Le gouvernement du Québec continue de subventionner à pleines mains l’industrie forestière malgré son constant déclin depuis le début des années 2000. Dans une note publiée aujourd’hui, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) démontre que l’industrie est à la croisée des chemins : il faut renouveler le modèle avant de perdre davantage.
«Alors que l’économie du Québec souffre des conséquences de la pandémie, le gouvernement doit cesser de subventionner l’industrie forestière sans se poser de questions. L’industrie forestière n’est plus ce qu’elle était et si la tendance se maintient, les belles années ne reviendront pas. Les pâtes et papiers et l’exploitation forestière sont en chute libre, le nombre d’emplois baisse sans arrêt depuis l’an 2000. Les travailleurs ont tendance à avoir des augmentations de salaire plus faibles que le coût de la vie », explique un des chercheurs derrière cette étude, Bertrand Schepper, qui a dû produire 200 demandes d’accès pour obtenir un portrait clair de la situation.
Le gouvernement ne lésine pourtant pas pour aider cette industrie. En 2019, il a octroyé 370 M$ pour les travaux sylvicoles et le développement de l’industrie des produits forestiers. Or, la grande générosité du gouvernement ne paie pas : chaque dollar dépensé par le ministère des Forêts de la Faune et des Parcs rapporte 0,41 $ en recette forestière. Les revenus en redevances et taxes d’opération sont passés de 517,6 M$ en 2000 à 193,1 M$ en 2013.
Faits saillants de l’étude :
• Le nombre d’emplois dans l’industrie forestière a chuté de plus de 35 %, passant de 94 000 en 2001 à 59 900 en 2018 ;
• Le poids de l’ensemble de l’industrie forestière passe de 2,63 % à 1,71 % du PIB entre 1997 et 2018 ;
• Au Québec, 8,5 % des municipalités manifestent une légère dépendance à l’industrie de l’exploitation forestière et 5,5 % une dépendance importante ;
L’exploitation forestière est l’industrie des ressources naturelles qui coûte le plus cher par dollar dépensé par l’État.
Les emplois de l’industrie forestière permettent de faire vivre des communautés. La vitalité de certaines régions dépend de la rapidité du gouvernement à réaliser que l’industrie forestière décline malgré les centaines de millions de dollars octroyés en subventions.
«Le Québec est devant un choix crucial : continuer à subventionner les yeux fermés ou transformer l’industrie rapidement pour sauver les emplois en région. Il faut diversifier les activités de la forêt en encourageant par exemple le tourisme, la création de forêts de proximité et l’exploitation de la biomasse. Le gouvernement doit ouvrir les yeux et changer sa façon de contribuer au développement de l’industrie forestière : les belles années sont derrière nous », de conclure Alexandre Bégin, coauteur de l’étude.