Chaque année, cinquante mille nouveaux arrivants s’installent au Québec sur les deux cent cinquante mille qui immigrent au Canada. Le chiffre parait énorme, mais il est dérisoire devant les défis économiques à venir. D’ailleurs, face au vieillissement de la population, il est nécessaire d’avoir plus de travailleurs pour payer les retraites et faire tourner l’économie. Ces travailleurs viennent de partout à travers le monde et nombre d’entre-deux sont sélectionnés pour leurs qualifications et leurs diplômes. Le regard qu’ils portent sur le Québec dépend aussi de l’expérience vécue au quotidien et dans le domaine de l’emploi. En effet, lorsqu’un nouvel immigrant s’installe au Québec, il trouve dans le processus d’accueil, de l’information et des ressources qui sont offertes par le gouvernement, les organismes à but non lucratifs et les centres d’aide à l’emploi. Il apprend à présenter un CV et une lettre de présentation, chose qui n’est pas si compliquée. On l’informe des métiers qui sont réglementés et des ordres professionnels auxquels il faut appartenir. On lui parle des emplois qui demandent la reconnaissance des diplômes…etc. Bref, il passe par tout un processus qui le mène à suivre le chemin des écoliers, lorsque l’on sait que l’on en demandera pas tant à une personne native de la province qui aura cumulé peu d’expérience et moins de diplômes. De plus, lorsqu’on dit qu’il faut en moyenne cinq ans à un immigrant pour trouver un emploi dans son domaine, c’est tout simplement occulter le fait que les employeurs n’accordent pas la chance à ces personnes venues d’ailleurs, qui ont été sélectionnés et qui ont accessoirement payé pour venir s’installer. La raison à cela est simple : étant donné que «le nouveau» ne dispose pas de réseau, il y a de fortes chances qu’il soit confiné à des postes moins payants. Il faut donc démystifier la fameuse expérience québécoise qui ne justifie en rien le fait de ne pas reconnaître préalablement une expérience acquise hors Québec. D’ailleurs, en parlant de l’expérience québécoise avec un comptable, celui-ci me disait ironiquement que 1 + 1 font 2 que l’on soit au Québec ou ailleurs dans le monde. Pourtant, lui qui était déjà comptable dans son pays d’origine a du payer une formation en comptabilité pour simplement la mettre dans son CV afin de pouvoir compter des chiffres. Réda Benkoula (L’initiative)