Pour les citoyens des sociétés occidentales, la notion de développement se mesure à la richesse d’un pays et à sa puissance dans l’échiquier mondial, alors que celle de développement humain correspond davantage à un concept lié à l’épanouissement personnel et, qui comporte certains éléments très subjectifs comme le bonheur, l’amour, la reconnaissance et autres éléments que l’on trouve à proximité du sommet dans la pyramide de Maslow. Il en est cependant, tout autrement lorsqu’il s’agit du concept de développement tel que présenté par les sciences humaines.
La notion de développement
La notion de développement est un concept large. S’il est relativement facile de distinguer les pays riches des pays pauvres, les indicateurs de richesse, qui rendent compte du volume de ressources dont dispose une société, ne fournissent aucune information sur la distribution de ces ressources. Il n’est donc pas étonnant que des pays qui ont des revenus moyens similaires puissent présenter de sensibles différences lorsqu’on parle de la qualité de la vie des individus : l’accès à l’éducation et aux soins de santé, les possibilités d’emploi, la pureté de l’air, l’accès à l’eau salubre, l’absence de criminalité, etc.
Compte tenu de cela, comment détermine-t-on les pays développés et ceux qui le sont moins ? La notion générale de développement demeure donc complexe car elle englobe beaucoup trop d’éléments. C’est pourquoi, il faut délimiter certains critères précis communs à tous les pays pour en déterminer le niveau de développement. C’est la raison pour laquelle les experts ont créé l’indice de développement humain lequel sera un indicateur de développement global d’un pays.
L’indice de développement humain
On entend par développement humain, une mesure de synthèse du niveau moyen atteint dans trois dimensions clés du développement de l’être humain. Ces dimensions sont une vie longue et en santé, l’acquisition d’un niveau minimal de connaissances et finalement, un niveau de vie décent. L’indice de développement se résume donc dans le résultat de la moyenne des indices normalisés de chacune de ces trois dimensions. L’Indice de développement humain est un indice statistique créé en 1990 par le Programme des Nations unies pour le développement. Le chiffre obtenu par ces évaluations combinées est censé donner une idée de développement du pays.
Les dimensions de l’indice de développement humain
Il importe toutefois, de s’attarder à chaque dimension afin d’être en mesure de mieux saisir la complexité de l’indice de développement humain. La dimension de la santé est établie en fonction de l’espérance de vie à la naissance comprise entre les âges de 20 et 85 ans. Quant à celle de l’éducation, on la mesure au moyen du nombre d’années de scolarisation chez les adultes de 25 ans et de la durée attendue de scolarisation pour les enfants en âge de fréquenter l’école. On calcule la durée moyenne de scolarisation en fonction des données provenant des recensements, tandis que la durée attendue de scolarisation est fondée sur l’inscription par tranche d’âge à tous les niveaux d’éducation. La durée maximum de scolarisation est fixée à 18 ans et le minimum est de zéro année. Finalement, le niveau de vie est comptabilisé en fonction du revenu national brut par habitant. L’étendue du revenu minimal varie entre un revenu minimal annuel de 100 $ et un revenu maximal de 75 000 $. La valeur minimale par habitant de 100 $, est justifiée par la quantité considérable de productions de subsistance et non marchandes non mesurée dans des économies proches de la valeur minimale qui n’apparaît pas dans les données officielles.
Des éléments non considérés qui pourraient revêtir une certaine importance
L’indice de développement humain omet certains éléments qui pourraient changer notre perspective de la notion de développement. Ces éléments pourraient pourtant, s’avérer cruciaux et si on les considérait, changer le statut de certains pays, au niveau de leur développement atteint. L’inégalité des sexes serait l’un de ces éléments puisqu’il demeure un obstacle majeur au développement humain. Si depuis 1990, les femmes ont réalisé de notables progrès en la matière, l’égalité des sexes n’est pas atteinte pour autant. Les femmes sont souvent discriminées dans le monde de la santé et de l’éducation, au niveau de la représentation politique et sur le marché du travail. Ceci emporte des conséquences néfastes pour le développement de leurs capacités et leur liberté de choix. L’indice de pauvreté multidimensionnelle prend en considération les privations cumulées subies simultanément par des personnes et peut être décomposé par région, appartenance ethnique et autres groupes, ainsi que par dimension. Ceci en ferait un outil idéal pour mesurer le développement mais il est ignoré. Pourtant, il favoriserait une répartition plus efficace des ressources en permettant le ciblage des populations souffrant d’une pauvreté intense, mais aussi, de faire le suivi de l’impact des interventions politiques et d’étudier les changements au cours du temps.
L’indice de développement humain en Afrique en 2014
L’indice de développement, en Afrique, est inégal d’un pays à l’autre. Ainsi, la Tunisie arrive au premier rang en Afrique pour sa progression rapide des dernières années, en dépit de son piètre rang mondial (90ème), alors que le Niger se trouve au dernier, sur le même continent et dans le monde entier (187eme) rang au monde). C’est ce qui ressort du classement mondial, selon l’indice de développement humain, rendu public par les Nations Unies, en 2014. Ce classement se révèle plutôt prometteur pour la Tunisie qui a gagné quelques places par rapport aux années précédentes. Toutefois, malgré ses revenus provenant du pétrole, la Lybie se classe au 55eme rang mondial, en raison du fait que le pays vit dans l’anarchie, ce qui affecte grandement le développement humain.
Conclusion
En examinant les éléments ci-haut, on se rend compte que l’indice de développement humain ne reflète pas les inégalités, ni la pauvreté ou la sécurité humaine, ni l’autonomisation, entre autres. Un aperçu plus complet du niveau de développement humain d’un pays requerrait l’analyse d’autres indicateurs comme les inégalités entre les sexes, entre autres. Il importe donc de porter une attention particulière aux critères que l’on souhaite mettre en évidence avant de faire un choix définitif quant à la méthode choisie pour évaluer le développement d’un pays, ceci afin d’éviter de porte un jugement biaisé qui serait fondé uniquement sur une méthode d’analyse, qui omet des éléments qui pourraient pourtant, être cruciaux et changer le jugement que l’on porte sur la notion de développement.
Martine Dallaire, B.A.A