Aïd-El-Adha ou la fête du sacrifice, appelée aussi Aïd-El-Kébir, correspond au 10ème jour du mois lunaire Dhou-Al-Hijja et vient marquer aussi la fin des rituels du pèlerinage -Hajj-. Elle coïncide cette année avec le 16ème jour de juin 2024.
La fête du sacrifice est l’occasion pour célébrer la tradition du prophète Abraham -Ibrahim- qui incarne l’esprit de la foi, manifesté dans le geste du sacrifice.
La célébration de l’Aïd commence par une prière collective, dès la première heure de la journée. La prière collective est une occasion pour rappeler les principes de la foi, les vertus du partage, du sacrifice, de la solidarité et du pardon. Pour tous, une occasion pour implorer le pardon de Dieu et faire acte de pardon envers son prochain et pour s’échanger les meilleurs vœux.
Ce n’est qu’une fois la prière terminée, que commence le rituel, qui consiste au sacrifice d’un mouton ou équivalent, dont la viande est répartie en trois parties : un tiers à distribuer aux nécessiteux, un tiers à offrir parmi la famille et les amis et on ne garde rien que le tiers restant.
L’Aïd est aussi un jour exceptionnel de fête, pour célébrer la convivialité sociale. Tout doit être beau et prêt pour la fête. Les gens préparent leurs maisons pour l’occasion et préparent les délicieux gâteaux traditionnels aux amandes et autres, pour garnir la table généreuse de l’Aïd et achètent des beaux vêtements de l’Aïd à leurs enfants.
Venu le jour de l’Aïd, villes et villages vibrent au rythme de la fête. Les enfants déambulent les parcours animés, pour vivre en commun la joie, échangent avec leurs pairs et éprouvent la joie de dépenser l’argent reçu en cadeau pour se gâter et se faire plaisir, et ce dans les nombreux magasins achalandés. Les familles s’échangent les vœux lors des visites, célèbrent en commun et se font servir les délicieux gâteaux préparés la veille pour l’occasion.
Rendre visite aux malades, aux ainés et aux personnes vulnérables pour échanger les vœux et célébrer ensemble est la partie incontournable pour généraliser la fête et propager la joie.
Aussi, le monde des vivants profite de cette occasion festive pour associer le monde des morts à sa fête. En ce jour de l’Aïd, tous visitent les cimetières et rendent un chaleureux hommage aux défunts de la famille.
En terre d’immigration, comme c’est le cas ici au Québec, la communauté des musulmans use subtilement de son génie pour réinventer les conditions festives. C’est dans les grandes salles de réception et d’hôtels que de grandes rencontres sont organisées par territoire, pour célébrer la prière de l’Aïd, échanger vœux, joie et pardon.
La fin de semaine qui suit, ces mêmes salles ouvrent leurs portes aux familles pour partager joie et fête. En plus d’une foire alimentaire, les chorales de chants, les ateliers de henné, les kiosques d’exposition et les jeux gonflables contribuent à la joie de la fête.
L’évènement vient aussi célébrer la fin des rituels du pèlerinage -Hajj-. Le pèlerinage aux lieux saints de l’Islam est l’un des cinq piliers de la foi musulmane ; acte que doit accomplir une fois dans sa vie, tout musulman ayant la capacité et disposant des moyens.
C’est bien à la Kaaba, centre de gravité de l’Islam et vers laquelle se dirigent tous les musulmans du monde, au moins cinq fois par jour, lors de l’accomplissement de leurs prières, que doivent commencer les rituels du Hajj.
C’est par la déambulation autour de la Kaaba que le musulman doit commencer ses rituels. La Kaaba, cette première demeure de la foi que Abraham bâtît jadis avec l’aide de son fils Ismaël. Depuis, cette bâtisse sacrée sert pour les célébrations de la foi. C’est bien à partir de cette tribune, que le prophète Mohammed -que le salut soit sur lui-s’adressa aux Mecquois, lors de son retour en force de Médine-après avoir été forcé à l’exil, ainsi que ses compagnons et destitués de leurs biens. C’est à partir de cette tribune qu’il lança le manifeste de la paix et indiqua aux musulmans la voie de la paix et du pardon. Devant les regards attentifs et les âmes abattues par la crainte et la peur de vengeance affichés par ceux qu’hier l’ont chassé de sa ville, le prophète Mohammed-que le salut soit sur lui- déclara le message du pardon – qu’attendez-vous de moi : je ne suis qu’un frère généreux, fils d’un frère généreux, partez-vous êtes tous libres-.
C’est avec une prière devant le sanctuaire d’Abraham et une marche sur le parcours de Safaa et Marwa, suivie d’un passage à la fontaine bénie de ZamZam, sur les pas de Hajer -Agar- la femme d’Abraham et mère d’Ismaël, que finit cette première tranche de rituels.
Le mont Arafat distant de quelques kilomètres de la Mecque, accueille tous les pèlerins au grand congrès de la foi, le jour avant l’Aïd. Sur les hauteurs de Arafat, que tous les musulmans se réunissent de l’aube jusqu’au coucher pour célébrer la foi, pour méditer et prier. Et le jour de l’Aïd-El-Adha vient marquer la fin des rituels du Hajj
Dr. Brahim Benyoucef
