Luc Beauséjour, directeur artistique de Clavecin en concert est heureux de jouer sur cinq clavecins, un clavicorde et un clavecin-pédalier faisant partie de sa collection lors d’un récital qu’il donnera le 24 novembre prochain dans le cadre du festival Bach de Montréal. Cela fait plus de quinze ans que Luc n’avait offert un tel concert et à l’époque, ce fut l’occasion de souligner le 100e clavecin créé par Yves Beaupré dont les opus 1 et 100 figuraient au programme. Cette année, les instruments seront exploités au meilleur de leur personnalité musicale pour que les œuvres soient en harmonie avec chacun.
Le programme débutera avec Jan Pieterszoon Sweelinck (1562-1621). Le Ballo del Granduca SWV 319 (variations sur O che nuovo miracolo d’Emilio de Cavalieri, composé pour La Pellegrina à l’occasion du mariage en 1589 du grand-duc de Toscane) sera joué sur un clavecin fabriqué en 2006 par Yves Beaupré d’après un instrument fait par Hans II Ruckers en 1624 et ravalé (restauré par l’élargissement du clavier vers le grave, notamment) en France autour de 1680. La famille Ruckers, établie à Anvers depuis la fin du XVIe siècle, compte, sur trois générations, les plus importants facteurs de clavecins du nord de l’Europe.
Suivra ensuite Louis Couperin (1626-1661) avec la Pavane en fa dièse mineur G. 120 sur un clavecin fabriqué en 1991 par Yves Beaupré d’après un modèle français du tournant du XVIIIe siècle simplement signé « D. F. ».
En troisième, François Couperin (1668-1733) avec des pièces extraites du Sixième Ordre (Second livre de pièces de clavecin, 1716 ou 1717) jouées sur un clavecin fabriqué en 1981 par Yves Beaupré d’après un instrument fait à Paris en 1681 et signé « Vaudry », probablement le Vaudry qui était à l’époque « facteur d’instruments à la Cour ».
De Jean-Sébastien Bach (1685-1750), la Toccata pour clavecin en mi mineur BWV 914 sera interprétée sur un clavicorde fabriqué en 2012 par Renée Geoffrion d’après un instrument de Christian Gottlob Hubert. D’origine polonaise, Hubert fut actif comme facteur d’orgues, de clavecins et de clavicordes à Bayreuth et en Bavière durant la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Toujours de Jean-Sébastien Bach, deux préludes de choral de l’Orgelbüchlein (BWV 643 et BWV 638) ainsi que le prélude et fugue pour orgue en sol mineur BWV 535 seront joués sur le clavecin-pédalier fabriqué en 2010 par Yves Beaupré d’après des descriptions du XVIIIe siècle. Il ne reste aucun clavecin-pédalier d’époque, mais quelques témoignages attestent de son existence – l’instrument permettait aux organistes de s’exercer chez eux, sans avoir à payer de souffleurs. Le clavecin posé au-dessus du pédalier est de John Phillips.
Après l’entracte, la suite pour clavecin en mi mineur (Pièces de clavecin, 1724) de Jean-Philippe Rameau (1683-1764) sera jouée sur un clavecin fabriqué en 1998 par Yves Beaupré d’après des instruments de Henri Hemsch et de François-Étienne Blanchet, les deux plus remarquables facteurs parisiens du XVIIIe siècle. Hemsch, originaire de Cologne, s’est établi à Paris en 1728, tandis que la famille Blanchet s’étend sur trois générations à partir des années 1680.
Retour pour la finale à Jean-Sébastien Bach avec la suite anglaise pour clavecin nº 3 en sol mineur BWV 808 qui fera sonner le clavecin fabriqué en 2002 par John Phillips d’après un instrument fait en 1768 par Albert Delin. Facteur originaire du Hainaut établi à Tournai, dans l’actuelle Belgique, Delin reste très proche de la tradition des Ruckers.
Luc Beauséjour
Claveciniste et organiste, Luc Beauséjour n’est jamais à court d’idées quand vient le temps de proposer des programmes de concert empreints de raffinement et d’authenticité. Luc Beauséjour mène une carrière très active ; il s’est produit comme soliste en Amérique du Nord et du Sud ainsi qu’en Europe. Luc Beauséjour a reçu sept Prix Félix du Conseil québécois de la musique qui l’a aussi consacré « Interprète de l’année 2003 ». Il a également remporté deux trophées Félix au Gala de l’ADISQ pour deux de ses enregistrements. Luc Beauséjour a joué une grande partie l’œuvre de clavecin et d’orgue de Jean-Sébastien Bach. Il a mené plus de 35 projets de disques, à la fois comme soliste et directeur musical. Depuis 1994, Luc Beauséjour est directeur musical de Clavecin en concert. Il enseigne au Cegep de St-Laurent, au Conservatoire de musique de Montréal et à l’Université de Montréal où il a obtenu un doctorat en interprétation.