En 2019, trois écoles de Montréal et de Québec et autant de traiteurs à vocation sociale prenaient part à un projet pilote de repas scolaires sains et abordables. Quatre ans plus tard, La Cantine dans les écoles est bien en selle avec 12 traiteurs et 40 écoles dans 6 régions. Un modèle inspirant pour un futur programme universel de dîners scolaires à l’échelle de la province.
Cette année, 15 000 enfants de Montréal, Québec, Laval, du Lac-Saint-Jean, de l’Estrie et de Lanaudière auront accès à La Cantine dans les écoles : un programme de repas scolaires de qualité pour tous, sans égard à la situation socioéconomique de chacun. Le prix des repas est modulé selon le budget des familles, via une contribution volontaire.
À Montréal, 22 écoles primaires sont desservies par 6 organismes communautaires locaux ayant pour mission de favoriser la sécurité alimentaire.
Au Québec, un enfant sur six (16,1 %) vivait dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire en 2018. Aujourd’hui, la hausse du prix des aliments crée une pression supplémentaire sur ces ménages. Un enfant qui a le ventre vide ou qui ne peut compter sur un apport nutritionnel suffisant pour bien fonctionner voit ses chances de réussite scolaires compromises.
Mais la situation économique n’est pas le seul facteur qui amène un enfant à sauter un repas ou à ne pas adopter de saines habitudes alimentaires. Par exemple, le manque de temps, une difficile conciliation travail-famille ou des activités parascolaires peuvent être en cause.
C’est pourquoi tous les enfants du Québec devraient avoir accès à des repas sains et nutritifs, pour favoriser leurs apprentissages, leur persévérance, leur réussite scolaire et l’adoption de saines habitudes de vie. L’universalité d’un programme de saine alimentation scolaire au Québec est tout simplement une question d’équité. Il permettrait en outre d’éviter la stigmatisation souvent vécue lorsqu’une mesure d’aide alimentaire ne vise que les élèves issus de familles défavorisées.
« C’est formidable de dire que cette année, 15 000 enfants auront accès à des dîners scolaires de qualité. Mais c’est désolant de voir que de très nombreux enfants n’auront pas cette chance, déplore M. Thibaud. Tous les pays du G7, y compris les États-Unis, qui ne sont pas portés sur les politiques sociales, sont dotés d’un tel programme, sauf le Canada. Qu’attendons-nous? »
À l’approche des élections provinciales, La Cantine pour tous sollicite un engagement des partis pour l’établissement d’un programme universel de repas scolaires au Québec. Dans toutes les régions, l’organisme invite ses partenaires, alliés, sympathisants ainsi que les parents à sensibiliser leurs candidats à l’importance de ce projet.
Bien que le programme La Cantine dans les écoles soit en plein essor et qu’il bénéficie de la reconnaissance et de l’aide financière du gouvernement québécois, sa portée demeure limitée. Afin de rejoindre tous les petits Québécois, il faut passer à une vitesse supérieure.
« Nous ne sommes pas à l’étape du rêve, c’est à notre portée : la croissance impressionnante de La Cantine dans les écoles en fait la démonstration, affirme Donald Boisvert, président de La Cantine pour tous. C’est un projet inspirant, qui peut servir de modèle au Québec. Il puise sa force dans la mobilisation de tous, dans chaque région : les traiteurs, les écoles, les centres de service scolaire, les parents, les acteurs du secteur agroalimentaire… On dit qu’il faut un village pour élever un enfant. Je crois que c’est cette dynamique qui nous permettra de concrétiser un programme à la grandeur du Québec. »
Des faits et des chiffres
16 % des enfants québécois vivent dans des ménages souffrant d’insécurité alimentaire(Tarasuk et Mitchell., 2018)
62 % des enfants de 6e année ne mangent pas les 6 portions de fruits et légumes recommandées (DRSP – CIUSSS du Centre-Sud-de-l’île-de-Montréal, 2018)
⅓ de l’apport énergétique quotidien consommé par les enfants proviennent de repas pris à l’école (Institute of Medicine Committee on Prevention of Obesity in Children and Youth)
37e rang : la position occupée par le Canada parmi 41 pays riches en ce qui a trait à l’accès des enfants aux aliments nutritifs (Coalition pour une saine alimentation scolaire)
G7 : le Canada est le seul pays du G7 à n’avoir ni programme national d’alimentation scolaire ni normes nationales (Coalition pour une saine alimentation scolaire)
L’apprentissage, la réussite scolaire, la santé globale et l’égalité des chances sont positivement impactés par l’accès à des repas sains (MEQ, ONU )