Rendez-vous incontournable du cinéma africain et créole en Amérique du Nord, l’édition 2020 de Vues d’Afrique se veut novatrice, moderne et riche en découvertes. Pour renouveler son organisation, la direction du festival a renforcé tout le secteur numérique pour se déployer de manière proactive dans le monde virtuel et a mis en place des ressources adéquates qui lui permettent de répondre à la situation actuelle. Conséquemment, face aux contraintes liées aux recommandations des gouvernements et dans l’impossibilité de présenter ses films en salle, Vues d’Afrique s’est adaptée et a su trouver un partenaire de premier plan pour diffuser les œuvres sélectionnées. En effet, TV5 offre sa collaboration pour que les festivaliers puissent voir les films gratuitement à partir de sa plateforme  www.tv5unis.ca. Les films seront donc accessibles pour une période de 48 h selon une grille horaire qui sera dévoilée prochainement.

Ce sont plus de 1600 films qui ont été soumis initialement, preuve de la vitalité de Vues d’Afrique. C’est une toute nouvelle équipe qui a présidé à la sélection : pour l’international, Kotimi Guira, plusieurs années représentante de Vues d’Afrique au Burkina Faso, où elle faisait partie de l’équipe du Festival panafricain, le célèbre FESPACO, jumelé à Vues d’Afrique depuis les tout débuts. Kotimi connaît personnellement la majorité des cinéastes africains. Aurore Laforge, pour sa part, virtuose des réseaux sociaux, a pris en charge la section nationale « Regards d’ici » et le domaine jeunesse. Toutes deux ont réussi à constituer une sélection de haute tenue liée dans un premier temps à une édition physique du festival qui a évolué vers une présentation virtuelle. Sur les 64 titres originellement retenus, 37 ont pu joindre l’expérience numérique, soit 23 œuvres de fiction ou d’animation et 14 documentaires qui représentent 27 pays différents. De sorte que Vues d’Afrique bonifie l’expérience des internautes avec un contenu novateur et accessible pour chaque cinéphile.

Les longs métrages de fiction présentés abordent des thèmes et des enjeux de société qui impriment leur marque sur les pays concernés. Du Burkina Faso Duga, les Charognards de Abdoulaye Dao et Erik Lengani raconte l’histoire de Rasmané, vieil orpailleur, qui se retrouve avec un cadavre sur les bras : son cousin Pierre vient de mourir mais au village, personne ne veut s’occuper des funérailles d’un non-croyant ! Kamissa de Guy Kalou (Côte d’Ivoire) fait le portrait d’une jeune adolescente de 15 ans qui tombe enceinte dans un contexte social très intolérant. Premier long métrage du cinéaste marocain Alaa Eddine Aljem, Le miracle du Saint Inconnu est une comédie qui a été remarquée lors de sa sélection à la Semaine de la Critique de Cannes 2019. Inspiré du roman célèbre de Scholastique Mukasonga (qui obtient le Prix Renaudot pour son roman éponyme) le film Notre-Dame du Nil est réalisé par le cinéaste d’origine afghane Atiq Rahimi lui-même lauréat d’un prix Goncourt. Récompensé de l’Ours de cristal pour le meilleur film dans la section Generation 14 du festival de Berlin, Notre-Dame du Nil est sorti en France avec succès le 5 février 2020. Auréolé de prestigieuses récompenses dont deux Léopards d’Or de Locarno, Le Père de Nafi de Mamadou Dia (Sénégal) met en scène deux frères dans une petite ville alors que se profile la menace d’un extrémisme religieux. Un divan à Tunis de Manele Labadi, est une comédie d’une rare finesse qui trace le portrait d’une psychanalyste fraîchement débarquée dans son pays natal pour exercer un métier peu traditionnel. Lors de sa sortie en France le film a obtenu un succès formidable.

