« Pour moi, le lancement de cet EP représente la force de caractère que j’ai pris de ma mère et me rappelle qu’il ne faut jamais abandonner »

 C’est en contexte de pandémie, en 2020, que l’identité musicale propre du compositeur-musicien jazz, enseignant et guitariste, Harold Faustin, s’est forgée. Après avoir pris des cours de guitare classique, pour améliorer ses techniques de guitare acoustique, avec le guitariste italien, Alberto Mesirca, pendant deux ans, il a décidé de lancer sa carrière solo. Celui qui était destiné à un avenir d’ingénieur, a vu sa vie faire un virage à 180 degrés, à la suite d’une tournée en Abitibi-Témiscamingue avec des amis qui l’a conduit à passer une audition pour des études collégiales en musique. Trente ans après la sortie de son premier album, Parallélisme, paru en 1993, dans lequel nous avons découvert son style musical, le guitariste nous a présenté son EP Esquisse lors d’un souper-spectacle organisé le 12 novembre au Rendez-vous du thé.

Pour l’occasion, nous nous sommes entretenu.e.s avec lui pour en connaître davantage sur son parcours musical et les défis reliés à la profession. 

Pour l’amour de la musique

D’après ses dires, bien qu’il ait étudié en sciences pures, la musique est une passion pour lui depuis la tendre enfance. La guitare de sa sœur et lui sont inséparables depuis sa découverte. « J’ai toujours écouté la musique, j’ai toujours chanté, j’ai toujours aimé danser. J’ai toujours essayé de mémoriser les textes et les mélodies. J’ai toujours eu des bonnes notes, mais dès que j’ avais terminé d’étudier, je ne voulais que tenir sa guitare », nous a nommé l’enseignant. Depuis cette tournée en Abitibi, il n’a jamais arrêté. La musique a été sa seule option et il espère que cela continuera.

(Le compositeur-musicien de jazz, Harold Faustin, interprétant la chanson Yesterday des Beatles lors du souper-spectacle pour le lancement de son album Esquisse. Photo : Mélissa Jean-Baptiste, Journal l’Initiative)
(Le compositeur-musicien de jazz, Harold Faustin, interprétant la chanson Yesterday des Beatles lors du souper-spectacle pour le lancement de son album Esquisse. Photo : Mélissa Jean-Baptiste, Journal l’Initiative)

Ayant toujours joué de la musique, fait des albums dans le passé avec différents groupes et écrit de la musique pour tout le monde, le lancement de cet album solo représente pour lui le potentiel infini de la créativité humaine. Avec Esquisse, il souhaitait interpréter la musique des artistes qu’il aime. Loin d’être devenu un expert en guitare ou en musique classique, car selon lui cela peut prendre des années, grâce aux cours de musique entrepris il est maintenant en mesure de jouer avec les doigts et connaît la technique de guitare classique.

« Je n’avais jamais pensé à jouer seul, mais après avoir pris mes cours de guitare classique, je me suis rendu en studio pour enregistrer et choisir des pièces que j’aimais et qui touchaient mes émotions. Puis, j’ai eu envie de partager cela avec les gens tout comme l’avait fait le guitariste et compositeur haïtien, Frantz Casseus, en prenant la culture haïtienne, les rites dans la paysannerie, les rites vaudous et les rites du folklore et en les mettant en pratique », s’est exprimé le guitariste.

Une identité propre

Voulant que sa musique lui ressemble, le reflète, qu’elle soit authentique et comme il s’agit de sa culture, le compositeur jazz local talentueux a décidé d’unir ce genre de musique au folklore afro-antillais.

« La musique est l’organisation émotif des gens. Les rimes et les phrases qu’on retrouve : je m’exprime de cette façon. Le vécu influe sur le langage et c’est la même chose pour la musique. Le jazz c’est de l’improvisation musicale, mais il y a des règles musique à respecter et des connaissances à avoir. J’ai été cherché tout le vocabulaire et le discours de ma culture et je l’ai intégré dans ma musique », dit-il.

Bien qu’aux yeux des gens il fait du jazz, comme sa musique a plusieurs influences musicales, pour lui, « il fait du faustin ».

La force d’un peuple

Celui qui puise son inspiration de la créativité et de l’esprit résilient du peuple haïtien, souligne que les haïtien.n.e.s se lèvent le matin en ignorant ce qu’ils et elles trouveront à se mettre sous la dent créent pour vivre à chaque jour. Le musicien nomme s’être toujours basé sur cette façon de vivre, cette résistance et cette créativité pour écrire et composer sa musique.

Leçons de vie

Pour l’enseignant, deux leçons tirées de sa carrière sont bien la persévérance, car il faut persévérer, jamais se décourager et l’ouverture d’esprit. Il nous explique que nous devons aimer les gens, les aider, aller vers eux et vivre avec eux. 

Un projet n’attend pas l’autre

Étant pris sur différents projets, dans diverses provinces depuis le mois d’avril, le compositeur pense amorcer une tournée locale dans les maisons de la culture pour son EP au printemps prochain. Se sentant inspiré, il nomme que l’écriture d’un nouvel album en groupe débutera le lendemain du lancement.

Le grand défi du métier ? « Vivre de son art le plus longtemps que possible. Pour cela, il faut être solide. Sinon, il faut se réinventer. C’est très difficile de faire autre chose alors qu’on a un seul souhait : pouvoir travailler dans la musique », nous a mentionné M. Faustin.

Mélissa Jean-Baptiste

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