Le talent se confirme et la voie se fraie. Tilyuna Su touche encore en plein cœur et séduit toujours. Des textes affûtés harmonisés aux rythmes envoûtants, à la fois traditionnels et modernes, de la musique kabyle et algérienne de notre temps. S’inspirant du vécu, cette mélodieuse voix de Tilyuna Su (de son vrai nom, Chibout Souad) venait colorer à la couleur du ressenti tout ce qui prolongeait ses moments suspendus entre ses prises de conscience avant l’heure, sa rage de créer et le souhait de ne point décevoir.
Tout est parti d’un rien et du vide pour arriver, en somme, à ce qui nous charme les sens et caresse les tympans. L’attente ayant nourri de patience le quotidien et les lendemains a fait pousser des ailes à son travail, ce qui a apporté le fruit au plus haut degré de son mûrissement. Le produit tant attendu est là, plein de touches d’espoir et de teintes poétiques. « Aẓru yettrun » (Le rocher qui pleure) est le titre véhiculant dans son ensemble de multiples connotations son nouvel opus comportant treize titres. Tout est dans cette façon particulière à son auteure de creuser des sillons textuels et musicaux marquant à chaque fois les esprits, car l’honnêteté avec soi et le sérieux dans le travail mènent toujours à un travail bien fait, récompensant et honorant et son auteur et la fine oreille attentionnée, et la reconnaissance n’est entre autres que celle accueillie par l’âme qui encaisse et s’enivre.
S’inviter dans l’univers onirique de Souad Chibout, c’est bannir de son domaine ses excès et défauts en se traduisant en musique douce tout en étant de mèche avec « Igellilen n tlelli », « Yemma taḥnint-iw », « Aṭṭan ur nḥellu », et bien d’autres. Rien n’a de limite en elle, ni même sa musique entêtante et entraînante, ou encore son verbe déterminant et dominant. Du sombre à la lumière, et de la clarté à l’espoir qu’elle fait naître en chacun de nous, son talent crée du rêve en dénudant celui qui demeure mal expliqué et mal interprété.
Même si elle se heurte contre les difficultés, les normes sociales et morales, mais c’est par étapes et clairvoyance qu’elle conçoit sa philosophie sur la vie et gère son quotidien. Le monde actuel est, certes, moins prometteur par ses défauts accompagnant des désastres culturels, sociaux et écologiques, celui auquel elle nous invite rime avec le goût de vivre et l’équilibre des tendances. Tilyuna Su sait toujours ce qu’elle cherche et comment l’obtenir en consacrant son temps au temps nécessaire à une quelconque réalisation. Ce qui émane de ses textes et mélodies par leurs diversités va de pair avec ce qui émaille les prés vernaux, les visages joyeux et les espoirs harmonieux.
Mohand-Lyazid Chibout (Iris)
Tilyuna Su (Igellilen n tlelli)
Tilyuna Su (Kker ad nruḥ)