Les courts métrages de fiction offrent un regard très diversifié sur la production de l’année et ce sont des œuvres aux styles variés : 28 jours de Jahêna Louisin (Togo), Agapapuro de Poupoune Sesonga (Rwanda), Au pays de l’oncle Salem de Slim Belhiba (Tunisie), Divines 419 de Johannes Krug (Ghana), Famille de Catherine Cosme (France), Habib (Égypte) de Shady Fouad, Je vais tout raconter de Mohamed Benabdallah (Algérie), Le chant d’Ahmed de Foued Mansour (France), Nos voisins de Delphine Kabore (Burkina Faso), Pour un rien de Sekou Oumar Sidibe (Burkina Faso) Rebe de Serge Girishya (Rwanda), Suru de Kismath Baguiri (Bénin), Tabaski (Sénégal) de Laurence Attali, Village apaisé de Issouf Bah (Mali).

Vues d’Afrique a toujours fait une place de premier choix aux documentaires. Ce sont de véritables regards qui font connaître avec une acuité toute singulière les multiples facettes de la réalité qu’ils peignent.

Aux frontières du texte d’Arnold Antonin (Haïti) s’attache au grand poète Anthony Phelps. Haiti a toujours rêvé d’avoir sa chanson de geste. Il y a eu une obscure tentative au début du 19e siècle : L’Haïtiade. C’est au 20e siècle qu’Anthony Phelos, admirateur de Pablo Neruda, lui donnera son « Chant général »: Mon pays que voici.

Cilaos de Claire Perdrix, née à Madagascar, plante sa caméra dans les hauteurs de la Réunion à Cilaos où, générations après générations, des hommes et des femmes se sont échinés à travailler une terre ingrate et difficile d’accès. Longtemps, ils n’ont pas eu le choix. Aujourd’hui, ils pourraient partir ou faire autre chose, mais ils répètent les mêmes gestes agricoles que leurs aïeux, adoptent les mêmes postures douloureuses sous des conditions climatiques de moins en moins maîtrisables. Alors, pourquoi rester à Cilaos ? Congo Lucha est le 5e documentaire de Marlène Rabaud (Qui a tué Laurent-Désiré Kabila ?), multiprimé notamment au Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains à Genève et au Festival International du Grand Reportage d’Actualité et du Documentaire de Société (Saint-Omer, France). Lauréat du Prix Albert Londres de l’audiovisuel (Paris), Congo Lucha suit la lutte pacifique de jeunes qui militent pour le départ du président Kabila.

Ils n’ont pas choisi de Youlouka Damiba et Gideon Vink (Burkina Faso) traite d’un sujet délicat sur le continent africain : l’homosexualité. S’agit-il d’une abomination, d’un péché, d’une pratique importée d’Occident ou d’une orientation naturelle ? De Yaoundé à Douala, en passant par Abidjan et Dakar, ce documentaire d’investigation réalisé par deux cinéastes du Burkina Faso pose les bases d’un enjeu fondamental pour les sociétés africaines.

Kafe Negro, une histoire de migrations de Mario Delatour (Haïti) raconte essentiellement les vagues de migrations des travailleurs haïtiens à Cuba qui ont, au fil du temps, profondément transformé la culture et la démographie de l’île et permis le développement de cette caféiculture à Cuba. Avant tout, ce documentaire a fait le choix de montrer les mains des travailleurs plutôt que de faire chanter chiffres, productions, rendements. Il se regarde comme un hymne au travail manuel.

Il y a 30 ans, le cinéaste Philippe de Pierpont rencontre six enfants des rues au Burundi et leur promet de les filmer à chaque étape charnière de leurs vies. Aujourd’hui, il les retrouve pour la quatrième fois : ils ont quarante ans et ne sont plus que trois. C’est la trame de son film La prochaine fois que je viendrai au monde.

Mahmoud Jemni aborde pour la première fois en Tunisie le thème brûlant et actuel du racisme avec Non, Oui.
Dans Pour quelques bananes de plus, Bernard Crutzen mène une enquête approfondie sur les conséquences néfastes sur la santé du chlordécone utilisé dans les bananeraies des Antilles.

Tilo Koto, sous le soleil (France) de Sophie bachelier et Valérie Malek, et l’histoire d’un homme brulé dans sa chair et son âme par l’enfer de l’émigration qu’il sublimera par la peinture.

