Selon un sondage commandé par l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ) et réalisé par la firme Léger marketing, du 9 au 12 décembre auprès de 1 000 adultes, plus des trois quarts des Québécois (78 %) considèrent qu’une consommation modérée d’alcool correspond à 5 consommations ou moins par semaine. 

Une perception différente selon le groupe d’âge

Les jeunes de 18 à 34 ans sont les plus enclins à avoir une telle perception (82 %) comparativement à leurs aînés (76 %). Ce sondage démontre ainsi une cohérence entre la perception d’une consommation modérée d’alcool pour les Québécois et les nouveaux repères sur l’alcool et la santé récemment proposés par le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances.

La population semble se rallier à la science sur sa perception de l’alcool et revoit ses repères. Il faut maintenant s’assurer que les personnes souhaitant consommer moins d’alcool ou s’abstenir de boire puissent être soutenues dans cette décision, au même titre que nous devons mieux soutenir les personnes en situation de dépendance. Savoir est une chose, consommer modérément en est une autre, car actuellement, même si plus de la moitié des Québécois consomment moins de 7 verres d’alcool par semaine, un bon nombre de personnes boivent de l’alcool au-delà d’un niveau à risque faible ou modéré.

L’environnement sociétal en cause

Il importe de comprendre que l’environnement commercial et culturel ne sont pas étrangers à ce phénomène. L’alcool est partout. Il faut cesser de banaliser son usage et surtout sa promotion. Les choix de boire ou non et en quelle quantité ne doivent pas être influencés par une pression commerciale. Si l’on souhaite soutenir le libre choix et favoriser une consommation d’alcool à moindre risque, une attention particulière doit être portée sur l’environnement pour réduire les incitations à consommer. 

Une intervention gouvernementale pourrait aider

Le gouvernement a plusieurs possibilités d’agir, notamment en réduisant les pratiques promotionnelles de la SAQ et en encadrant le marketing dans les espaces fréquentés par des personnes mineures. Au volant, viser la modération ne s’applique pas car, selon les experts, au moment où l’alcool est perceptible dans notre sang, il commence à réduire notre capacité à conduire un véhicule.

Le risque d’être impliqué dans une collision mortelle est multiplié de quatre à six fois quand l’alcoolémie est de 0,05. Chaque année, en moyenne, on déplore 85 décès et 220 blessés graves en raison de l’alcool au volant au Québec. Le taux de 0,08 d’alcoolémie est une limite criminelle et non, une cible. Sachant que l’alcool influence nos réflexes, notre vision et notre jugement, le gros bon sens est idéalement, que l’on s’abstienne de boire de l’alcool quand on prévoit conduire.

Le Québec est en-deçà des standards des autres provinces canadiennes pour sa limite d’alcoolémie pour la conduite Comme on le rappelait dans le documentaire Péter la balloune d’Hugo Meunier, le Québec traîne de la patte en matière d’encadrement de l’alcool au volant. Imposer des sanctions administratives à partir d’une alcoolémie de 0,05 a fait ses preuves au sein des autres provinces pour changer la mentalité quant à l’alcool au volant et réduire les accidents. La population québécoise a évolué et, aujourd’hui, la plupart des gens comprennent qu’éviter de boire lorsqu’on prévoit conduire est la meilleure stratégie pour éviter des blessures et des décès. Comme dans le reste du pays, le Québec est capable de s’adapter à une nouvelle limite de 0,05.

Martine Dallaire, B.A.A.

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