Quelques jours au mois de novembre dernier étaient suffisants pour provoquer la faillite de FTX, la deuxième plate-forme d’échange de cryptomonnaies au monde, pourtant elle était l’une des plus sûres. Cette banqueroute, qui est comparée par les spécialistes à celle de Lehman Brothers pour les banques, a décimé complètement la fortune de son PDG, Sam Bankman-Fried, estimée à 16 milliards de dollars.

La chute de FTX et sa contagion a entrainé dans son sillage environ 130 entreprises affiliées à cette plate-forme d’échange, qui ont dû suspendre certains retraits pour leurs clients.

Comment le krach de FTX a été provoqué ? Et quelles sont ses répercussions sur le secteur des cryptomonnaies ?

Un Krach aux allures d’un scandale

Selon la presse américaine, il semble que le PDG de FTX a utilisé les capitaux de ses 100 000 clients pour faire des spéculations risquées pour le compte de son entreprise de cryptomonnaies, Alameda Research, crée aux Bahamas en 2017 et était à l’origine de lancement du FTX. Pourtant cette pratique est interdite aux États-Unis par la règle Volcker, l’amendement modifiant le Securities Act de 1933. Le 2 novembre, CoinDesk, le site d’actualités spécialisé dans les monnaies numériques et sur la base d’examen d’un document privé, a révélé une information de taille sur FTX et sa plate-forme de trading Alameda Research. En effet, au 30 juin, cette dernière avait sur son bilan 14,6 milliards de dollars d’actifs sous forme de FTT, une crypto lancée par FTX. À vrai dire, ces actifs qui sont créés par FTX n’avaient pas de contrepartie en monnaie fiduciaire et ne représentaient pas d’autres cryptomonnaies.

Suite à cette révélation fracassante, Changpeng Zhao, le PDG de Binance, l’une des plus grandes plates-formes d’échange de cryptomonnaies, a décidé de se débarrasser de ses FTT pour plonger les clients de FTX dans la panique. Son tweet du 6 novembre dans lequel il a publié cette décision était fatale pour FTX, et a fait dégringoler la valeur de ses FTT, perdant en quelques jours 93% de leur valeur. Dans cette panique, les demandes de retrait affluaient sur la plate-forme Almeda Research sans pouvoir les satisfaire. Selon l’AFP, FTX doit environ 3,1 milliards de dollars à ses cinquante plus gros créanciers. En effet, il reste beaucoup d’ombre dans l’affaire de FTX que seule une enquête sérieuse puisse expliquer les raisons d’une telle déconfiture.

Quel avenir pour le secteur des cryptomonnaies ?

La secousse qui a ébranlé le secteur de cryptodevises a porté un coup dur à la confiance des investisseurs et risque de compromettre l’avenir de ces monnaies alternatives !

Malgré le succès fulgurant des cryptomonnaies ces dernières années, leur statut demeure flou et leur cadre règlementaire est souvent absent dans plusieurs pays. L’effondrement de FTX a mis en exergue le manque de transparence et d’encadrement qui caractérise le marché des cryptodevises, ce qui remet en avant l’importance d’une régulation par un cadre juridique encadrant l’usage des cryptomonnaies. Nous retenons de ce constat que les troubles qui affectent ce secteur ne viennent pas des technologies innovantes sur lesquelles il s’appuie (blockchain, réseau numérique d’enregistrement, processeurs marchands de conversion en monnaie fiduciaire…), mais bel et bien de l’absence d’une régulation qui assure un fonctionnement sain du marché.

Or, la nature décentralisée et internationale des cryptomonnaies éloigne la possibilité que les gouvernements instaurent des réglementations à leur sujet, au moins des mesures fiscales et celles concernant la lutte contre les activités criminelles potentielles. L’avenir des cryptodevises dépend de leur viabilité technique et économique à long terme qui renvoie au fonctionnement de leur écosystème exigeant des règles souples et claires, et une acceptation gouvernementale, afin de renforcer la transparence et de réduire les menaces et l’incertitude.

Sofiane Idir

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