culture populaire ? Comment a été vécue la crise d’Oka par les Autochtones ? Dans une œuvre polyphonique, la bédéiste Emanuelle Dufour explore les legs de notre inconscient colonial et fait surgir des histoires trop longtemps restées dans l’ombre. Un livre qui devrait se retrouver dans toutes les écoles, dès le secondaire.
« La vérité, c’est que je suis Québécoise, que ma famille habite leur territoire traditionnel depuis plus de 200 ans et, pourtant, je ne connais pratiquement rien d’eux et je n’en connais aucun. La vérité, c’est que j’ai honte de moi. Honte de nous. » déclare Emanuelle Dufour dès les premières pages. C’est au contact des Maoris de la Nouvelle-Zélande qu’Emanuelle Dufour réalise l’ampleur de son ignorance à l’égard des Premiers Peuples du Québec. À son retour, elle entreprend un long cheminement pour aller à la rencontre des réalités autochtones et entamer un dialogue plus que jamais nécessaire.
Racontée à partir de sa propre expérience mais aussi celle de nombreux Autochtones et Allochtones, ce carnet de rencontres donne la parole à plus de cinquante personnes, notamment Stanley Vollant, Michèle Audette, Prudence Hannis ou encore Melissa Mollen Dupuis.
« C’est le Québec qui est né dans mon pays ! » nous dit Anna Mapachee, afin de renverser le miroir de notre histoire coloniale. Si le racisme systémique façonne toujours la condition autochtone, ce carnet de rencontres témoigne aussi du travail entamé par les communautés pour se réapproprier leurs langues, leurs savoirs ancestraux et leurs identités, entre autres à l’Institution Kiuna d’Odanak, « une école faite pour nous autres ».
En somme, Emanuelle Dufour nous pose une question indispensable pour sortir de ce rendez-vous manqué : et vous, êtes-vous prêt.e.s à explorer votre partie de l’histoire ?
À propos de l’autrice
Détentrice d’une maîtrise en anthropologie (UdeM) et d’un doctorat en éducation par les arts (UConcordia) qui croisent sécurisation culturelle et bande dessinée, Emanuelle Dufour est dessinatrice et conseillère pédagogique Équité, diversité et inclusion au Collège Ahuntsic.
« C’est le Québec qui est né dans mon pays! » est sa première bande dessinée solo en grand format.
Les contributeurs.trices : Kim Angatookalook et Tristan André-Angatookalook, Michèle Audette, Terry Awashish, Eve Bastien, Lise Bastien, Louis-Xavier Bérubé, Marie-Eve Bordeleau, Jimmy-Angel Bossum, Marie-Pierre Bousquet, Sébastien Brodeur-Girard, Diane Cantin, Mikayla Cartwright, Kakwiranó :ron Cook, Emma Cuchio Antonio, Guillaume Dufour, Ellen Gabriel, Julie Gauthier, Claude Hamelin, Prudence Hannis, Sarah Hornblow, Paige Isaac, Institut Tshakapesh, Jacques Kurtness, Marcel Lalo, Léa Lefevre-Radelli, Pierre Lepage, Monica Lopez, Anna Mapachee, Lucie Martin, Pierre Martineau, Rita Mestokosho, Uapukun Mestokosho, Melissa Mollen Dupuis, Caroline Nepton Hotte, Jennifer O’Bomsawin, Annick Ottawa, Ghislain Picard, Murrray Sinclair, Geneviève Sioui, Louis-Karl Sioui-Picard, , Lou Maïka et Martin Strauss, Jean-Yves Sylvestre, Myriam Thirnish, Pamela Rose Toulouse, Jacques Viens, Florent Vollant, Stanley Vollant et Xavier Vollant, Jesse Wente et plusieurs autres.
La collection Ricochets : Avoir, encore et toujours, cette envie de lancer un pavé dans la mare de l’espace public. Avec la collection «Ricochets», Écosociété plonge dans l’univers de la bande dessinée, n’hésitant pas à faire éclater la forme traditionnelle de l’essai pour en révéler le fond sous d’autres traits. Ensemble, guettons les rebonds.