Artiste multidisciplinaire, Stanley Février réalise depuis plusieurs années une série d’actions performatives et infiltrantes dans les musées. Il se livre à un examen critique du monde de l’art en explorant les dynamiques de pouvoir qui contribuent à la sous-représentation de certains artistes au sein des institutions culturelles. Installé dans le pavillon Michal et Renata Hornstein du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), son Musée d’art actuel / Département des invisibles (MAADI) a pour mission de corriger ces inégalités en mettant en lumière des artistes « invisibilisés ».

Le MAADI est inspiré du travail d’analyse des collections muséales que Stanley Février a entamé lors de ses études, en s’appuyant sur les recherches de l’historienne de l’art Filipa Esteves au sujet de l’absence de points de vue culturels diversifiés dans les galeries d’art contemporain du Canada. Pour aborder cette question, Février prend la posture de l’artiste-collectionneur et du directeur de musée, puis s’attèle à créer et à exposer une véritable collection. Œuvre conceptuelle présentée sous forme d’installation, ce musée itinérant est un lieu de rencontre et de transgression.

Les créations artistiques du MAADI proposent une pluralité de perspectives et contribuent au développement de nouveaux récits, reconsidérant la notion de frontière, tant physique que métaphorique, et abordant des thèmes tels que l’intimité, le deuil et la mémoire, le sacré et l’oubli ainsi que la relation entre l’humain et la nature.

Le MAADI réunit des installations, des sculptures, des photographies, des peintures et des vidéos d’artistes de divers horizons : Muriel Ahmarani Jaouich, Shazia Ahmed, Tasha Aulls, Claudia Bernal, kimura byol-lemoine, Esther Calixte-Béa, Jesús Castro Rosas, Cluca, CODE BLANC, My-Van Dam, Livia Daza-Paris, Clovis-Alexandre Desvarieux (dit Séadé), José Dupuis, Montserrat Duran Muntadas, Maria Ezcurra, Wilman Gomez Tamayo, Maryam Izadifard, Joyce Joumaa, Anahita Norouzi, Eliza Olkinitskaya, Oski (Joseph Alex Olivier Vilaire), Emily Royer, Michaëlle Sergile et Vanessa Suzanne. Le MAADI intègre également une boutique qui propose divers produits dérivés.
« Pour Stanley Février, l’art est un outil de changement social. Avec le Musée d’art actuel / Département des invisibles, il met en lumière l’urgence d’élaborer de nouvelles pratiques muséales afin de favoriser des relations équitables entre musées, artistes et publics. Ce musée dans un musée s’approprie l’espace du MBAM pour remettre en question le processus de création des valeurs symboliques et économiques du système muséal », explique Laura Delfino, commissaire invitée.
« La représentation de pratiques artistiques diversifiées joue un rôle déterminant dans le monde de l’art ainsi que dans notre société. Dans cette œuvre en constante évolution, tout est moyen d’expression : les artistes, le commissariat, le musée. Nous tenons le rôle que Stanley Février nous confère pour faire de l’institution muséale un espace critique, qui interroge le discours dominant et encourage le partage de pouvoir. Le MAADI s’incarne dans ces interactions, et l’exposition résulte de ce devenir », poursuit Iris Amizlev, conservatrice, Projets et engagement communautaires, MBAM.
Le MAADI : une œuvre vivante
En juin et juillet, Stanley Février sera présent au Musée les vendredis et samedis, de 14 h à 17 h, et donnera vie à l’installation en jouant son rôle de directeur général et de conservateur en chef. De plus, les jeudis et dimanches, de 14 h à 16 h, des guides-ressources du Musée seront présents au cœur de l’installation et participeront à l’aspect performatif de l’œuvre en interagissant avec les visiteurs de façon surprenante et ludique.

À propos de Stanley Février
Né à Port-au-Prince, Stanley Février vit et travaille à Longueuil, près de Montréal. Ses installations, sculptures et performances abordent la violence et la souffrance qui découlent des dynamiques de pouvoir dans leurs dimensions tant politique qu’intime. D’abord formé en travail social, il est titulaire d’une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal. Son œuvre a fait l’objet de plusieurs expositions individuelles et collectives au Canada et à l’international, notamment en Allemagne, en Bulgarie, en Chine, à Cuba, en Espagne, aux États-Unis, en France, au Mexique et en Serbie. Il a entre autres participé à l’exposition du MBAM « Combien de temps faut-il pour qu’une voix atteigne l’autre ? » l’an dernier. Ses œuvres figurent dans de nombreuses collections privées et publiques, dont celles du MBAM, du Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) et du Musée d’art contemporain des Laurentides. Lauréat 2020 du Prix en art actuel du MNBAQ, Stanley Février figure parmi les artistes en lice pour le prestigieux Prix Sobey pour les arts 2022.

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