La galerie Noel Guyomarc’h vous invite à découvrir l’univers poétique de la talentueuse artiste Aurélie Guillaume. Observatrice attentive de son environnement, Aurélie a créé une série de bijoux et objets en émail et d’illustrations pour apporter de la douceur et d’éclats dans notre quotidien. Nous sommes particulièrement heureux que Toni Greenbaum, historienne d’art américaine de renom, écrive cet essai sur les nouvelles créations d’Aurélie Guillaume.
Enfin de la douceur!
Dans son dernier corpus d’œuvres réunis sous le titre Le Poème, l’artiste québécoise Aurélie Guillaume s’éloigne de son format habituel de grandes broches en émail cloisonné représentant des personnages imaginaires, comme issus de bandes dessinées. Animée par le souvenir de son enfance sur l’ile de la Martinique, de moments simples, doux et calmes passés avec sa famille, Mlle Guillaume a créé à la fois des bijoux et des objets plus délicats et un peu plus petits, souvent texturés dimensionnels, cinétiques et librement peints avec l’émail plutôt que figés comme par la technique du cloisonné.
L’isolement en raison des restrictions dues à la Covid-19 au cours de l’année écoulée a intensifié la volonté de Mlle Guillaume de créer des œuvres évoquant une vision poétique de son environnement immédiat. Amplifiant son lien habituel avec la nature, elle s’est immergée dans les plaisirs simples de la vie quotidienne que nous tenons généralement pour acquis. Elle s’est concentrée sur les trésors de la nature trouvés juste devant sa porte, la flore et la faune fleurissant dans les forêts avoisinantes, les insectes qui la faisaient rire et les fleurs qui parlaient d’amour. Elle a réalisé de délicieux dessins, aquarelles et gouaches, qu’elle a transformé la plupart du temps en bijoux intimes, tendres et doux, comme l’exprime l’artiste, atténuant le manque temporaire d’interaction humaine causé par la pandémie.
L’un des bijoux les plus convaincants de la série est le pendentif composé de matières et techniques diverses qui prend la forme ronde d’un coussin moelleux. Une multitude de minuscules fleurs en émail bleu a été cousu individuellement sur une structure organisée de rangées de rubans ondulés rick-rack. La surface qui en résulte se lit comme un tapis d’éléments libres en mouvement qui chatouillent la peau au toucher, mais qui demeurent néanmoins stables en raison de la base solide et souples à la fois. Un thème qui traverse plusieurs œuvres est l’étincellement. Une broche en émail en forme de cœur inversé présente un visage avec des taches blanches parsemant au hasard un fond noir qui passe doucement de l’obscurité à la lumière. L’effet scintillant des étoiles illuminant un ciel nocturne est rehaussé par des yeux en saphirs jaunes et des joues parsemés de multiples zirconiums. Une autre broche, symbolisant l’amitié sous l’apparence d’une tête de chien, est rendue dans des tons d’émail cloisonné jaune et orange, avec des orbes de zirconiums vert foncé brillants. Son verso, comme la broche cœur, présente une surface scintillante d’émail noir; mais ici, l’effet est amplifié par de véritables paillettes, tandis qu’une clôture assemblée par des bandes ondulantes d’argent oxydé, qui enveloppe le dos, représente la barrière que nous érigeons souvent avant d’accueillir de nouvelles relations.
Regarde le ciel avec moi, 2020
Broche / Brooch
Tu as vu comme ça brille là-haut?, 2020
Broche / Brooch
En 2019, Aurélie Guillaume a fait une résidence à Pékin, en Chine, où elle s’est lancée dans une étude intensive du cloisonné, une technique dans laquelle les artisans chinois ont toujours excellé. Souhaitant faire une série de soliflores en émail, elle a conçu de minuscules récipients en cuivre qui ont été soigneusement fabriqués dans son atelier à Montréal, puis émaillés avec des images florales dans de splendides teintes pastels. Une broche en émail aux motifs fantaisistes présente neuf fleurs de coquillage sculptées à la main, trouvées dans un marché de bijoux chinois. Qu’il s’agisse de broches, de pendentifs, d’objets ou de peintures, les œuvres qui composent Le Poème sont paisibles et apaisantes; ils nous font sourire comme les merveilles naturelles qui les ont inspirés – un soulagement bienvenu après une année des plus éprouvantes. Toni Greenbaum, Brooklyn, 2021
Toni Greenbaum est une historienne d’art américaine spécialisée en bijoux du 20ième et 21ième siècle. Elle est l’auteur du livre Les Messagers du Modernisme, bijoux artistiques aux États-Unis de 1940-1960 (une publication du Musée des arts décoratifs de Montréal) et Sam Kramer : Jeweler on the Edge. Elle enseigne un cours Theoryand Criticism of Contemporary Jewelry au Pratt Intistute à Brooklyn, NY.
L’artiste Aurélie Guillaume joue avec le lien ancestral entre la technique de l’émail (dans laquelle le verre en poudre est fusionné au métal en le cuisant à haute température) et l’art de la narration. Là où des créateurs d’autres siècles auraient pu présenter des récits religieux dans leurs objets aux couleurs vives, Guillaume se tourne vers le Street art, la bande dessinée et d’autres formes de culture populaire. Elle a étudié la bijouterie, le design et l’orfèvrerie à l’École de joaillerie de Montréal et à l’Université NSCAD à Halifax en Nouvelle-Écosse. A seulement 30 ans, elle a un parcours impressionnant. Avec plus de 40 expositions à son actif, ses œuvres ont été exposées en Amérique du Nord, en Europe, en Asie et sont incluses dans les collections de la Enamel Arts Foundation à Los Angeles, du Museum of Art and Design de New York, du University of Iowa Museum of art, de la Pureun Culture Foundation à Séoul, en Corée du Sud. Récipiendaire du Prix François Houdé en 2018, sa broche Théodule Pilule est maintenant dans la collection municipale d’œuvres d’art de la Ville de Montréal.
L ‘exposition se poursuit jusqu’au 20 mars 2021.
The exhibition continues until March 20, 2021
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