Qui a dit que naître femme dans une contrée lointaine ne permet pas d’exploiter sa propre entreprise, une fois au Québec? Pourtant, nombreuses sont celles qui osent faire le grand saut, une fois bien installées dans leur terre d’accueil. Bien qu’elles adoptent des sphères d’activités toutes aussi différentes les unes que les autres, elles sont toutes animées par la même passion et ont même une autre caractéristique commune : elles doivent trimer dur pour y arriver. En effet, nombreux sont les obstacles qu’elles doivent franchir pour se lancer en affaires et y réussir. Si elles doivent faire face à des difficultés communes à celles des entrepreneures québécoises de souche, comme la conciliation travail-famille, par exemple, il n’en demeure pas moins qu’elles doivent aussi faire face à d’autres difficultés comme la culture, l’adaptation à un nouveau milieu et la langue, entre autres.

Il demeure cependant des obstacles majeurs qui sont souvent inconnus des Québécois pure laine. Dans la grande majorité des cas, l’accès au financement est plutôt ardu, surtout au moment du démarrage de l’entreprise, mais également, lors des années subséquentes. Dans plusieurs cas, les défis sont imposants car elles démarrent une entreprise dans un domaine où elles ne possèdent pas nécessairement une expertise particulière ou encore, parce qu’elles sont nouvellement arrivées au pays et qu’elles ont beaucoup à apprendre sur les caractéristiques de la société québécoise. Des défis supplémentaires face aux critères d’éligibilité aux programmes de financement, l’intolérance aux risques financiers, l’insuffisance de ressources financière et la situation économique du ménage est précaire ou encore, elles ignorent les ressources d’aide existante pour les entrepreneurs et parfois même, les contraintes institutionnelles. Un autre obstacle à leur intégration comme entrepreneures résiderait dans le fait qu’elles éprouvent des difficultés à gagner la confiance de la société et ce, à plusieurs niveaux. Selon une étude menée à la Chaire Claire-Bonenfant de l’Université Laval, en février 2014, certaines d’entre elles ont déclaré que la clientèle québécoise s’avère souvent méfiante car elle manquerait de confiance envers leurs entreprises alors que d’autres estiment que les individus de leur propre communauté d’origine seraient en cause en réclamant des faveurs indues en raison de leur origine commune, ce qui causeraient problème étant donné que la solidité financière de leur entreprise ne leur permettrait pas de consentir des faveurs. Finalement, un troisième groupe de femmes d’affaires desservant surtout leur communauté d’origine en répondant à des besoins spécifiques, a avoué ne pouvoir dépendre de la clientèle québécoise pour l’expansion de son entreprise. Ce qui limiterait les opportunités d’affaires. On constate donc que mis à part les défis communs aux entrepreneurs québécois ou non, les entrepreneures immigrantes doivent fournir des efforts supplémentaires pour espérer réussir en affaires. Martine Dallaire (L’initiative)

Read previous post:
Close