En entendant le titre de cette pièce de théâtre, vous vous dîtes qu’il s’agit peut-être d’une adaptation du «J’accuse» de Zola à propos de l’affaire Dreyfus, mais il n’en est rien.
«J’accuse» qui est écrite par Annick Lefebvre et mise en scène par Sylvain Bélanger, est la combinaison de monologues vibrants de cinq femmes fortes, prenant leur place dans un «militantisme intime», où la parole devient un véritable exutoire.
«J’accuse» nous fait voyager dans l’univers de cinq femmes, qui sont interprétées par Léane Labrèche-Dor, Debbie Lynch-White, Catherine Paquin-Béchard, Alice Pascual et Catherine Trudeau. Agées entre 25 et 35 ans, les actrices qui sont toutes de la même génération sauront tantôt vous choquer, vous faire réfléchir, vous faire rire et même pleurer.
Il est d’ailleurs très rare de voir des pièces qui accordent autant d’importance à de jeunes personnages féminins forts et complexes, en dehors des stéréotypes.
Les cinq personnages de l’histoire forment une bonne représentation de l’ensemble des femmes du Québec : la première des filles qui est caissière, vend des bas de nylon et en veut à ses clientes carriéristes qui la traitent avec mépris à cause de sa classe sociale jugée inférieure; la seconde, qui est xénopohobe et propriétaire d’une petite entreprise qu’elle a bâti dans un contexte d’austérité économique, accuse les moins nantis de profiter de ses impôts ; la troisième, qui est d’origine immigrante est intègre, essaye de faire sa place dans la société québécoise, et accuse les québécois de ne pas encourager ses efforts d’intégration ; La quatrième, qui est une grande admiratrice d’Isabelle Boulay, répond aux critiques faites par l’auteure de la pièce sur son idole ; enfin la cinquième est celle qui aime, qui aime trop, qui aime mal.
Écrite sur cinq ans, «J’accuse» est une synthèse de petites enquêtes, d’observations sociales et du vécu d’Annick Lefebvre.
Cette pièce d’environ deux heures est aussi une interrogation sur la place du travail dans une société de femmes, dans une perspective d’équité et d’égalité.
«J’accuse» est en supplémentaire au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 24 février.
Darryl Giraud