Après le décoiffant Tungstène de bile en 2015, J-F Nadeau et Stéfan Boucher récidivent leur collaboration avec Nos ghettos, spectacle créé lors de la dernière édition du FTA au printemps dernier.
On est quand même bien dans cette maison-là On a une grande cour, il y a des parcs, des écoles On l’avait vu le ghetto… dès notre première visite du duplex Au coin de la rue, évident et invisible à la fois Un minighetto Apatride, sans nom, vicieux comme un chat malade «Ça ne peut pas être parfait», que tu te dis Puis, «victoire», tsé? On reste sur l’ile! Et tu fais du déni comme tu fais tes journées, Méthodiquement – – Extrait de NOS GHETTOS
NO GHETTOS capsule #1 from Karine Cousineau on Vimeo.
Un homme qui devait se rendre à la clinique et faire un petit arrêt au dépanneur, transforme sa déambulation en odyssée de la rencontre impossible. Entre l’introspection et la dérive urbaine post-moderne, le héros raconte comment il s’est buté -entre autres!- à son Gentil vieux voisin qui l’appelle «heille», à sa voisine Naine guerrière, à John le Chinois malheureux, à une Latine impassible, à une activiste du cheveu crépu, à un scalpeur de ratons, à un grand frère-portier d’église haïtienne, à une femme esseulée cherchant du savon doux et à des Congolais paranos. Son voyage quotidien et halluciné le déroute jusqu’à le faire prisonnier dans un congélateur…
Conte à trois voix où un citoyen, sa conscience et une poupée laide, confient l’urgence de se connaître soi-même pour mieux tendre la main, ce pamphlet ultra-musical pointe nos regrets et nos désirs les plus lâches. Résigné ou soulagé, le citoyen se drape dans l’individualisme tout en rêvant de collectivisme. Écartelé, il constate son immobilisme en débile presque heureux.
Condamnant à la fois l’angélisme du vivre-ensemble comme toute forme de repli sur soi, Nos ghettos pose un regard extra-lucide sur nos contradictions, nos zones de confort et nos territoires embarrassants.
texte, mise en scène et interprétation J-F Nadeau / mise en scène, interprétation, manipulation marionnette Stéfan Boucher / interprétation Olivier Landry-Gagnon / musique flone : Stéfan Boucher et Olivier Landry-Gagnon / voix Gisèle Kayembe / assistance à la mise en scène et régie Amélie-Claude Riopel / scénographie Jonas Veroff Bouchard / éclairages Mathieu Roy / costumes et accessoires Elen Ewing / photos et vidéo Geneviève Albert, Patrice Lamoureux, Steve Montpetit, Vincent Rouleau / œil extérieur Madeleine Péloquin / direction de production Camille Robillard / direction technique Martin Mantha / parole Marie-Ève Pelletier