Le tourisme est le secteur le plus touché de l’économie mondiale par les restrictions et contraintes imposées par la pandémie. Le rapport (juin 2021), présenté conjointement par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et l’Organisation Mondiale du tourisme des Nations Unies (OMT), a indiqué que le tourisme international et les secteurs y afférents ont subi une perte estimée à 2 400 milliards de dollars en 2020 en raison des impacts directs et indirects de la baisse drastique des flux de touristes internationaux. Selon le même rapport, un rebond du tourisme international est prévu pour le second semestre de cette année, mais sur l’ensemble de l’exercice 2021, les pertes seraient entre 1700 et 2 400 milliards de dollars par rapport au niveau de 2019. Pour retrouver les niveaux du nombre d’arrivées de touristes internationaux d’avant la crise sanitaire, il faut attendre jusqu’à 2023, voire plus tard, estiment les experts de l’OMT.
Le marasme qui touche le tourisme est d’une ampleur mondiale et l’industrie touristique canadienne n’est pas à l’abri de ses répercussions négatives. Selon un rapport publié par Destination Canada en mars 2021, la crise actuelle qui secoue le secteur touristique canadien a des répercussions plus profondes qu’elles ne l’étaient après le 11 septembre, le SRAS et la crise économique de 2008 réunis.
L’industrie touristique canadienne : impacts de la crise et opportunités de redémarrage
Le tourisme est d’abord une activité de services. Elle résulte de l’assemblage de plusieurs services fournis par une myriade d’entreprises plus ou moins touristiques. Ces services sont complémentaires et fortement imbriqués les uns dans les autres pour former un tout indissociable. En plus des restrictions liées aux voyages qui ont paralysé ce secteur, cette interdépendance a aggravé les pertes des entreprises touristiques. De tous les secteurs économiques du pays, le tourisme est celui dont les entreprises ont été les plus impactées par la pandémie. Selon Statistique Canada, c’est le secteur du tourisme qui a perdu plus d’entreprises (-9 %) entre janvier et novembre 2020. D’après une étude intitulée « Les répercussions économiques des restrictions de voyage sur l’économie canadienne du fait de la pandémie de COVID-19 », menée par Statistique Canada, les effets de la crise sur le secteur touristique canadien ont engendré une baisse du produit intérieur brut (PIB) du Canada entre 27,9 et 37,1 milliards de dollars et une perte de 400 000 à 500 000 emplois en 2020. Le taux de chômage dans le tourisme (14,6 %) est le plus élevé de tous les secteurs à la fin 2020, en surpassant le taux national (8%).
Si le secteur du tourisme demeure le plus durement touché par la pandémie, son redressement exigera aussi plus de temps que d’autres secteurs. Toutefois, ce redressement peut être accéléré en boostant le tourisme domestique. En effet, plusieurs grandes destinations à travers le monde (Chine, États-Unis, France, Espagne…) ont misé sur le tourisme interne comme un levier pouvant relancer leur tourisme.
En 2019, les Canadiens ont déboursé 28,2 milliards de dollars pour leurs voyages d’agrément à l’étranger (Statistique Canada). Selon les estimations de Destination Canada dans leur rapport de mars 2021, si les Canadiens dépensaient les deux tiers de leur budget réservé aux voyages d’agrément à l’étranger dans le tourisme domestique, cela couvrirait un manque à gagner estimé à 19 milliards de dollars pour l’économie du tourisme et contribuerait à maintenir 150 000 emplois. Ce ne sont pas d’ailleurs les attraits touristiques qui manquent au deuxième grand pays au monde pour attiser le goût de voyage de ses citoyens! Les Canadiens opteront-ils pour la destination Canada pour donner un coup de fouet au tourisme du pays dont les enjeux socioéconomiques sont importants ?
Sofiane Idir