Dans son communiqué de presse publié le 17 mai 2021, l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), a indiqué que le rythme effréné des ventes de logements au Canada s’est ralenti en avril. Après avoir atteint un sommet historique en mars dernier (69 702 propriétés vendues), le nombre de transactions sur le marché immobilier canadien a baissé de 12, 5% en avril, enregistrant 60 967 propriétés vendues. Les ventes du mois d’avril demeurent tout de même importantes et représentent une hausse de 256% par rapport au mois d’avril 2020, où la demande pour l’immobilier s’est contractée dans un contexte de contraintes sanitaires et économiques.
Les propriétés proposées nouvellement à la vente en avril étaient de 81 124, enregistrant une baisse de 5,4% par rapport au mois de mars. En effet, l’offre restreinte et la pression de la demande ont fait augmenter les prix. L’Indice des prix des propriétés MLS a augmenté de 23% d’une année à l’autre en avril, représentant une augmentation de 2,4% d’un mois à l’autre. Le prix moyen réel des propriétés vendues sur le marché canadien a augmenté de 41,9% d’une année à l’autre en avril, il s’établissait un peu moins de 696 000 $. Comment expliquer l’effervescence du marché immobilier canadien dans ce contexte de pandémie ?
Comment expliquer la frénésie du marché immobilier
Il est bien de rappeler qu’avant la pandémie, tous les signaux étaient au vert (taux de chômage bas, croissance économique soutenue, salaires en hausse…) pour faire durer l’embellie du marché immobilier, mais avec la pandémie de COVID-19, l’incertitude s’est installée sur ce marché. Après deux mois d’arrêt forcé, le marché s’est vite rattrapé, avec un rebond exceptionnel au mois de juin 2020. Il était encore tôt pour se prononcer sur la nature de cette tendance. Les spécialistes s’attendaient à une accalmie en automne avec l’arrêt des allégements hypothécaires et la réduction des mesures d’aide gouvernementales, mais finalement la croissance de ce marché s’est maintenue, avec un rythme soutenu. En effet, plusieurs facteurs expliquent cette frénésie immobilière : taux d’intérêt bas, maintien des aides gouvernementales, niveau d’épargne élevé des ménages, faible stock de maisons en vente, normalisation du télétravail et désir d’avoir de grands espaces, notamment avec le confinement.
La dynamique du marché immobilier : quelles conséquences sur les ménages et l’économie ?
La dynamique du marché immobilier peut soutenir la relance économique à court terme, mais augmente l’endettement des ménages et le risque d’effondrement si l’économie venait de subir un autre choc brutal. Dans sa Revue du système financier de 2021, la Banque du Canada se dit préoccupée par l’endettement des ménages et la hausse rapide des prix de logements. Il est rapporté que depuis le début de la pandémie, la dette totale des ménages a augmenté de 4%. Selon le rapport de la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL), la valeur des prêts hypothécaires résidentiels accordés par les banques canadiennes en 2020, s’est élevée à 305 milliards de dollars.
Dans le contexte du marché immobilier actuel où la spéculation à court terme se poursuit, une bulle immobilière n’est pas à écarter! C’est pourquoi plusieurs spécialistes appellent les décideurs (Banque du Canada, gouvernements fédéral et provincial) à mettre en place des mesures contraignantes et incitatives (hausser le taux directeur, resserrer l’accès aux prêts hypothécaires, augmenter les mises en chantier…) pour calmer l’effervescence du marché immobilier canadien.
Sofiane Idir