Il existe une tendance chez la catégorie des nouveaux arrivants au Québec, qui possèdent des hauts diplômes, de décider « de retourner aux études », c’est pourquoi, suivre une formation de perfectionnement pour changer de domaine semble être une étape nécessaire aux yeux de certains immigrants, pour intégrer le marché du travail. Pour certains, il y a le passage, presque obligatoire, par l’inscription aux cours de langues (français ou anglais), alors que pour d’autre, c’est de suivre des cours à l’université ou au Cégep, dans le but d’appuyer leur effort pour trouver du travail.

Pourquoi ce « retour aux études » des nouveaux arrivant? Nous avons posé ces questions à quelques immigrants pour comprendre leur point de vue. Les réponses que nous avons eu se regroupent en deux axes.

Premier axe :

Il se focalise sur l’idée qui est résumée par Samer A. et qui est arrivé à Montréal depuis plus de cinq ans. Il pense qu’il n’est pas nécessaire de faire une formation, sauf si le nouvel arrivant veut changer son domaine ou de spécialité. « Dans ce cas, il faut faire attention à notre choix de formation », précise-t-il. À ses yeux, ce qui est nécessaire est de chercher les formations qui sont demandées dans le marché du travail. Selon lui, un immigrant vient avec des diplômes et des expériences et ce n’est qu’une perte de temps de refaire des études dans le même domaine. Il nous a donné aussi des exemples sur des gens qui ont fait des formations sans réussir à trouver un travail dans leurs domaines finalement. Pour Samer A. rien ne garantit qu’après avoir suivi une formation, cela pourrait aboutir à un travail.

Un point de vue partagé par Mustapha J. qui est détenteur d’une maîtrise en Informatique et plusieurs années d’expérience dans le domaine : « En fait, mon diplôme est reconnu au Québec, comme je l’avais obtenu en France…, je ne suis pas d’accord pour refaire des études ici parce que j’ai plus de dix ans d’expérience et je trouve très décevant d’insister sur l’expérience québécoise, c’est comme si on nous pousse pour reprendre les études, mais je n’accepte pas de les refaire, parce que je l’ai déjà fait et c’est la même chose », souligne Mustapha J. en ajoutant qu’il est capable de suivre les derniers ajustements dans le domaine tout seul : « maintenant tout est sur le Net ». Pour lui, ce qui n’est pas facile, c’est être évalué avant d’être expérimenté. « Ne pas avoir une chance sans passer par une formation locale (au Québec) est injuste. Une fois arrivé ici, on a des factures à payer, donc on a deux choix : soit on est obligé de reprendre les études en espérant que cela va régler le problème, ce qui n’est même pas sûre, ou bien on accepte n’importe quel boulot « alimentaire » avec un salaire minimum. Ce qui est désolant, mais on n’a pas d’autre choix ». Un avis soutenu par monsieur Saaid M. qui ajoute qu’ « on a le sentiment que les employeurs québécois ignorent complètement comment on choisit les immigrants avant de venir au Québec. Les critères d’acceptation des immigrants exigent parfois que ces-derniers aient des diplômes universitaires et même des fois de hauts diplômes. Les employeurs ignorent nos diplômes et exigent une expérience québécoise, ce qui nous pousse à travailler comme manœuvres. En ce qui me concerne, j’étais obligé de cacher mon diplôme lors de la présentation de ma candidature pour réussir à avoir un travail dans un entrepôt qui est loin de mes qualifications. Bien sûr j’ai postulé avant à plusieurs offres d’emplois dans mon domaine mais en vain, malgré mes années d’expérience dans une organisation internationale sous prétexte que je manque de cette expérience québécoise.

En tout cas, je conseille à tous les immigrants de ne pas baisser les bras, c’est notre nouvelle situation, mais comme c’est notre choix de venir, il faut arrêter de râler et essayer de s’en sortir pour avoir un meilleur avenir. Pour cela il faut se battre !».

 

Deuxième axe:

Celui-ci montre qu’il est « impératif » de mettre à niveau les connaissances vis-à-vis du contexte québécois : « les méthodes de travail et les techniques ne sont pas les mêmes entre les pays », estime Luis M. qui dispose d’un baccalauréat en Communication audiovisuel dans son pays. Pourtant, après deux ans au Québec, il continue à suivre des formations en francisation, en anglais et en communication : « j’ai appris le français à Montréal, et je poursuis actuellement des cours d’anglais. Entre temps, j’ai suivi une formation de huit mois sur les réseaux sociaux, ce qui était nécessaire pour faire une mise à jour à ma formation, parce que dans ce domaine il y a une évolution rapide et si je veux un jour avoir un travail dans le domaine de la communication il faut suivre les derniers changement », explique Luis M. qui pense que pour travailler en communication, il ne suffi pas de parler la langue française mais, d’avoir un niveau avancé de l’anglais, tant à l’orale qu’à l’écrit : « Avant lorsque j’envoyais des candidatures je ne recevais pas de réponses. Maintenant après ces formations je fais des entretiens d’embauche ».

Cet avis est partagé avec un autre témoignage de Québec Victoria T.qui expliquait sa difficulté de s’intégrer au marché du travail sans avoir suivi une formation au Québec : « J’ai compris après une année de recherche intensive d’emploi dans mon domaine, qu’il était impératif de suivre une formation pour avoir un diplôme québécois qui me permettrait de m’insérer dans la vie professionnelle. C’est vraiment décourageant sachant que je suis titulaire d’une maîtrise et de plus d’une décennie d’expérience. C’est seulement après cette formation que j’ai commencé à recevoir des réponses à mes différentes candidatures ».

Christine. H. qui vient de France, dispose d’une longue expérience en administration, elle est passée par là : «  j’ai fait une formation coaching ici au Québec et j’ai intégré une association. Je pense que cela est bon pour la recherche d’emploi ». Pour Christine H. c’est une étape nécessaire qu’il fallait faire, même si nous venons au Québec avec nos diplômes et nos expériences.

Madame Maya. J., qui a un diplôme en comptabilité et de plusieurs années d’expérience dans le domaine, voit clairement qu’il est « important » de suivre une formation pour comprendre la comptabilité au Québec : « Absolument, il faut faire une formation ici, parce que nous ne travaillons pas sur les mêmes logiciels et le système fiscal n’est pas le même entre le Québec et le pays d’où j’ai eu mon diplôme », c’est la raison pour laquelle elle pense qu’un immigrant ou une immigrante avec un diplôme obtenu hors Québec a du mal à intégrer le marché du travail québécois. Sans oublier que suivre une formation dans notre domaine pourrait ouvrir des portes, parce que cela pourrait nous fournir un bon réseautage dans notre domaine qui pourrait être utile pour trouver un travail » rappelle madame Maya J.

De ce qui précède on constate qu’il revient à chaque adulte de reprendre des études ou non et selon son besoin, pour évoluer dans la carrière personnelle, pour développer des connaissances techniques, intégrer le marché du travail ou tout simplement pour le plaisir de faire connaissance avec d’autres personnes du même domaine d’étude.

Akhlasse Hamdan

akhlasse.hamdan@linitiative.ca

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