À l’approche d’un rendez-vous électoral, les questions économiques défraient la chronique et le citoyen lambda s’intéresse au bilan économique du parti au pouvoir et les enjeux économiques des différents programmes des partis en course pour les prochaines élections.

Il s’agit dans ce papier de dresser un portrait succinct des différents indicateurs socio-économiques de l’économie canadienne pour éclairer la lanterne des électeurs. Cet exercice se penchera sur l’analyse d’un ensemble d’agrégats macro-économiques, notamment la croissance, l’emploi, le chômage et la dette.

L’économie canadienne est-elle en bonne santé ?

Après le ralentissement de la croissance économique enregistré à la fin de 2018 qui a été occasionné, selon Statistique Canada, par la contraction des dépenses d’investissement et la baisse des dépenses des ménages, l’économie canadienne reprend de la vigueur au deuxième trimestre de 2019 en affichant une croissance annualisée de 3,7%. Ce solide redressement, dépassant toutes les prévisions, a été réalisé grâce à l’augmentation des exportations de biens au deuxième trimestre (3,2%) et des revenus soutenus par un marché du travail solide qui stimule les dépenses de consommation et l’immobilier résidentiel. Cette vigueur surprenante risque de ne pas faire florès pour longtemps en raison des turbulences du contexte international engendrées par la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine et le flou qui environne le Brexit.

En plus de la croissance, le marché de l’emploi canadien affiche des statistiques reluisantes. Avec une création de 248 000 emplois au premier semestre de cette année, dont la majorité à temps plein, le marché de l’emploi canadien affiche un taux de chômage faible (5,7%). Ce taux est proche du creux historique (le plus bas depuis 1976) enregistré en mois de mai dernier (5.4%). En effet, depuis l’amorce de son mandat en octobre 2015, le gouvernement libéral a créé 1,2 millions d’emplois nets. En corollaire à la baisse du chômage, les salaires continuent de progresser, avec une croissance de 4,5% enregistrée en juillet 2019 (Statistique Canada). Cette augmentation devrait stimuler la consommation des ménages malgré un fardeau d’endettement élevé (plus de 2000 milliards de dollars, avec un ratio d’endettement de 180 %, c’est-à-dire, pour chaque dollar de leur revenu annuel net d’impôt, les Canadiens doivent en moyenne près de 1,80 $). Pour stimuler la consommation des ménages qui est moteur de croissance, le gouvernement Trudeau a misé fortement sur la classe moyenne (cette strate sociale à une propension marginale à consommer élevée) pour en faire son cheval de bataille, et à qui il a attribué des avantages (allocation canadienne pour enfants et allègements fiscaux). Ces mesures ont élargi la classe moyenne (la proportion des Canadiens qui se situaient dans la classe moyenne est 41,9 % en 2017, alors qu’elle était de 40, 4% en 2013) et diminué le taux de pauvreté qui est passé à 9,5% en 2017, un taux historique jamais enregistré auparavant.

Au chapitre de la dette publique, le rapport de la dette au PIB a été ramené à 30,9% à la fin de l’exercice 2018-2019, alors qu’il était de 31,3 % en 2017-2018. Le poids de la dette canadienne est le plus faible des pays du G7, ce qui a permis au Canada de conserver son triple A de l’agence de notation Moody’s. Malgré l’augmentation du volume de la dette lors du mandat des libéraux (le retour à l’équilibre a été ajourné en raison des dépenses en investissements jugés nécessaires pour soutenir une croissance à long terme), passant de 616 milliards de dollars en 2015-2016 à 685,5 milliards de dollars en 2018-2019, le service de la dette a baissé pour la même période de 25 à 23 milliards de dollars et ce, en raison des taux d’intérêt demeurant bas.

En somme, l’économie canadienne, à l’approche des élections fédérales, affiche des indicateurs au vert, synonyme de sa bonne santé, mais cela suffirait-il pour gagner la confiance des électeurs canadiens ! C’est le suffrage universel du 21 octobre qui en donnera le verdict !

Sofiane Idir

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