Lorsqu’on pense à un mauvais comportement au travail, la plupart du temps, notre réflexe est d’associer cette notion au harcèlement psychologique ou à l’insubordination. On oublie souvent que d’autres comportements, attitudes ou façons de faire, peuvent faire partie de cette catégorie d’actions ou de gestes à ne pas poser au bureau.
C’est également le cas, lorsqu’un problème se généralise au sein d’une entreprise et que ce problème tend à devenir la norme plus précisément, quand une norme morale est bafouée par plusieurs membres du personnel au vu et au su de tous. Cette attitude a un effet d’entraînement qui bouleverse les règles non-écrites voire morales normales au sein du marché du travail.
Le désengagement moral
Le désengagement moral est un phénomène relativement courant. Il s’agit d’un comportement déplorable qui s’installe insidieusement pour finir par devenir routine. Plus le comportement s’installe, plus il se normalise et plus le sentiment de culpabilité va en s’amenuisant. Ce comportement devient tel, que les individus ne voient plus de raison valable de faire autrement et de faire amende honorable lorsqu’ils se font prendre. C’est à ce moment, que les barrières morales finissent par tomber.
Quelques exemples de mauvais comportements au travail
Certaines actions sont devenues si courantes au sein des différentes entreprises, que l’on ne s’en formalise plus. C’est le cas, par exemple, du temps consacré aux appels personnels et à la lecture des courriels à l’aide des téléphones cellulaire personnels des employés. Puisqu’il est difficile de se faire prendre, car il n’existe aucun système de surveillance associé à cette pratique, fureter sur son téléphone cellulaire plusieurs fois par jour semble devenir la norme et ce, quelle qu’en soit la raison. Il en est de même, pour la navigation furtive sur différents sites internet, pour autant que l’internet soit accessible aux salariés durant les heures de travail. De même, prolonger la pause-café ou l’heure de lunch, surtout en période estivale, se fait sans aucun remord. Bien que ces comportements puissent sembler anodins, il n’en demeure pas moins que ces pertes de temps affectent la productivité, favorisent le présentéisme et peuvent également, entraîner des pertes financières pour l’entreprise.
L’utilisation personnelle des outils ou des biens appartenant à l’entreprise compte également parmi les comportements répréhensibles. Qu’il s’agisse d’utiliser le photocopieur de l’employeur à des fins personnelles ou encore, le cellulaire fourni par l’entreprise, peu importe le nombre d’utilisations, cette pratique ne semble ni offenser les employeurs, pas plus que les membres du personnel, puisqu’il en coûte peu aux entreprises, sauf exception.
En revanche, certaines attitudes sont plutôt discutables, puisqu’assimilées à du vol. Dans les entreprises où l’accès aux ressources matérielles est aisément accessible, certains n’hésiteront pas à piger allègrement dans l’inventaire. Si dans certains cas, le coût individuel des fournitures (stylos, papier, clés USB, agrafeuses, etc.) est minime, il s’avère qu’en comptabilisant les coûts annuels, la facture peut s’élever à quelques milliers de dollars. Le vol de ressources matérielles est encore plus coûteux, lorsqu’il s’agit d’équipements ou d’argent en caisse et non, de fournitures (outillage, équipement informatique, marchandise en vente, etc.).
Mettre fin aux mauvais comportements
Afin de diminuer les pertes associées aux mauvais comportements, les entreprises ont intérêt à adopter certaines stratégies. Outre l’approche punitive, qui consiste en mesures disciplinaires diverses telles que les lettres de réprimande au dossier ou la mise à pied temporaire sans solde voire même, le congédiement dans les cas excessifs, la prévention semble la meilleure tactique pour venir à bout de ses mauvaises conduites, surtout en contexte de pénurie de main-d’œuvre. La mise en place d’ateliers et de groupes de discussions et réflexion au sein des entreprises, qu’il s’agisse d’autoréflexion, les «erreurs morales» passées, d’autorégulation, soit contrôler ses envies constituent de précieux leviers individuels permettant de mettre fin au désengagement moral collectif ou d’en freiner l’expansion. Encourager les participants à trouver des solutions lors de ces ateliers, comporte un gage de succès, puisque l’ensemble du personnel participe à la solution.
Outre cela, cette pratique permet à chacun d’exercer son autoréflexion et son autorégulation, et ce faisant, de mieux s’armer pour faire face à une éventuelle tentation de mal agir.
Martine Dallaire, B.A.A.