Au programme du 22e festival Cinemania de Montréal, «Ma Loute» de Bruno Dumont est aussi désopilant que troublant. D’ailleurs à sa sortie en salles et à sa diffusion lors du festival de Cannes en mai dernier, le long-métrage n’a pas fait l’unanimité auprès des critiques qui peuvent y voir l’exagération du grotesque ou la mise en scène du sublime.
En effet, l’histoire qui se déroule dans le nord de la France en 1910, suit le parcours de deux inspecteurs de police qui sont mal pris à résoudre une enquête. Ce duo à la Laurel et Hardy est aussi maladroit que les personnages Dupond et Dupont de Hergé qui ont du mal dans leur recherche des mystérieuses disparitions dans une bourgade qui nous fait penser aux ch’tis. Au cœur de ce village, une idylle amoureuse prend forme «entre Ma Loute, fils ainé d’une famille de pêcheurs aux mœurs bien particulières et Billie de la famille Van Peteghem, riches bourgeois lillois décadents», comme le résume le synopsis.
Même si d’aucuns apprécieront les prises de vues et les paysages qui se succèdent, certains pourraient être moins patients avec ce film qui exagère délibérément les traits des personnages. On se rappelle d’ailleurs des critiques des spectateurs en raison de la mauvaise image que le film véhiculait des gens du nord, un argument que le réalisateur souhaitait corriger en affirmant que son objectif est de perpétuer la tradition folklorique et carnavalesque des gens du nord.
En effet, le coté caricatural des personnages nous fait penser au film italien «Affreux, sales et méchants» (Brutti, sporchi e cattivi) qui était réalisé par Ettore Scola en 1976 et qui avait reçu le Prix de la mise en scène au festival de Cannes la même année.
Même si la distribution des rôles est bonne avec notamment Fabrice Luchini, Juliette Binoche, Valeria Bruni Tedeschi ou encore Jean-Luc Vincent, le film fera certainement réagir les spectateurs.
Réda Benkoula