Profonde, poétique et délicieusement décalée, la pièce est une radiographie vivante de Montréal qui met à nu ses fondations, anciennes et modernes. Une meta expérience de la collectivité avec des visions féministes contrastées. De sa couche la plus extérieure – une pluie de correspondances – à son noyau le plus profond – un complot pour détruire La Machine – la véritable cible de la pièce est le tokénisme. Tout cela dans une ville qui ne peut même pas aligner ses rues avec les quatre points cardinaux! Mise en garde au public: vous êtes invités à une célébration grinçante de Montréal.

L’action débute alors que deux artistes non-binaires et appartenant à des « minorités visibles », sont mandatées pour écrire une pièce bilingue qui doit aborder les thèmes que sont le Québec, le féminisme, l’histoire des femmes, l’amour et l’immigration…rien de moins ! La première autrice se rebelle: « Je préfère mourir plutôt que d’écrire le spectacle féministe multiculturel. […] J’ai l’impression de nourrir un monstre. » La seconde répond :  » Je ne me réveille pas le matin en me disant: Oh que je suis diverse!! […] Faisons éclater ces catégories ». Il n’en faut pas plus pour que le chaos intersectionnel s’empare de leurs plumes!

Les autrices construisent un système labyrinthique de personnages et de situations pour piéger et exposer Habibi, cette « machine tentaculaire mangeuse de données » qui se nourrit du contenu que les artistes produisent. Nous voyons alors Montréal dans une multitude de perspectives: celle d’une écrivaine bloquée luttant contre la procrastination avec du café et des cigarettes, celle d’une jeune voisine de palier immigrante qui refuse l’ordre établi, celle d’une voisine âgée arabophone avec les mains dans la terre, et celle d’un esprit aquatique espiègle qui a plus d’une flèche à son arc. Quand Habibi emprisonne finalement leurs personnages féminins dans l’usine de Théâtre de la Diversité, elles parviennent à renverser la situation et alors, la machine ne peut que s’autodétruire.

Habibi’s Angels: Commission impossible nous renvoie à ces questions fondamentales: comment la carte de la diversité agit-elle comme outil pour conserver l’aveuglement bien-pensant des derniers gardiens du colonialisme? Comment lutter contre une élite oppressive pour créer une véritable démocratisation des arts et de la culture ? Et surtout, à quoi ressemble ce nouveau monde pour lequel nous résistons?

Habibi’s Angels: Commission Impossible est pour Théâtre Talisman une première commande de texte. Talisman est ravi d’avoir réuni les forces créatrices de Kalale Dalton-Lutale et Hoda Adra. La perspective lyrique, magico-réaliste, tragi-comique de Kalale, combinée aux observations franco-arabes acérées sur la culture québécoise et l’énergie slam-poétique de Hoda, ont contribué à composer l’oeuvre. Habibi’s Angels: Commission Impossible sera dirigé par Sophie Gee, metteure en scène sino-canadienne.

Le Théâtre Talisman a été fondé en 2006 par deux diplômées de l’École nationale de théâtre du Canada, Lyne Paquette, maintenant directrice artistique et exécutive, et Emma Tibaldo maintenant directrice artistique et exécutive de Playwrights’ Workshop Montréal en 2008. La mission de Talisman est de produire professionnellement des premières de pièces contemporaines québécoises dans une version anglaise. Le Théâtre Talisman est financé par le Conseil des Arts du Canada, le Conseil des arts et des lettres du Québec, le Conseil des arts de Montréal et la Fondation Cole.

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