Ce corpus d’œuvres abstraites met l’emphase sur la géométrie et la plasticité de l’image. Les rigoureuses compositions picturales varient d’un artiste à l’autre, grâce à l’exploration approfondie de divers médiums (fil synthétique, photographie, aquarelle, peinture, sculpture). Ces artistes sont unis par leur quête d’un ordre géométrique, rappelant la force de la ligne et l’expressivité des couleurs de l’œuvre significative et éminente de Fernand Toupin.
Ornées de motifs répétitifs et structurés, qui sont réalisés à partir d’observations, de croquis, de manipulations d’origamis ou d’assemblages, les œuvres de l’exposition créent des résonnances visuelles vibrantes. Elles confondent notre regard via des procédés d’illusions, ou bien nous ancrent dans un rapport direct aux formes, aux couleurs. Ces territoires visuels insoupçonnés font un survol honorifique sur un passé témoin de l’émergence d’un nouveau mouvement pictural au Québec dès 1955; l’abstraction géométrique dont l’artiste plasticien Toupin fût l’une des figures marquantes.
Florence Giroux Gravel crée des œuvres 3D composées d’une multitude de fils. L’artiste utilise ces derniers comme pigments, en s’inspirant de la nature, pour explorer la brillance, la spatialité et la perception de la profondeur et du mouvement. Giroux Gravel tend soigneusement ces fils et les accumule dans ses compositions méticuleuses et fourmillantes de couleurs. Comme dans une œuvre pointilliste, elle fait apparaître des mélanges chromatiques complexes qui se transforment au gré des déplacements du spectateur, provoquant une multiplication des points de vue. Il en résulte une expérience entre les limites du visible et de l’invisible, où rythme, résonance et vibration se fusionnent.
Gilles Tarabiscuité explore la relation entre l’humain et la machine dans le contexte contemporain du numérique. Il fabrique de fausses images digitales via un processus photographique en explorant un rapport direct à la forme 3D, confectionnée au préalable par l’artiste. À travers un processus de va-et-vient entre la sculpture et l’image, Tarabiscuité met en scène des hauts-reliefs polygonaux afin de créer des photographies qui semblent numériques, mais qui sont, en réalité, des « photographies pures », c’est-à-dire sans retouches. Vibrantes de couleurs et de tons de lumière, ces œuvres épurées et composées de figures tridimensionnelles flottant élégamment dans l’espace mystifient notre rapport à l’image.
Dans ses œuvres récentes, Stéphanie L’Heureux poursuit son exploration de l’expressivité de la forme géométrique, la ligne et l’intensité de la couleur. Ses peintures et aquarelles sur papiers rappellent les compositions de la mosaïque, la courtepointe et l’origami. L’Heureux s’inspire des traces laissées par la manipulation du papier, matière délicate, mais résiliente, pour créer des compositions dynamiques. Ses œuvres évoquent le passage du temps, marquées par l’action du pliage du papier. Mises en valeur par des choix précis de couleurs, l’artiste nous livre ainsi avec assurance la puissance des fondements de la composition picturale.
Fernand Toupin (1930-2009) est l’un des signataires du manifeste des Plasticiens (1955), aux côtés de Louis Belzile, Rodolphe de Repentigny (Jauran) et Jean-Paul Jérôme, se positionnant comme un pionnier de l’art moderne au Québec. Il est surtout reconnu pour ses « matières » et ses abstractions géométriques. Ces dernières, travaillées en aplats, évoquent la force de la ligne pure, les contrastes vibrants de couleurs et le potentiel plastique de la peinture. Toupin ira même jusqu’à conférer au canevas de nouvelles formes irrégulières avec des « shaped canvas », ses « aires éclatées », une innovation formelle de l’époque moderne.
Notez qu’il n’y aura pas de vernissage le 2 mars mais que nous organisons des rencontres avec les artistes les samedis de 14h à 17h: Stéphanie L’Heureux le 5 mars, Claude Gauthier*(1) (Agent de Fernand Toupin 1930-2009) le 12 mars, Florence Giroux Gravel le 26 mars et Gilles Tarabiscuité le 2 avril.
*(1) Ami de l’artiste Fernand Toupin (1930-2009) depuis les années 70, Monsieur Claude Gauthier est son agent depuis 1993. Il a consacré une partie de son temps à faire la promotion et la valorisation de l’œuvre du plasticien auprès des musées et galeries. Nous sommes heureux de vous permettre de rencontrer, samedi le 12 mars de 14h à 17h, celui que nous appelons, l’agent, l’expert, l’évaluateur de l’œuvre de Toupin avec qui la Galerie Bernard collabore depuis 2001.