Plus de 350 scientifiques appuient haut et fort les élèves et étudiants-es qui manifesteront pour le climat le 15 mars prochain. Il s’agit d’un geste sans précédent en Amérique du Nord, étant donné le devoir de réserve que plusieurs s’imposent à l’égard de telles démonstrations.
Dans une lettre publiée aujourd’hui, à l’initiative de Laure Waridel et de Dominic Champagne du Pacte pour la Transition, professeurs et chercheurs affirment sans détour qu’il est de leur responsabilité de soutenir les jeunes qui dénoncent le manque de leadership politique et économique de nos gouvernements.
“Alerter l’opinion publique quant à l’urgence d’agir pour contrer les changements climatiques est non seulement légitime de leur part, mais nécessaire. Parce que les cris d’alarme que nous avons lancés jusqu’à maintenant n’ont visiblement pas suffi et que les jeunes subiront les conséquences de notre inaction” peut-on lire dans leur lettre.
Ils rappellent aussi que pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C, il faudra réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) de près de 50% d’ici 2030. Quant aux émissions nettes de GES, elles devront être à zéro en 2050 selon les experts du GIEC. La tâche est donc colossale et il faut commencer maintenant soutiennent les chercheuses et chercheurs qui appuient les jeunes.
Récoltées en quelques jours, on compte parmi ces 359 signataires des membres de l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM ainsi que des membres de plusieurs chaires et centres de recherche comme le CIRAIG et le CIRODD. Une diversité de domaines, tel que l’intelligence artificielle, y sont notamment représentés, avec la signature de Yoshua Bengio et d’autres scientifiques d’IVADO aux côtés de David Suzuki, Catherine Potvin, Damon Matthews, etc.
Selon Laure Waridel PhD, éco-sociologue et membre du comité scientifique du Pacte pour la transition: “Cette mobilisation de la part de professeurs et de chercheurs en sciences naturelles et technologies, autant qu’en santé et en sciences sociales et en culture, témoignent du sentiment d’urgence qui les habitent. Quelle que soit leur discipline, ils se sentent interpellés.” Une majorité de signataires provient du Québec, mais aussi de l’Ontario, de la Colombie-Britanniques et d’autres provinces canadiennes.
Pour Mohamed Cheriet PhD, professeur au département de génie des systèmes à l’ETS, et futur directeur général du CIRODD: “Le Québec dispose d’expertises scientifiques dans tous les domaines, autant technologique que social, ce qui lui permettrait d’être à l’avant-garde de la mise en œuvre de la transition qui s’impose pour que la population humaine vive à l’intérieur des limites planétaires. Nous n’avons aucune bonne raison d’attendre,” soutient-il.
Tout comme le Pacte pour la transition, Lucie Sauvé PhD, professeure en sciences de l’éducation à l’UQÀM encourage la population à se joindre aux manifestations organisées par les jeunes : “Prendre la rue est parfois nécessaire pour se faire entendre. C’est aussi une autre école pour tous, celle de l’écocitoyenneté », dit-elle.
Le 15 mars, de nombreuses manifestations auront lieu au Québec s’ajoutant à plus de 530 démonstrations prévues dans plus de 59 pays le monde. Elles répondent à l’appel international lancé par Greta Thunberg et son mouvement #FridayForFuture et #ClimatStrike.
À PROPOS
LE PACTE POUR LA TRANSITION
Le « Pacte pour la transition » a été lancé en novembre 2018 avec pour objectif de répondre à l’urgence d’agir contre le réchauffement climatique et de passer de la parole aux actes, tant individuellement que collectivement. En vertu de ce pacte, les signataires s’engagent à faire leur juste part en retour de quoi ils exigent des dirigeants politiques un engagement à la hauteur de la crise annoncée par le GIEC.