En espace à peine de quatre jours de mars, trois banques régionales américaines ont déclaré leur liquidation. Il s’agit de Silvergate Bank et de Signature Bank, deux acteurs majeurs des cryptomonnaies, et de Silicon Valley Bank, la banque californienne des startups de la tech. En parallèle avec la faillite des banques régionales américaines, le Crédit Suisse, qui fait partie des 30 banques d’importance systémique mondiale, est au cœur d’une série de scandale depuis deux ans précipitant à sa ruine. Il fallait une opération de rachat douloureuse et très critiquée par la presse suisse pour sauver l’immeuble. Le rachat de Crédit Suisse par sa rivale UBS est une transaction de 3 milliards de francs suisses qui a généré un colosse bancaire hors pair, avec plus de 5 000 milliards d’actifs et dont le bilan dépasse désormais le PIB suisse.
L’ampleur de ces déboires qui ont charrié un vent de panique sur les marchés financiers est-elle comparable à celle de la crise financière provoquée par la faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers ? Y a t-il un effet domino à ces faillites bancaires qui provoquerait une crise financière et économique mondiale comme en 2008 ?
Une nouvelle crise financière à l’horizon ?
Avec la faillite en cascade des banques régionales américaines et le sauvetage en urgence de la banque helvétique Crédit Suisse par sa rivale UBS, les souvenirs de la crise de 2008 resurgissent et alimentent des inquiétudes dans le secteur bancaire mondial. Les risques de contagion et les craintes de l’effondrement des systèmes bancaires sont palpables. Dans une telle conjoncture, il fallait assurer l’accès à la liquidité qui se fait en dollar américain demeurant incontestablement la monnaie de refuge en cas de crise. Les banques centrales (Fed, BCE et BNS) ont réactivé dans la foulée l’accord swap de devises.
Ce dispositif permet aux banques centrales de la zone euro, de Suisse et d’autres pays de recevoir des dollars de la Fed moyennant un montant équivalent en euros. Ces échanges de liquidités entre banques centrales permettent d’assurer l’ensemble des prêts à l’économie, de rassurer les marchés et de préserver le système financier. Aussi, pour faire face à des retraits massifs dans les cas des banques régionales américaines et de Crédit Suisse, les banques centrales (Fed et BNS) ont garanti les dépôts moyennant des prêts engageant les actifs des banques en question. Mais contrairement à la crise de 2008, c’est aux actionnaires et aux créanciers d’assumer les pertes, le rôle des banques centrales se limite aux prêteurs en dernier ressort pour éliminer le risque de manque de liquidité pouvant être répandu en cas d’aversion extrême au risque. Encore une fois ces déboires bancaires ont montré que la détention des réserves obligatoires (10 à 15%) ne suffit pas quand une banque voit ses clients lui réclamer en masse leurs dépôts en espace de quelques heures.
Certes, il est difficile de prévoir une crise financière, mais dans un contexte de remontée des taux d’intérêt, beaucoup de banques ayant emprunté à des taux bas sont contraintes de rembourser aujourd’hui avec de l’argent qui coûte plus cher, ce qui pourrait se traduire par d’autres déboires bancaires, et à l’horizon, une nouvelle crise financière ! En effet, l’un des facteurs de la chute des banques régionales américaines est la hausse des taux d’intérêt dans le cadre de la politique monétaire de lutte contre l’inflation menée par les banques centrales. Et si beaucoup de banques se trouvaient en difficulté, le dispositif des banques centrales serait-il en mesure de neutraliser le risque d’illiquidité et de préserver l’intégrité des systèmes bancaires ?
Sofiane Idir