Mohamed Mbougar Sarr qui a déjà publié Terre ceinte (2015, prix Ahmadou-Kourouma), Silence du chœur (2017, Prix-littérature-Monde), Des purs hommes (2018) vient d’obtenir le prix Goncourt 2021. Il revisite l’histoire de l’écrivain TC. Elimane, auteur de Le labyrinthe de l’inhumain (1938).

Soupçonné de plagiat comme il en a été le cas du malien Yambo Ouologuem après avoir obtenu le prix Renaudot en 1968, TC Elimane suscite la curiosité du lauréat du Goncourt. Il retrace le parcours de ce « Rimbaud nègre » tel que surnommé par la critique.

Dès le début Mohamed Mbougar Sarr cite Roberto Bolaño : « Un temps la Critique accompagne l’œuvre (…) Et un jour l’Œuvre meurt, comme meurent toutes les choses, comme le Soleil s’éteindra, et la Terre, et le Système solaire et la Galaxie et la plus secrète mémoire des hommes ».

 

Quête et enquête :

Quand l’honnêteté d’un écrivain est remise en question il lui est deux possibilités soit prouver qu’il est l’auteur du manuscrit soit se retirer totalement de la scène littéraire. C’est cette attitude qu’a eue TC Elimane. C’est autour des femmes et des hommes que se tissent les enquêtes pour témoigner d’une situation, d’un fait, d’une rencontre espérant retrouver les traces de l’écrivain. Les liens entre eux, racontent la mémoire de ce qui se cache souvent dans un cadre politique, généalogique. Ils sont là pour monter que l’Histoire se transmet et ne se garde pas dans un tiroir.

L’auteur se livre parfois à des détails dont le lecteur peut se passer. Un sens de l’humour enveloppe la plus secrète mémoire des hommes[1]. Les mots sont choisis pour assurer la fluidité du récit. Il est des instants où un flux d’informations envahit le texte. La lecture devient ainsi vacillante.

La plus secrète mémoire des hommes est l’histoire d’un livre, d’un auteur, d’une vie. Si Le labyrinthe de l’inhumain écrit en 1938 n’a pas eu la reconnaissance nécessaire au point d’offusquer son écrivain, le vingt et unième siècle lui rend hommage en accordant un Goncourt à celui qui a fait parler ce qui est passé sous silence.

Lamia Bereksi Meddahi

[1] Mohamed Mbougar Sarr, La plus secrète mémoire des hommes, Ed.Philippe Rey/Jimsaan, 2021. 457 pages.

By Lamia Bereksi Meddahi

Lamia Bereksi Meddahi est l’auteure de la première thèse de doctorat sur le dramaturge algérien Abdelkader Alloula. Elle a publié La famille disséminée, Ed/marsa, 2008, une pièce de théâtre Dialogues de sourds, Ed/L’harmattan, 2014. Elle enseigne à l’université Paris XII et se consacre à la littérature maghrébine ainsi que le théâtre dans le monde arabe. Depuis 2014, Lamia est membre de l’équipe éditoriale au journal L'initiative.

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