Mounia Meddour dans son film Papicha place ses projecteurs sur l’Algérie des années 90. Pendant cette période où le terrorisme avait atteint son paroxysme, les femmes frayaient un chemin pour vivre tout simplement. Au sein de la cité universitaire, de jeunes étudiantes organisent un défilé de mode. C’est le haîk, un tissu censé cacher tout le corps qui devient l’objet de l’épanouissement. Nedjma rêve de devenir styliste. Elle coud et le façonne de plusieurs modèles. Vacillant entre les diktats de la religion véhiculés par les fanatiques, les femmes bravent les interdits et refusent de se soumettre. À l’image de ce qu’a écrit Paul Valéry : « Le vent se lève !…Il faut tenter de vivre ! ». Elles chantent, dansent. Avec un sens de l’humour bien fin, elles narguent tout ce qui les brime. Les actrices Lyna Khoudri, Shirine Boutella, Amira Hilda Douaouda, Zahra Doumandi jouent brillamment leur rôle. Elles jonglent entre le drame et la comédie avec un grand talent.

Papicha, un film qui est un hymne à la vie et à l’épanouissement de la femme algérienne, secoue les esprits et explique qu’un tissu peut enfermer comme il peut se transformer en un symbole de liberté. Tout est finalement tributaire de la façon dont on approche le monde.

Lamia Bereksi Meddahi

By Lamia Bereksi Meddahi

Lamia Bereksi Meddahi est l’auteure de la première thèse de doctorat sur le dramaturge algérien Abdelkader Alloula. Elle a publié La famille disséminée, Ed/marsa, 2008, une pièce de théâtre Dialogues de sourds, Ed/L’harmattan, 2014. Elle enseigne à l’université Paris XII et se consacre à la littérature maghrébine ainsi que le théâtre dans le monde arabe. Depuis 2014, Lamia est membre de l’équipe éditoriale au journal L'initiative.

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