Silent Forest de Mariah (États-Unis, Cameroun, Congo) est un portrait intime des écologistes qui luttent pour arrêter le braconnage des éléphants de forêt et le trafic d’ivoire dans le bassin du Congo en Afrique.

Les courts métrages, Famara de Yoro Mbaye, Sénégal, Inkerson de Derhwa Kasunzu de la RDC, Il faut créer de Natacha Diafferi Dombre (Haïti) et La Inna Gobir de Ado Abdou (Niger) complètent ce panorama documentaire.
Des films d’animation sont aussi au programme avec Bintou mariage précoce, de Mamahadou Kheraba Traore (Sénégal), Fidélité à tout prix de Boris Kpadenou (Togo), Machini de Frank Mukunday et Trésor Tshibangu (RDC) et Speak brother speak de Dawuud dit Kamun Cérito (Guadeloupe).

La section « Regards d’ici » est un volet important de la programmation du festival qui propose des créations de cinéastes du Canada dont les sujets d’inspiration proviennent des pays africains. Cette sélection présente des films nationaux sur l’Afrique, les pays créoles ou qui traitent de la réalité de ces populations dans leur pays d’accueil. Ce sont souvent des coproductions qui favorisent des échanges culturels très fructueux.

Myopia de Sana Akroud (Canada – Maroc) raconte l’histoire de Fatem, enceinte dans son sixième mois, obligée de quitter son village perché dans la montagne, pour chercher des verres de vision pour l’aîné de son village car c’est la seule personne à pouvoir déchiffrer les lettres envoyées par leurs membres de famille partis travailler dans les villes.
Pour ne plus mourir de Simon Plante (Canada – Bénin). La mort du frère aîné de Médias Gayet, jeune entrepreneur béninois, a grandement affectée sa famille. Parallèlement au portrait très sensible que dresse le réalisateur de cette famille africaine endeuillée, il explore les différentes facettes de la riche spiritualité africaine du berceau du Vaudou, le Bénin.

Qu’ils partent tous de Sara Nacer (Canada – France – Algérie). Le 22 février 2019 marque le début d’un mouvement historique en Algérie, dans un premier temps contre la candidature du président Bouteflika à un cinquième mandat, puis pour le départ de tous les anciens dignitaires du régime, et la mise en place d’une Deuxième République. La cinéaste Algéro-Canadienne Sara Nacer revient en Algérie pour capturer à travers sa caméra ce « Hirak » (mouvement en arabe). Elle nous invite dans son voyage à découvrir comment la jeune génération mène cette « révolution du sourire » avec une forte conscience politique, culturelle et sociale, construisant ainsi l’Algérie 2.0.

Des courts métrages font aussi partie de cette section avec Badera de Catherine Veilleux (Canada – Guinée), Eponek de Kris Burton et Samuel Matteau (Canada – Martinique), Le dilemme de Ma’ d’Alexa Carrénard (Canada – Haïti), Migration d’Olivia Perillo et Syd Horn (Canada – Louisiane), Playeros : travailleurs des plages d’Alexandre Beaumont-Vachon (Canada – République dominicaine – Haïti), Sa Ka Vinn Lanwit de Mark Sylver Junsunn Lo (Canada – Louisiane) et Un parcours de lutte et de liberté de Marie-Denise Douyon et Radu Jaster (Canada).
En ces temps difficiles, il est important de se montrer créatif, uni et solidaire. C’est pourquoi les Matinées ciné-jeunesse seront également offertes dans le cadre du Festival International de cinéma Vues d’Afrique dans son nouveau format numérique du 17 au 26 avril pour une diffusion sur TV5unis.ca.

Les jeunes pourront regarder de chez eux un ou plusieurs courts métrages d’animation, de fictions et documentaires sélectionnés selon des thématiques définies. Ils auront également accès à des ateliers et performances qui seront mis en ligne sur notre site internet vuesdafrique.org en cliquant sur Baobar Virtuel.

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