Pour leurs 20 ans, les Journées de la Schizophrénie auront lieu du 18 au 25 mars 2023 dans une dizaine de pays francophones. L’enjeu de cette semaine « évènement » : déconstruire les stéréotypes autour de la schizophrénie, un trouble mental multiforme, dont sont atteintes près de 24 millions de personnes dans le monde (OMS) dont plus de 85 000 Québécois, et qui survient généralement entre 15 et 25 ans.
Cette année, PositiveMinders veut en finir avec une idée reçue tenace, celle du « schizophrène fou et dangereux » et mobilise des experts pour illustrer de façon inédite la diversité des formes de schizophrénies et leur évolution.
Attachée à une communication de sensibilisation positive et originale, l’association propose également une expérience musicale immersive, menée en collaboration avec Para One, compositeur et producteur de musique électronique.
Il n’existe pas « UNE », mais « DES » schizophrénies : une maladie aux formes multiples
Dangerosité, dédoublement de la personnalité, imprévisibilité… Les clichés les plus discriminants collent à la peau des schizophrènes. En matière de santé mentale, la parole s’est libérée ces dernières années, mais cette libération n’a pas toujours profité à la schizophrénie, qui reste une maladie méconnue et très stigmatisée. À qui la faute ? Aux fausses idées. Ainsi, plus de 85 000 Québécois atteints de ce trouble psychique – qui survient généralement entre 15 et 25 ans – sont encore victimes de rejet et
d’exclusion.
Longtemps sujet de débats entre les scientifiques, il est maintenant admis que la schizophrénie regroupe des troubles très hétérogènes : il n’existe pas « une » schizophrénie, mais « des » schizophrénies, dont les symptômes sont variables selon les personnes. Les origines et les mécanismes biologiques de ces troubles sont divers et les troubles eux-mêmes peuvent prendre des formes très différentes. Si certaines formes (actuellement, 35 types sont recensés par la classification WKL des psychoses) ont d’excellentes perspectives d’évolution symptomatique, d’autres voient les symptômes perdurer avec des degrés de sévérité inégaux.
Dans une démarche à la fois scientifique et de déstigmatisation, PositiveMinders a mobilisé un groupe d’experts (psychiatres, chercheurs et psychologues)1, afin d’illustrer les formes de cette pathologie et de son évolution. Les experts rappellent que la
plupart des personnes concernées vont changer de diagnostic au cours de leur vie et que cela restera normal tant que toute les formes de schizophrénies n’auront pas été associées à des marqueurs biologiques.
Cette illustration rappelle également l’importance d’un accompagnement précoce et personnalisé pour chaque patient, malheureusement encore trop peu proposé hors des centres spécialisés.
Aujourd’hui, une prise en charge adéquate et sur mesure combine traitement pharmacologique, thérapies cognitives et psychosociales, ce qui permet, la plupart du temps, d’obtenir un rétablissement durable pour la majorité des patients.
Une création musicale originale pour déstigmatiser « autrement » la schizophrénie
Après avoir invité le grand public à se mettre dans la tête d’un jeune schizophrène, puis joué avec les codes des séries de type Netflix, l’association sort de nouveau des sentiers battus en s’associant cette année à Jean-Baptiste de Laubier, alias Para One – DJ, compositeur et producteur de musique électronique français – et à son label Animal 63, afin de proposer une expérience musicale immersive.
Composant aussi pour le cinéma, Para One a déjà exploré des sujets en lien avec des intrigues psychologiques et les états d’âme des personnages. Il est notamment l’auteur des BO de La Naissance des pieuvres, Tomboy, Bande de filles, Portrait de la jeune fille en feu ou encore Petite maman de la réalisatrice Céline Sciamma.
Réalisateur lui-même, il a sorti en 2022 son premier long métrage hybride Spectre – Sanity, Madness & the Family.
Dans une création musicale inédite baptisée Hearing in tongues, Para One a tenté de retranscrire l’expression des phases de la maladie dans toute leur diversité. Pour cela, il est allé à la rencontre de nombreux patients. « L’émotion qui s’est dégagée de ces rencontres a nourri mon inspiration. J’ai été sidéré de découvrir toutes ces variations de schizophrénies : chacun est extrêmement unique », partage Para One. « Construire ce morceau alliant intranquillité anxieuse et joyeuse a certainement été un des exercices à la fois les plus difficiles et les plus enthousiasmants de ma carrière », ajoute-t-il.