Si les conséquences de la pandémie de la Covid-19 ont donné un sérieux coup au moral de beaucoup de gens, on peut imaginer l’impact que cela a pu avoir dans l’esprit de celles et ceux qui sont animés par une certaine créativité et qui doivent puiser au fond d’eux-mêmes pour trouver de l’inspiration.
Cette entrée en matière me paraît fondamentale dans la mesure, où le scénariste et dessinateur français Hervé Bourhis qui a publié Animal Social Club[1] aux Éditions Dargaud, réussit à nous livrer une bande dessinée que l’on peut qualifier de savoureux roman graphique qui s’inspire de l’actualité cinématographique dans un contexte post-covid.
Que l’on ne s’y trompe pas ; si le récit se déroule durant cette période, c’est que l’auteur veut nous rappeler que la vie doit continuer, même si dans cette œuvre, il fait preuve d’un cynisme calculé pour nous faire rire et nous faire réfléchir.
En effet, avec Animal Social Club, Hervé Bourhis s’en donne à cœur joie en explorant les travers de ce monde du cinéma qui nous fait tant rêver.
Au cœur des évènements, deux scénaristes, Thomas et Karine, qui souhaitent réaliser un nouveau film Bankable comme on le dit dans le jargon de la profession. Bien que tout soit mis en œuvre pour réunir comédiens, producteurs, réalisateurs et commanditaires, la chance ne semble pas être au rendez-vous, puisque la piètre réputation de Thomas et Karine les précède. Hubert leur associé les averti : « Bon en tout cas, on part sur un tournage à l’automne prochain. Donc vous avez trois semaines pour boucler le casting ».
La course contre la montre est lancée pour nos deux protagonistes qui font des pieds et des mains pour réunir dans une même production, des comédiens hargneux, des célébrités à l’égo démesuré et des réalisateurs caractériels. Si le doigté est de mise, la manière de faire, laisse à désirer pour mener à bien le projet.
Organisé en trois actes, Animal Social Club est aussi une métaphore de la vie, où rien n’est facile et encore bien moins au cinéma où tous les coups sont permis.
Hervé Bourhis qui a déjà publié des œuvres sur le rock et la musique (Les Petits Livres : rock, Beatles, French Pop, Black Music), nous immerge cette fois-ci dans les coulisses du cinéma à travers cette comédie que l’on peut qualifier de renversante. L’auteur qui dit s’être inspiré des nombreuses et vaines tentatives d’adaptation au cinéma de l’un de ses livres, réussit à rendre hommage au 7e art, tout en caricaturant la société post-covid.
Réda Benkoula
[1] Animal Social Club | Hervé Bourhis (Scénario, Dessin) | 2021 | Dargaud | 120 pages