Selon une étude du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), publié en mars 2021, il est estimé que 931 millions de tonnes de nourritures, soit 17% de la nourriture totale disponible pour les consommateurs en 2019, ont été jetées dans les poubelles des ménages, des commerçants au détail et des restaurants. Ce gaspillage démesuré est à peu près l’équivalent du poids de 23 millions de camions de 40 tonnes, permettant de faire 7 fois le tour de la Terre, en file indienne.
En plus de l’ampleur vertigineuse du gaspillage alimentaire, cette étude a révélé que ce fléau est mondial, il touche aussi bien les pays développés que les pays sous-développés. Dans presque tous les pays qui ont mesuré le gaspillage alimentaire, ce dernier était important quel que soit le niveau de revenu, rapporte l’étude. Ce sont les ménages qui gaspillent le plus, avec 61% des pertes alimentaires, indique le rapport du PNEU. Au niveau mondial, un ménage gaspille en moyenne 74 kilogrammes chaque année. Les restaurants et les commerce de détail représentent respectivement 26% et 13% de ce gaspillage.
Devant ce gaspillage alimentaire indécent, il est judicieux de rappeler que 690 millions de personnes ont été touchées par la faim en 2019 et trois milliards de personnes ne pouvaient pas se permettre une alimentation saine. En plus de contribuer indirectement à la famine dans le monde, le gaspillage alimentaire entraine d’autres impacts environnementaux, sociaux et économiques considérables. Le gaspillage alimentaire contribue amplement à l’émission de gaz à effet de serre. Selon les scientifiques, environ 10% des émissions de gaz à effet de serre proviennent des aliments gaspillés, qui finissent dans les sites d’enfouissement, en produisant du méthane, un puissant gaz à effet de serre. Il contribue également à la destruction de la nature et à l’épuisement des ressources (la production du gaspillage alimentaire consomme l’équivalent du lac Léman en eau dans les Alpes et utilisent 30% des terres cultivées chaque année), en apportant de sérieux préjudices à la biodiversité. « La réduction du gaspillage alimentaire permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de ralentir la destruction de la nature par le biais de la conversion des terres en évitant leur pollution, d’améliorer la disponibilité des aliments, donc de réduire la faim et d’économiser de l’argent en cette période de récession mondiale », a déclaré Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE, dans le communiqué ayant accompagné la publication de cette étude.
Les Canadiens gaspillent trois millions de tonnes de nourriture chaque année
Comme l’a révélé le rapport du PNUE, tous les pays du monde sont impliqués dans le gaspillage, mais à des degrés différents. Ce sont les pays de l’Amérique du Nord et de l’Europe qui gaspillent le plus, suivis par les pays industrialisé de l’Asie, notamment la Chine. En Amérique du Nord, ce sont les Canadiens qui figurent à la première place des gaspilleurs, en dépassant les Américains, qui sont plus nombreux (330 millions), et qui gaspillent chaque année près de 20 millions de tonnes d’aliments. En 2019, les ménages canadiens, à eux seuls, ont gaspillé près 3 millions de tonnes d’aliments, ce qui donne une moyenne de 79 kilogramme par habitant. Selon une étude (2022) du Conseil National Zéro Déchet, 63% de la nourriture que les Canadiens jettent aurait pu être consommé.
La lutte contre le gaspillage alimentaire est un exercice au quotidien qui incombe tout le monde, le citoyen lambda, les entreprises et le gouvernement. La réussite d’un tel exercice passe inéluctablement par la sensibilisation et l’intégration de simples gestes responsables à notre routine quotidienne. A cet effet, plusieurs organismes précurseurs proposent des astuces simples et ingénieux pour réduire le gaspillage alimentaire (J’aime manger, pas gaspiller Canada, Recyc-Québec, Metrovancouver…).
Sofiane Idir
