Entre le XVIIe et le XIXe siècle, dans les pays anglo-saxons, une discipline autre que la marche et la course à pied était très populaire, avec des courses de plusieurs jours et de plusieurs centaines de kilomètres. Cependant, le pédestrianisme a pris fin en raison de la codification des règles de forme de la marche et de son inclusion dans le mouvement de l’athlétisme amateur en tant que marche athlétique, et de la perte de l’aspect pariant qui en a résulté.
Un sport plus fatiguant que d’autres ?
Comme à chaque fois qu’il y a des Jeux olympiques, quelqu’un s’intéressera à ce sport quelque peu étrange – et certainement très fatigant, ainsi qu’à certains égards impitoyable – qu’est la marche. Un sport qui oblige ceux qui le pratiquent à parcourir de longues distances : sans courir mais sans même marcher.
Mais avant même la marche, il existait une discipline sportive qui consistait, au moins au début, en une simple et pure marche. Une discipline qui était très populaire il y a un siècle et demi dans certains pays anglo-saxons, mais qui a presque disparu avant les premiers Jeux olympiques modernes en 1896. Il s’agit de la discipline connue sous le nom de pédestrianisme : les participants étaient tenus de marcher pendant des heures, parfois même des jours.
Cette discipline a connu le succès, mais pourquoi ?
- Elle était bon marché
- Facile à organiser
- Elle attirait les jeux d’argent.
Une disparition causée par le jeu d’argent ?
Apparemment, ce sport a disparu parce qu’on a trop misé dessus, parce qu’il était trop facile de tricher et parce que les sports d’équipe et les bicyclettes, entre autres, sont arrivés.
Il semble que la pratique se soit répandue dans les îles britanniques vers le XVIIe siècle, apparemment à cause de certains aristocrates qui y pariaient là-dessus, en argent réel, bien évidemment : tout comme chez un casino en ligne ! Mais sur quoi parieient-ils ?
- Sur les capacités d’endurance
- Sur certaines distances
- Sur une certaine période de temps
Bref, il pariaient sur des valets de pied qui anticipaient, accompagnaient ou suivaient les carrosses à pied, ou qui (toujours à pied) étaient envoyés là où on avait besoin d’eux pour porter des messages.
L’intérêt pour ce sport, et les paris qui l’accompagnent, s’est étendu aux États-Unis, au Canada et à l’Australie au XIXe siècle. À la fin du XIXe siècle, le pédestrianisme a été largement supplanté par l’essor des sports-spectacles modernes et par une controverse sur les règles, ce qui a limité son attrait en tant que source de paris et a conduit à son inclusion dans le mouvement de l’athlétisme amateur et, finalement, à la création du hippodrome.
Les athlètes du pédestrianisme
Au fil du temps, les premiers athlètes – appelaient footmen – s’établissent alors, souvent dans des entreprises solitaires où, par exemple, l’objectif est de marcher 100 miles (160 kilomètres) en moins de 24 heures : ce qu’un certain Foster Powell réussit à faire en 1788.
Il semble également – mais il est difficile de le confirmer – qu’en 1809 un certain Robert Barclay Allardice ait réussi à marcher mille miles en mille heures (presque 42 jours), avec l’obstacle supplémentaire de marcher au moins un mile toutes les heures : il semble que pour se reposer, il marchait un mile au début d’un bloc de temps, puis dormait environ une heure et demie et marchait un autre mile avant la fin du bloc de temps suivant.
Parmi les marcheurs les plus populaires et les plus appréciés figurait Edward Payson Weston. Né en 1839 et fils de prospecteur, Weston s’était fait un nom en tant que marcheur en 1861, lorsqu’il avait parcouru en une dizaine de jours plus de 700 kilomètres de Boston à Washington, D.C., afin d’assister à la cérémonie d’investiture d’Abraham Lincoln. Apparemment, il a fait cela après avoir perdu un pari sur la victoire de Lincoln aux élections (il pensait qu’il allait le perdre). Il a d’ailleurs manqué de peu la cible et est arrivé à Washington quelques heures après la cérémonie.
Au moins, Weston s’est rendu compte qu’il était un bon marcheur et, dans le sillage d’autres grands marcheurs de compétition de l’époque, il en a fait une source de revenus. En effet, il a participé à des défis pour de l’argent, en donnant également des conférences et des cours sur les bienfaits de la marche. Il a même fait une sorte de tournée européenne, pour défier les marcheurs de l’autre côté de l’Atlantique. Il est ensuite retourné aux États-Unis pour participer à des courses sur route et sur piste.
De la marche simple à la marche de compétition
Dans la première moitié du XIXe siècle, la pratique s’est imposée, d’abord au Royaume-Uni, puis également aux États-Unis : le nombre de pratiquants a augmenté, on a commencé à organiser des compétitions entre athlètes et non plus des courses en solitaire, et les journaux ont commencé à en rendre compte.
La marche compétitive a également pu bénéficier du fait que, en raison des conséquences de la révolution industrielle, une part importante de la population a commencé à disposer d’un peu plus de temps et d’un peu plus d’argent. Seulement, les alternatives pour investir cet argent et ce temps n’étaient pas nombreuses ou, si elles existaient, elles étaient souvent trop coûteuses. Quant à l’offre de sports à suivre, ce n’est pas qu’il y en avait beaucoup : surtout pour ceux qui avaient de l’argent, mais peu.
La fin de l’argent pour miser sur le pédestrianisme
Au tournant du siècle, la fièvre de la marche commence à s’estomper. En partie parce que les règles étaient souvent confuses et les possibilités de les contourner multiples, avec de gros problèmes pour ceux qui couraient ou faisaient des paris.
Et surtout, parce que les spectateurs sportifs ont trouvé de nouvelles pratiques et activités à suivre : certaines en équipe, réservées à ceux qui en avaient les moyens, d’autres plus accessibles au reste de la population, qui s’est en grande partie passionnée pour le cyclisme.
En fait, c’est dans les années 1880 que commence à se répandre la bicyclette dite de sécurité parce qu’elle était beaucoup plus sûre que les modèles précédents, avec des pédales et une chaîne, avec deux roues de taille similaire, et avec une structure générale assez proche de celle des bicyclettes du XXe siècle. La bicyclette de sécurité a conduit à la propagation des courses de bicyclettes, tant sur route que sur piste, entre autres dans des épreuves qui duraient et durent encore (bien que de manière très différente) pendant six jours.
