Montréal, 13 juin 2016 – Le 19 mai dernier, des représentantes de 12 associations professionnelles de créateurs et de créatrices oeuvrant dans le domaine culturel québécois ont répondu à l’invitation de Réalisatrices Équitables à participer à une journée d’étude. Cette journée était consacrée aux questions d’égalité homme/femme en culture, un domaine d’activité professionnelle traditionnellement masculin, dont les modes de rémunération n’ont pas encore été mis à jour selon les principes québécois d’équité en emploi. En rassemblant les données chiffrées disponibles et en les comparant, les participantes souhaitaient comprendre quelle était la place des créatrices dans le paysage culturel.
Le mot « créatrice » désigne ici une personne qui génère directement les idées, les concepts, la vision, l’esthétisme et le contenu d’une œuvre (en arts visuels, en écriture, en mise en scène, en composition musicale, en jeux vidéo, en réalisation, etc.). Ont aussi été incluses les personnes qui occupent un poste clé dans la création et dont l’impact participe de manière importante à la singularité de l’œuvre (interprétation, direction artistique, direction photo, etc.).
Ont participé à cette rencontre les représentantes des réalisatrices de cinéma (Isabelle Hayeur, RÉ), des réalisatrices de télévision et de web séries (Nicole Dussault, ARRQ), des auteures en radio, télévision et cinéma (Joanne Arseneau, sartec), des techniciennes de l’image et du son (Catherine Tessier, AQTIS), des auteures et traductrices de théâtre (Marie-Ève Gagnon, AQAD), des interprètes, concepteures et metteures en scène de théâtre (Julie Vincent, CQT), des actrices, chanteuses, animatrices et danseuses (Denyse Marleau, UDA), des écrivaines (Danièle Simpson, UNEQ), des auteures-compositeures (Marie-Josée Dupré, SPACQ), des créatrices de jeux vidéo (Anne Gibeault), des artistes en arts visuels (Nathalie Dussault, RAAV) et des centres d’artistes en arts médiatiques (Mercedes Pacho, AAMI).
Les données cumulées ont placé les participantes face à un constat alarmant : peu de femmes, voire pratiquement aucune dans certains secteurs, créent l’imaginaire collectif québécois et canadien. Ce manque de regards féminins dans les postes clés de création a pour conséquence d’exposer chaque jour les enfants, les adolescents et les adultes à des contenus, des modèles esthétiques et des modèles comportementaux qui sont issus, en très grande majorité, des imaginaires et des fantasmes masculins. Unanimement, les participantes se sont entendues sur ce principe fondamental : pour refléter la société québécoise dans toute sa diversité, la culture doit être créée par l’ensemble des personnes qui la compose.
On compte 51% de femmes au Québec, mais cette moitié de la population participe très peu à la création de l’imaginaire collectif. Selon le rapport de l’UNESCO de 2014 « Égalité des genres, culture et patrimoine », à l’échelle mondiale, les postes clés en création de la culture sont encore traditionnellement masculins, et ce, même si les femmes représentent de loin la majorité des consommateurs de biens culturels et qu’une majorité de femmes sont inscrites dans les cours universitaires liés à la culture.
Dans un deuxième temps, les participantes ont réfléchi à des solutions pour que les femmes deviennent une partie prenante incontournable de la création de la culture au Québec et au Canada. Cinq recommandations sont issues de cette réflexion et visent à obtenir graduellement – et rapidement! – l’équité en emploi dans les métiers clés de la création culturelle. Le rapport de la journée d’étude et les recommandations seront déposés au Ministère de la Culture et des Communications du Québec, au Secrétariat à la condition féminine du Québec, ainsi qu’à Patrimoine Canada dans les prochaines semaines.
À la fin de cette journée d’étude, les participantes ont créé un nouveau groupe de pression : la Coalition pour l’égalité homme femme en culture. C’est sous cette appellation qu’elles poursuivront leurs actions.
Créé en janvier 2007, RÉALISATRICES ÉQUITABLES (RÉ) est un groupe de pression composé de réalisatrices de cinéma et de télévision ayant comme principal objectif d’atteindre l’équité pour les femmes dans le domaine de la réalisation au Québec. RÉ veut obtenir des mesures concrètes afin que les fonds publics destinés au cinéma et à la télévision soient accordés de façon équitable aux réalisatrices et qu’une place plus juste soit accordée à leurs préoccupations, à leur vision du monde et à leur imaginaire.