Il y a parfois des histoires qui sont si bien racontées qu’elles donnent l’impression d’être vraies. C’est justement le cas avec Black Squaw, une bande dessinée qui est inspirée de la vie de Bessie Coleman et considérée comme l’une des pionnières de l’aviation du début du 20e siècle.

Née en 1892, Bessie Coleman a grandi au Texas, un État dominé par le Ku Klux Klan. Fille d’un père amérindien et d’une mère noire, Bessie était issue d’une famille pauvre. Elle a été la première personne d’origine afro-américaine et amérindienne à détenir une licence de pilote qu’elle a obtenu en 1921. À travers le pilotage d’avions, elle prit son envol au-delà de sa condition de femme noire avec du sang indien. En 1926, elle trouva la mort lors de la préparation d’un spectacle de haute voltige à Jacksonville en Floride où elle s’écrasa au sol.

On peut comprendre donc que la vie de Bessie soit une source d’inspiration romanesque pour le scénariste français Yann Le Pennetier (Thorgal, Le Grand Duc), qui a souhaité raconter un récit autour de cette femme, même si l’histoire est une pure fiction. D’ailleurs, en parcourant Black Squaw, on ne peut que vouloir y croire à cette histoire puisque la vie de Bessie, aussi inspirante soit-elle a été semée d’embûches. D’autant plus que sa mort à l’âge de 34 ans, n’a fait que renforcer sa légende.

À travers cette œuvre, Yann prend un certain plaisir en laissant libre court à son imagination afin de nous emmener à la rencontre de cette chevalière des airs, sans pour autant tomber dans la fantaisie.

Ainsi donc, le second album de la série qui s’intitule Scarface[1], vient compléter le premier épisode qui a été publié en 2020 chez Dupuis. Scarface qui veut dire le Balafré en français, était le surnom d’Al Capone, pour qui Bessie aurait travaillé durant la période de la prohibition. Cette passionnée des airs, se révèle être un atout majeur en étant au service de ce grand nom du crime organisé. En plus de vivre dangereusement, elle doit aussi faire face aux membres du Klan qui ne supportent pas de voir une femme noire s’émanciper comme elle le fait.

En prenant comme points de repère des épisodes de vie de cette fille des airs, Yann nous invite à vivre au rythme de ses nombreuses rencontres en oscillant entre le passé et le présent. À travers de brefs flash-backs, il nous conditionne pour comprendre la spiritualité de Bessie et sa détermination à être qui elle est.

L’articulation du scénario est justement mise en valeur par les dessins clairs et attrayants d’Alain Henriet qui prend soin de créer un univers graphique qui respecte jusqu’aux moindres détails le contexte historique de l’époque.

Il faut mentionner enfin que les deux bédéistes qui ont déjà collaboré ensemble dans Dent d’ours, nous entrainent une fois de plus dans une épopée qui donne envie de s’élever.

Réda Benkoula

[1] Black Squaw. Tome 2 – Scarface | Yann, Alain Henriet | Dupuis | 2021 | 48 pages

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