La pièce de théâtre La main de Leila qui a été créée en juillet 2016 dont la qualité est incontestable happe d’emblée l’attention du public.
Le cinéma baptisé Le haram cinéma est un lieu où la censure n’a pas sa place. En prenant comme fil conducteur le film Casablanca qui a reçu en 1942 trois oscars, Humphrey Bogard et Ingrid Begman deviennent comme des indicateurs du jeu scénique. Les auteurs, Isker Kamel et Aïda Asgharzadeh, ont travaillé dans un cadre conviviale qui a permis à la pièce de prendre forme au fur et à mesure de l’enchainement des idées. Les séquences qui sont bien synchronisées permettent de changer non seulement le décor mais aussi les tenues vestimentaires des comédiens.
La trame narrative se déroule en 1987, dans le village Sidi Farès en Algérie. Samir rejoue les scènes censurées par l’Etat. Dans le garage transformé en salle de cinéma, les règles sont strictes : l’identité de Samir doit rester secrète et l’accès est interdit aux femmes. Un jour, la fille du colonel Bensaada a fait partie du public. De cette rencontre est né un amour entre Leila et Samir. Les protagonistes mènent le spectateur aux événements du 5 octobre 1988.
Après avoir co-écrit Glad et Les loupiotes de la ville, Kamel Isker, livre avec La main de Leila, sa première collaboration avec Aïda Asgharzadeh, qui signe pour sa part la traduction et la co-adaptation des célèbres romans de Caroll (2012). Azize Kabouche, acteur et réalisateur a joué dans le film Nous trois ou rien de Kheiron.
Kamel Isker raconte qu’il a fallu séjourner quinze jours en Algérie avec le metteur en scène Régis Vallée pour s’imprégner de tout ce qui y est vécu. L’eau qui ne coule pas du robinet, le sucre qu’on ne trouve pas chez l’épicier…ont fait partie du quotidien. Cette réalité amère a cimenté le récit.
En se souvenant du film iranien Et la vie continue de Abbas Kiarostami, Aïda confie qu’ : « On voulait défendre un pays qui était en difficulté ». La présence d’Azize Kabbouche dans La main de Leila donne une saveur particulière au jeu scénique. En portant plusieurs casquettes, il se déguise prouvant d’un côté la facilité à se métamorphoser et de l’autre côté il reflète les multiples facettes que prend un homme en fonctions des changements de situations.
La main de Leila | 2017 | Réalisation : Aïda Asgharzadeh et Kamel Isker | Mise en scène : Régis Vallée | Prestation : Aïda Asgharzadeh, Kamel Isker, Azize Kabouche
Lamia Bereksi Meddahi
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